INTEMPERIES - Bilan très lourd pour Valence et sa région

Après le feu, l´eau. La région n´avait vraiment pas besoin de cela, ou alors peut être 5 jours plus tôt, en lieu et place du vent qui attisait le feu qui ravageaient les alentours de Valence au lieu de l´éteindre, compliquant sensiblement l´intervention des secours. Mais la gota fría en a décidé autrement, et elle a frappé dans la nuit de vendredi à samedi, dévastant à son tour la région, faisant des morts, de nombreuses victimes et des dégâts considérables

(Champs de limoniers inondés / Photo lepetitjournal.com)

La "gota fría", phénomène climatique typique de l´automne
Il est tombé en quelques heures en Andalousie, l´équivalent d´une année de pluie. Après avoir fait 6 morts à Málaga, les pluies diluviennes qui se sont abattues vendredi 28 septembre sur le sud de l´Espagne sont remontées progressivement vers le nord-est, longeant les côtes, faisant de nouvelles victimes sur leur passage. Une fillette de 9 ans est décédée, deux hommes sont morts à Murcie, 3 à Alméría, 1 autre est porté disparu ; la liste démontre l´ampleur du drame.
Cette année, la gota fría (goutte froide), a décidé de frapper dès le début de l´automne. La tornade qui a traversé la région a été d´une grande violence avec des pluies diluviennes, des éclairs qui sans relâche illuminaient comme en plein jour, et de violentes rafales de vents. Ce cocktail explosif est donc le résultat d´un phénomène climatique provoqué par la différence de température de la mer entre la fin de l´été et l´automne. Aussi, avec l´été qui vient de s´achever, le plus chaud depuis 40 ans, pas étonnant qu´avec l´arrivée de l´automne l´intensité de ce phénomène ait redoublé. A été exceptionnel, gota fría exceptionnelle : Plus de 200 litres d´eau par m²  sont tombés en l´espace de deux heures, alors qu´il n´en est tombé que 0,2l/m² (contre 19l habituellement) pour tout l´été. Cependant, si sa violence était prévisible, sa ponctualité peut surprendre.

Une situation de chaos
La région a été touchée sur plusieurs centaines de kilomètres, entrainant la coupure des routes, l´effondrement de deux ponts et la fermeture des ports de Valence et de Sagunto. Deux navires se sont échoués sur la plage del Saler, à l´entrée de Valence. Le nouveau terminal de l´aéroport valencien à Manises a été inondé, provoquant l´annulation de 3 vols et le détournement de deux autres vers Alicante. Le réseau ferroviaire n´a pas été épargné. La circulation des trains a, elle aussi, été largement ralentie.
226 l /m² tombés en 4 heures à Quart de Poblet, située à moins de 5 km de Valence : c'est la plus grande mesure relevée. Plusieurs villes de la banlieue proche de Valence ont en effet été inondées. Comme par exemple à Paterna où des véhicules flottaient dans les rues, ou à l´Eliana où des habitants s´étaient réfugiés sur le toit de leur maison. A 21h30 précises, 1.054 appels ont été répertoriés vers le centre de coordination des urgences. Devant l´affluence des appels qui ont perduré ainsi jusqu´à plus de deux heures du matin, les pompiers évaluaient la situation, et se rendaient en priorité là où il y avait danger de mort. Des centaines de personnes ont été évacuées et des arbres arrachés. Jusqu´à dimanche, les routes CV31 à Paterna, la N-220 à Manises, la route de Lliria CV-35, celles de Burjassot et de la Pobla de Vallbona, sont restées impraticables.
Le centre ville, avec des précipitations à hauteur de 80l d´eau par mètre carré, a également subi de sérieuses avaries. En effet, en plus des dizaines de rues inondées, toutes les voies principales d´accès à la ville, ont été purement et simplement fermées.

Un bilan très lourd
Sans les mettre au même niveau, les bilans humain et économique sont très importants. Le nombre de victimes humaines s´élève à une dizaine de morts et plusieurs blessés, légers pour la plupart. On déplore également des personnes traumatisées par l´inondation de leur habitation ou prises au piège dans leur véhicule transformé en embarcation maritime.
Au-delà de ces tragédies, il est impossible de faire abstraction des nouvelles conséquences économiques qui vont découler de ce nouveau drame. D´aucun diront que le sort semble s´acharner sur une région magnifique, aux richesses naturelles et agricoles indéniables. Mais ces ressources sont régulièrement mises à mal, provoquant des pertes sèches pour toute la région et ses habitants. Après les incendies de l´été qui ont provoqué la destruction de 850 hectares de terres cultivables, sur les milliers d´hectares inondés, ce sont environ 400 hectares de terres agricoles de plus, qui ont été anéanties ce weekend.

Cécile PANISSAL (www.lepetitjournal.com- Espagne) Lundi 1er octobre 2012