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CDM 2018 – La Pologne tombe d’entrée face au Sénégal (1-2)

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Écrit par Hervé Lemeunier
Publié le 20 juin 2018, mis à jour le 18 février 2021

La Pologne attendait ce moment depuis douze ans. Douze ans déjà que le pays n’avait plus connu un match de Coupe du Monde. Voilà qui est fait désormais, mais de quelle piteuse manière : sans rien montrer dans le jeu, les Polonais se sont fait cueillir par des Sénégalais joueurs et appliqués en contres (1-2). La prochaine confrontation des Aigles, dimanche, face à des Colombiens revanchards après leur défaite inattendue contre le Japon, aura déjà des airs de dernière chance. Et ce n’est pas le rythme imposé par les Polonais à Moscou, leur possession stérile ou leur absence totale d’allant offensif qui rassurera leur sélectionneur Adam Nawałka.

 

Les Lions bouffent de l’Aigle

 

Quand on a déjà attendu douze ans pour voir sa sélection fouler une pelouse en juin d’une année de Coupe du Monde, la logique voudrait que l’on ne soit pas trop regardant sur le résultat. Après tout, la Pologne n’a remporté aucuns de ses matches d’ouverture d’une Coupe du Monde depuis sa troisième place lors du Mondial allemand de 1974. Mais tout de même. La Pologne et ses supporters tous de blanc et rouge vêtus espéraient mieux, beaucoup mieux. Le Sénégal s’avance d’entrée comme un gros morceau ; soit. Les Lions de la Terranga sont les derniers représentants africains à pouvoir sauver l’honneur du continent, après le zéro pointé du Nigeria, du Maroc et de la Tunisie ; bien. Très bien, tout cela. Mais ça ne peut pas totalement expliquer la défaillance collective des Blancs et Rouges. Parce que ce soir, les copains de Robert Lewandowski n’ont rien montré, si ce n’est un manque cruel d’idées en attaque et des déboires défensifs indignes d’une compétition internationale.

 

Mais le vrai drame commence bien avant le match. Car si la Pologne a joué le taureau pris au piège dans une arène pourtant acquise à sa cause pendant 90 minutes, la mise à mort a été déclarée par son sélectionneur lui même lors de l’annonce de la composition. Un 4-4-2 absolument inédit et dangereusement offensif, quand le 3-4-3 avait semblé reprendre de si belles couleurs face à la Lituanie quelques jours plus tôt. Pas une idée de génie, à la vue des flèches sénégalaises qui ont progressivement lancé les premières cartouches offensives de la partie, timides et à blanc, mais bien réelles. Une première alerte signée Sadio Mané (10e), une percée d’Ismaïla Sarr cinq minutes plus tard et un tir non-cadré de M’Baye Niang (20e) mettent le feu dans la surface biało-czerwoni. Et à force de jouer avec le feu, on fini par se cramer. Au bout d’une énième contre-attaque éclaire des Lions de la Terranga menée par le même Niang, un Idrissa Gueye bien seul à une vingtaine de mètres arme une frappe, contrée par Thiago Cionek himself. Le Polonais inscrira le premier but du match, mais au grand dam de son gardien Wojciech Szczesny et de tout un peuple qui braillait « Polska Biało-czerwoni » dans les bars du pays, c’est dans ses propres filets qu’il l’inscrit.

 

 

Douze ans de sommeil, quatre-vingt dix minutes de coma

 

La fameuse générosité polonaise sera définitivement à l’honneur tout au long de la soirée, puisque l’arrière-garde polonaise offrira un deuxième but à son adversaire au retour des vestiaires. Si bon pendant les matches de préparation, Grzegorz Krychowiak a probablement fait couler des larmes, de tristesse en Pologne mais de rire partout ailleurs, en balançant une balle en cloche approximative à un Szczesny curieusement très éloigné de ses cages. M’Baye Niang profite de la passivité défensive ridicule de la Pologne pour aller mettre définitivement les siens à l’abri (61e). Krychowiak tentera, en vain, de se faire pardonner en catapultant une tête rageuse dans les buts gardés par Ndiaye à cinq minutes du terme. Las, c’est trop tard, et surtout bien trop peu pour espérer obtenir le moindre point dans un Mondial. Car, à part ce coup-franc victorieux, que peut-on retenir de la prestation offensive des hommes en blancs ? La réponse est simple, et elle tient en quatre lettres : rien. Le néant. Robert Lewandowski, si inefficace lors de l’Euro 2016 avec un seul pion au compteur, n’a rien montré dans le jeu. A peine a-t-il fait passer un frisson dans le stade moscovite sur un autre coup de pied arrêté, tiré directement par l’artificier bavarois (51e). Le reste ? Une demi volée complètement ratée à la vingt-troisième minute de jeu. Et que dire de son acolyte Arkadiusz Milik, toujours aussi inefficace en sélection et qui s’est même permis le luxe de sortir prématurément sous les sifflets d’un public russe pourtant peu exigeant ? Sans idées, sans combinaisons, sans mouvement, et, osons-le, sans envie ni même passes dignes de ce nom, la Pologne ne méritait pas mieux qu’une vilaine correction. Ça tombe bien, finalement, puisque c’est ce que de réalistes et dominateurs Sénégalais lui ont administré. Désormais, il ne reste plus qu’à voir si la sélection polonaise a du caractère. C’est en tout cas le minimum nécessaire pour qu’elle puisse espérer obtenir quelque chose au prochain match, face à une Colombie défaite face au Japon (1-2) et certainement revancharde. Autrement, la Pologne pourrait déjà tirer le rideau du rêve russe. Douze ans d’attente pour ça, donc.

 

 

 

 

 

 

 

Publié le 20 juin 2018, mis à jour le 18 février 2021