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CDM 2018 POLOGNE-COLOMBIE (0-3) – Пока-пока Польша !

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Écrit par Hervé Lemeunier
Publié le 25 juin 2018, mis à jour le 25 juin 2018

« Le match va confirmer que nous sommes très bien préparés sur tous les points, que nous n'avons pas oublié comment jouer au football et que la défaite contre le Sénégal (1-2) n'est pas une tragédie. »

Trois constats, trois échecs : Adam Nawałka a pu comprendre ce dimanche soir qu’il existait une différence entre un discours et son application. Et quelle différence de taille, en ce qui concerne l’équipe de Pologne, défaite pour la deuxième fois en deux matches face à la Colombie (3-0), et déjà éliminée de la Coupe du Monde. La Pologne n’a jamais su rentrer dans sa compétition. La Pologne n’a pas pris la mesure d’équipes à sa portée sur le papier. La Pologne finira dernière de son groupe, qu’importe un sursaut d’orgueil face au Japon vendredi, totalement improbable à la vue de la prestation dramatique de ses joueurs. En Pologne, les tragédies ne font que deux actes.

 

La Zurek ratée

 

« Ca sent l’élimination pour la Pologne, c’est la soupe à la grimace ! » Il est 21h34, et ce renard de Christian Jeanpierre a encore une fois tout compris avant tout le monde. Il ne reste alors qu’une vingtaine de minutes à jouer sur la pelouse de Kazan, et Radamel Falcao vient de crucifier Wojciech Szczesny, battu pour la deuxième fois de la soirée. Les Aigles avaient chuté il y a cinq jours à Moscou. Cette fois-ci, ils se sont littéralement écrasés. Les Polonais ont fait semblant d’être des footballeurs pendant 100 minutes, temps additionnel compris. Le problème, c’est que la Colombie n’a mis qu’un quart d’heure à capter la supercherie. Un quart d’heure où les Cafeteros n’osent pas monter sur des défenseurs polonais pourtant bien fébriles : la peur d’une contre-attaque polonaise fulgurante ? Probablement. Mais une fois réalisés le vide abyssal de technique et le nombre incalculable de passes ratées polonaises, les Colombiens ont pu sourire un bon coup : ce n’est pas non plus ce soir que la Pologne va montrer de l’honneur et du beau jeu. Plus entrepreneurs, plus joueurs, plus tout, Juan Cuadrado et consorts sont récompensés à la demi-heure de jeu. Laissé seul par Maciej Rybus, James Rodriguez centre pour la tête victorieuse de Yerry Mina. Szczesny est collé à son poteau, Michał Pazdan fait un saut de cabri inutile devant sa ligne et les supporters Polonais ne peuvent que constater les dégâts. La Colombie ouvre son compteur et le stade acquis à sa cause chavire, de bonheur. Le navire polonais aussi, mais d’impuissance et sans que personne du côté du banc de touche ne semble s’en soucier. Nawałka ne s’embête pas à changer ni ses joueurs, ni son système de jeu pour la seconde période. Génie incompris, diront les derniers fidèles. Si toutefois il y en a encore.

 

Pas de miracle, mais une humiliation

 

Ce sont ces mêmes fidèles qui, entre deux bières englouties à la mi-temps, souhaitent entretenir l’espoir : la Pologne peut-elle renverser le match, sortir la tête du seau en deuxième période et imiter son glorieux voisin allemand de la veille ? Tuons le suspense : bien sûr que non. Se contenter de ne rien changer quand ça ne marche pas et de prier pour des miracles ne suffit pas. Pas dans un Mondial. Et même s’il y avait un Dieu du foot, il n’aurait aucune envie de sauver ces Polonais-là du naufrage. Disons-le : le jeu proposé est moche, l’envie est à peine perceptible, et la Pologne ne recevra qu’un seul trophée à son départ de Moscou : celui de plus grosse erreur de casting du Mondial.

 

Au retour des vestiaires, la Pologne tente de prendre le jeu à son compte en campant dans la moitié de terrain colombienne. Paradoxe : le portier Diego Ospina essuiera plus les crampons des attaquants polonais que leurs tirs. Car avant que Lewandowski n’expédie un missile brillamment détourné par Ospina (88e), la plus grande alerte sur la cage sud-américaine est un choc frontal entre Ospina et Lewy (60e). Le bilan est mince, pour ne pas dire maigre à faire peur. De l’autre côté du terrain, Falcao et Cuadrado sauvent le football en étant à la conclusion de deux superbes contres (70e et 75e). La Colombie est redoutable d’efficacité et fait parler son beau jeu collectif. Tout ce qui fait défaut à la Pologne, donc. Que peut répondre Nawałka à cette leçon de football ? Simple : faire rentrer Kamil Glik, défenseur de son état, à dix minutes de la fin et alors que la Pologne est menée 3-0 et doit s’imposer. Comme ça c’est sûr, plus personne ne pouvait encore y croire.

 

La Pologne finit son match, symboliquement, par essuyer les « olé » d’un public moqueur, alors que les Cafeteros confisquent le ballon dans un exercice de « passes à 10 » en pleine moitié de terrain polonaise. C’est ridicule, c’est lamentable. En à peine cinq jours de compétition, la Pologne tire déjà le rideau sur Moscou. Exit Lewandowski, toujours incapable de planter en compétition. Exit Szczesny, Pazdan et Piszczek, fébriles défensivement et qui ont pris la bagatelle de cinq pions en deux matches. Exit Krychowiak et Góralski, qui cumulent à eux deux plus de déchets que le Sixième Continent. Exit la Pologne. Mais qui, même au pays, pourrait bien regretter tout ce beau monde ?