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MONDIAL 2018 – Que peut espérer la Pologne ?

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Écrit par Hervé Lemeunier
Publié le 6 juin 2018, mis à jour le 11 juin 2018

Une troisième place. C’est le meilleur résultat obtenu jusqu’ici par les Polonais lors d’un Mondial de football, il y a maintenant une grosse quarantaine d'années. Une première apparition sur le podium mondial lors de l’épopée allemande de 1974 ouvrira une parenthèse idyllique d’un football polonais ultra offensif ; une seconde troisième place, obtenue face aux Bleus en 1982, la clôturera pour plusieurs décennies. Car depuis cet ultime exploit acquis un doux soir à Alicante, la Pologne traîne un peu sa misère dans la compétition reine, avec seulement quatre participations et une qualification pour les huitièmes de finale. Et le Mondial russe, qui s’ouvre désormais dans une poignée de jours, a tout du piège pour les partenaires de Robert Lewandowski. Les Aigles Blancs sont-ils capables de planer sur le toit du monde ?

 

Des « aujourd’hui » qui déchantent

 

Les Varsoviens doivent encore tenir une bonne dizaine de minutes, le temps que le match se termine, lorsqu’ils clament à l’unisson leur amour pour Robert Lewandowski. L’attaquant du Bayern Munich vient de couper la passe en retrait d’un défenseur monténégrin, avant d’aller marquer dans le but laissé vide par le gardien Danijel Petkovic. On joue la 85e du dernier match des éliminatoires du Mondial, et Lewandowski fait passer la Pologne devant : 3-2, puis 4-2 score final. C’était le 8 octobre dernier ; le soir où la Pologne s’assurait une place parmi le gratin mondial, les 32 sélections nationales qualifiées en Russie. C’était un soir de fête dans le Stadion Narodowy, qu’aucune prévision pessimiste ne venait entacher. Lewandowski finissait meilleur buteur des qualifications avec un total ahurissant et jamais vu de seize pions inscrits ; Kamil Grosicki, autre fer de lance de la sélection, retrouvait tout son panache en inscrivant deux buts en trois jours ; la Pologne terminait cinquième meilleure attaque de la campagne européenne, avait survolé son groupe et était tête de série pour le tirage de la Coupe du Monde.

 

A désormais 3 semaines du début de la compétition, le ciel s’est un peu assombri au-dessus des Aigles Blancs. D’abord, la campagne de matchs de préparation n’a pas montré de grandes améliorations. Si le sélectionneur Adam Nawałka a profité des forfaits et blessures de nombreux cadres – Lewandowski, Michał Pazdan, Łukasz Piszczek ou Arkadiusz Milik – pour obtenir un nul encourageant avec une équipe remaniée face à l’Uruguay (0-0), les défaites successives face au Mexique et au Nigéria interpellent (0-1 à chaque fois). La Pologne semble marquer le coup face à des rivaux plus faibles sur le papier, le tout sans même parvenir à marquer. Et Robert Lewandowski était bien sur le terrain face aux Africains … La victoire à l’arrachée (3-2) face à une Corée du Sud bien fébrile n’a ensuite en rien rassuré les troupes : les deux buts tardifs des Sud-Coréens ont révélé une certaine friabilité de l’arrière-garde polonaise, sur courant alternatif depuis le début des qualifications. Etonnant, au vu du CV respectif des Kamil Glik, Pazdan et autre Piszczek. Mais déjà, la Pologne n’a plus le temps, et doit désormais se rendre en terres russes avec des affirmations sereines transformées en questions angoissantes : l’attaque blanche et rouge est-elle dépendante de Lewandowski ? Ce dernier sera-t-il en forme chez le voisin eurasiatique, lui qui sort d’une nouvelle saison sans doublure et avait déjà énormément déçu à l’Euro 2016 ? La défense polonaise va-t-elle enfin regagner en régularité ? Les jeunes pousses, qui n’ont pas su se mettre en valeur cette année, seront-elles au niveau d’une telle compétition ?

 

Une chose est sûre : Adam Nawałka n’avait pas besoin de ces interrogations pour broyer du noir. Car la principale ombre au tableau, c’est bien le parcours imposé aux bialo czerwoni, qui a tout l’air d’un vilain champ de mines.

 

Une poule dodue, un ogre et un épouvantail

 

Gary Lineker et consorts n’ont pas eu la main légère avec la Pologne lors du tirage au sort au Kremlin. En tapant la Colombie, le Sénégal et le Japon, la Pologne a hérité de ce qui doit être la poule la plus homogène de la compétition. Certes, le Japon paraît un peu en-dessous, incapable de garder sa cage inviolée et emmené par un Shinji Kagawa fragile physiquement et un Shinji Okazaki encore muet devant les cages en 2018. Le Sénégal et la Colombie, eux, feront en revanche bien plus que de la simple figuration. Avec le roc défensif de Naples Kalidou Koulibaly, l’inoxydable Idrissa Gueye d’Everton et le feu follet de Liverpool Sadio Mané, les Lions de la Terranga ont probablement l’équipe la plus complète d’Afrique. Les Cafeteros pourront, quant à eux, compter sur le tandem défensif Sanchez-Mina très prometteur en défense centrale, ainsi que sur les stars bien connues en France James Rodriguez et Radamel Falcao. Un faux pas d’entrée de compétition face au Sénégal est donc strictement interdit pour la Pologne, sous peine de potentiellement disputer un duel des perdants face au Japon en guise de dernier match …

 

Voilà pour le scénario catastrophe. Si d’aventure la Pologne venait à s’extirper du piège, elle devrait alors être opposée à la Belgique ou à l’Angleterre en huitièmes de finale, si la logique est respectée. Avant de potentiellement retrouver l’ogre brésilien ou l’épouvantail allemand en quarts. L’avenir proche et les confrontations amicales face au Chili et à la Lituanie les 8 et 12 juin prochains informeront déjà de l’état de forme de la sélection nationale, et si elle est capable d’arriver jusqu’en quarts. En attendant, les douces nuits comme celles d’Alicante sont encore loin pour les Aigles Blancs.

 

Publié le 6 juin 2018, mis à jour le 11 juin 2018