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MÉDECINS - La fronde continue

santésanté
Pixabay
Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 30 octobre 2017, mis à jour le 6 janvier 2021

Depuis le 2 octobre, un mouvement de protestation a été lancé par un groupe de jeunes médecins d'un hôpital pédiatrique de Varsovie. En cessant de s'alimenter, ils dénoncent la faiblesse de leur rémunération, de leurs conditions de travail qu'ils jugent indécentes et des dépenses pour la santé publique, trop faibles. Depuis, la protestation s'est étendue et a vu défiler dans les rues de Varsovie, samedi 28 octobre, près d'un millier de médecins. 

En effet, le mouvement a pris de l'ampleur. Au petit groupe initial de vingt jeunes médecins se sont ajoutés tour à tour des groupes de leurs confrères dans plusieurs grandes villes, ce qui a abouti à une première manifestation le 14 octobre à Varsovie, avec un millier de medecins environ. Tous revendiquent l’augmentation du budget de la Santé publique à 6,8% du PIB d'ici à trois ans et une hausse de leur salaire, lequel s’élève actuellement pour un jeune médecin à 2088 zlotys nets, soit 485 euros par mois. « Nous voulons vivre dignement et ne pas devoir partir pour cela à l’étranger », déclare Krzysztof Halabuz, président du syndicat des jeunes médecins. Jaroslaw Kaczynski, président du parti Droit et Justice (PiS), a quant à lui déclaré que ces manifestations étaient à la solde de l'opposition, laquelle viserait à la déstabilisation du gouvernement. Une déclaration qui a suscité l'indignation des manifestants qui revendiquent l'aspect apolitique de leur protestation.

Le chef du syndicat des médecins OZZL, Krzysztof Bukiel, dénonce l'incapacité du gouvernement actuel mais aussi des précédents, depuis 1990, à régler le problème des dépenses pour la santé. Tous les gouvernements successifs, depuis la chute du communisme il y a 28 ans, ont promis des réformes qui n'ont jamais abouti à aucun résultat. Une situation qui a pour conséquence l'immigration des personnels de santé à l'étranger et de potentiels déserts médicaux futurs . En Allemagne, par exemple, un jeune médecin polonais est payé 2.200 euros... Une concurrence qui génère aujourd'hui un manque de personnel en Pologne et qui de surcroît, accentue un autre fléau: le développement des dessous de table, donc de la corruption pour se retrouver en haut d'une liste d’attente... 

Mercredi, il étaient de nouveau près d'un millier à battre le pavé à Varsovie et de nombreux médecins – jeunes internes et spécialistes – de la région de Cracovie, ont pris une journée de congé pour manifester leur solidarité, sous le mot d'ordre « Un jour sans médecin ». Ils avaient informé les patients de leur arrêt d'activité et fixé de nouveaux rendez-vous à une date rapprochée. Ce qui n'a pas empêché Konstanty Radziwill, ministre de la Santé, de condamner cette initiative dénonçant « les irresponsables qui appellent à violer l'éthique médicale et la loi ». « Il ne faut pas jouer avec la santé et la vie des patients », a-t-il déclaré sur la chaîne TVP1. 

Selon un sondage de l'institut Ibris pour le quotidien Rzeczpospolita, les causes défendues par les grévistes sont soutenues par une majorité des Polonais: 63% des personnes interrogées se sont déclarées en faveur du mouvement des internes. 

 

lepetitjournal.com varsovie
Publié le 30 octobre 2017, mis à jour le 6 janvier 2021