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MEDIAPART – Le journal en ligne d’Edwy Plenel s’associe à l’Espagnol InfoLibre

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 6 décembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

Alors qu'une nouvelle fois Mediapart fait polémique, avec les informations divulguées sur les comptes du ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac, Edwy Plenel était cette semaine à Madrid pour présenter son manifeste, "Combat pour une presse libre", traduit en espagnol. Il a également officialisé la collaboration entre Mediapart et InfoLibre, journal espagnol indépendant récemment créé, dont les publications seront disponibles en versions numérique et papier.

C'est au second étage de la librairie "La Central", à Madrid, que se sont réunis mardi Edwy Plenel, Jesus Maraña, fondateur d'infoLibre, et Daniel Fernandez, éditeur chez Edhasa, la maison d'édition qui publie "Combat pour une presse libre" en Espagne. Tous trois militent en faveur d'une alternative au journalisme actuel, miné par une triple crise économique, démocratique et morale : le journalisme indépendant.

"Le journalisme ne s'en sortira pas s'il ne se rend pas compte qu'il est en crise"
Le combat qu'entend mener le président de Mediapart se dirige contre "les immenses bouleversements que subit le métier". Devant un public majoritairement espagnol, il n'hésite pas à citer la crise qui touche le quotidien El Pais, ou encore les licenciements dans la télévision publique espagnole. Sans oublier d'élargir ce constat au niveau international, citant tour à tour la fermeture de deux quotidiens allemands, les problèmes rencontrés par la presse suisse, et concluant avec les licenciements au sein du New York Times. "Dans ce contexte, le journalisme ne s'en sortira pas s'il ne se rend pas compte de cette fatalité", analyse-t-il. Accepter cette situation critique, et en comprendre les causes pour mieux la surmonter : c'est l'attitude à adopter selon Plenel. Et de citer le poète espagnol Antonio Machado : "No hay camino, se hace camino al andar?. Comprenez : ?Le chemin n'est pas tracé, chacun construit sa voie?. Une idée qui résume parfaitement la démarche de l'ancien directeur du Monde, lui qui se refuse à rester spectateur d'une situation qu'il ne veut pas subir.

"Défendre la presse, c'est défendre une alliance entre tradition et modernité"
Cette attitude, ce "combat", c'est d'abord pour les citoyens qu'il le mène : "Nous, journalistes, avons une responsabilité démocratique envers les citoyens. Notre devoir est de favoriser leur liberté et leur autonomie. C'est le seul moyen de regagner leur confiance". Et la meilleure façon de participer à la liberté et à l'autonomie des citoyens, c'est en leur transmettant l'information, la vraie. Pas celle des "médias". Selon Edwy Plenel, il y a une opposition entre "la presse" et "les médias". Quand la première a le devoir de mettre "l'information" au c?ur de sa mission, les seconds placent "le divertissement" au centre de leur projet. Pour contrer ce dangereux virage pris par le journalisme, la solution proposée par Plenel se trouve dans une alliance entre "la tradition" et "la modernité" : "Défendre la presse, c'est défendre le meilleur de la tradition au sein-même de la modernité". En clair, il faut continuer à privilégier l'indépendance de la presse, la qualité de la plume et l'investigation comme leitmotiv ; tout en se servant des possibilités qu'offre le web : faible coût de production, participation des citoyens, publication d'un contenu multimédia (photos, vidéos, son) et disponibilité partout dans le monde, à condition d'avoir Internet. Une adaptation aux évolutions de son temps, sans céder aux pressions extérieures du milieu, voilà l'idée que Plenel se fait du journalisme du XXIème siècle.

Qui sont les ennemis du journalisme indépendant ?
Les ennemis de cette certaine idée du journalisme, il les a identifiés, et classés en trois catégories : le "journalisme de gouvernement", la "presse d'industrie" et la "société fiction". En premier lieu, l'invité du jour tacle cette presse qui est à la botte du gouvernement, enfermée dans le carcan des idées de ceux qui sont au pouvoir, simple porte-parole des gouvernants. Puis il s'en prend à l'intrusion des logiques économiques dans la presse par le biais de grands groupes fortunés : l'armement, le luxe, le bâtiment? faisant une référence implicite à Serge Dassault et au Figaro, Bernard Arnault et Les Echos, Martin Bouygues et TF1. Il dénonce ce mélange des genres, soulignant que les intérêts de ces grands patrons ne sont pas toujours en accord avec les groupes qu'ils détiennent. Enfin, il exprime son désaccord avec "la société du spectacle", reprenant l'expression de Guy Debord, société dans laquelle prédominent des logiques d'apparence et d'émotion, la réalité et la recherche de la vérité devenant secondaire.  

Malgré ses convictions intimement assumées, Edwy Plenel a toujours eu un doute : "Mediapart, est-ce une exception française ?" Grâce à l'avènement d'infoLibre, il peut enfin répondre que non. La collaboration de ces chantres du journalisme indépendant devrait en inspirer plus d'un. Le président de Mediapart nous a même glissé avoir reçu des appels venant d'Allemagne, tandis qu'infoLibre a suscité l'intérêt de collègues italiens.

Texte et photos Arnaud ROY (www.lepetitjournal.com - Espagne)  Jeudi 6 décembre 2012

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Publié le 6 décembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

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