La Pologne a fêté ce samedi le 99ème anniversaire du recouvrement de l’Indépendance. Les cérémonies officielles ont été suivies par une « Marche de l’Indépendance » à Varsovie, qui a réuni 60 000 personnes, et par une course à pied à laquelle 18 000 Polonais ont participé. 6000 policiers étaient mobilisés à cette occasion et pour cause : les ultranationalistes, comme chaque année, étaient de la partie.
Des commémorations officielles sous le signe du patriotisme…
Dans son discours, prononcé devant la Tombe du Soldat Inconnu, le Président Andrzej Duda a cité les noms des pères fondateurs de l’Indépendance polonaise : Józef Piłsudski, Roman Dmowski, Ignacy Paderewski, en soulignant qu’en dépit des divergences d’idées et de convictions de ces derniers, ils se respectaient mutuellement. Il a également déclaré que « Le plus important, est l'attachement à notre patrie, à notre peuple. Cela devrait se placer au-dessus de tout : de nos divisions idéologiques, de nos différentes opinions politiques. »
Le président du PiS, Jarosław Kaczyński, qui a déposé la veille une gerbe devant la Tombe du Soldat Inconnu au nom de son parti, a harangué la foule pour sa part avec les propos suivants : « rejetons la pédagogie de la honte, rejetons la soumission. Nous marchons vers une Pologne qui pourra dire qu'elle est un Etat fier, indépendant, fort ». A Cracovie, où le PiS a organisé ses commémorations patriotiques, Jarosław Kaczyński est revenu sur le sujet des réparations de guerre. « Les Français ont reçu une indemnisation pour les pertes subies lors de la Seconde Guerre mondiale, les Juifs et d’autres nations aussi. Les Polonais non. Et accepter ce fait est le reflet d’une « micro manie » nationale, ce complexe qui nous a été imputé et qu’il faut rejeter. Il s’agit là non seulement d’une question matérielle, mais il en va aussi de notre statut, de notre honneur », a-t-il martelé.
Donald Tusk, invité aux commémorations en tant que représentant européen, alors que les relations entre Varsovie et Bruxelles traversent une période de crise, a fait l’objet de sifflements. S'adressant aux médias à l'aéroport de Varsovie , il a déclaré que « la Fête de l’Indépendance était la fête de tous les Polonais et non d’un seul parti ».
… et une Marche de l’Indépendance sous le signe d’un ultranationalisme
Quant à la marche dans la capitale, elle a été dominée par des mouvements tels que le Camp national-radical (ONR) ou la Jeunesse polonaise (MW) qui brandissaient les slogans ouvertement anti-européens, et xénophobes : « Nous voulons Dieu », « L’Europe blanche », « Tous égaux, tous blancs », « Honnie soit la gauche », « Foutez le camp avec vos réfugiés ». Vêtus de noir, ils ont marché en rangs serrés sous une forêt de drapeaux blanc et rouge, au son d'explosions de pétards et de fumées colorées de torches fumigènes. Parmi les invités d’honneur de la marche, se trouvaient les leaders des mouvements fascistes d’Italie, de Hongrie, de Slovaquie et de Grande-Bretagne.
Mais faisaient également partie des manifestants des Polonais sans aucune motivation politique pour qui cette fête était l’occasion de montrer leur fierté d’être polonais. 45 personnes de l’Association « Obywatele RP » (Citoyens de la République) qui ont voulu bloquer la marche en scandant « À bas le fascisme », ont été arrêtées par la police et relâchées après quelques heures.
Interrogé sur les slogans racistes, brandis au cours de la marche, le Gouvernement (ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères) a répondu qu’il s’agissait d’« un élément secondaire à condamner », voire à examiner par le Parquet. Pour le Gouvernement, la marche a été avant tout « l’expression du patriotisme des Polonais réunis autour de l’idée de la liberté et de l’Indépendance ».
La Rédaction (lepetitjournal.com/Varsovie) – Jeudi 12 octobre 2017
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