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INSTITUT FRANCAIS – Maria Santos-Sainz "Nous devons apprendre de Camus"

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 20 février 2017, mis à jour le 20 février 2017

Maria Santos-Sainz est maître de conférence à l'Université de Bordeaux Montaigne et a également dirigé l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine. Il y a quelques mois sortait son livre « Albert Camus, periodista » dans lequel elle nous parle de ce côté de Camus assez méconnu et pourtant très intéressant. Elle sera présente ce mardi 21 février, à l'Institut Français à l'occasion d'un café littéraire à propos de son livre. Lepetitjournal Valence n'a pas attendu pour lui poser quelques questions.

LePetitJournalValence : Votre ouvrage met en avant une face méconnu d'Albert Camus, le journaliste. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Maria Santos-Sainz : "Camus a été modelé par la presse. On le connaît surtout pour son côté écrivain, philosophe ou encore écrivain de théâtre, mais en fait Camus a d'abord été journaliste. A 25 ans, alors que la plupart de ses camarades étaient encore en stage, lui travaillait déjà pour le journal Alger Républicain. Il s'occupa d'abord des faits divers et évolua rapidement sur des articles de fond. Camus était un homme engagé, contre la colonisation et pour la justice. C'est d'ailleurs cela qui l'a poussé à devenir un véritable journaliste/reporter. Il tenait une chronique judiciaire à partir des condamnations injustes. Dénoncer les injustices lui a toujours tenu à c?ur. L'affaire Hodent est un parfait exemple. Un commis de ferme est jugé à tord de corruption. Albert Camus enquête sur cette affaire, va sur le terrain, trouve de nouvelles preuves, fait une lettre au gouverneur et permet la libération de cet homme. Je compare souvent cette affaire au « J'accuse » de Zola. Camus était un journaliste moral, en faveur des plus faibles, profondément humaniste. Il voulait éveiller les consciences. "

Albert Camus était très attaché à l'indépendance de la presse, que pensez-vous de la liberté de la presse à cette époque et aujourd'hui ?

"A l'époque la censure était surtout militaire mais cela ne l'a pas empêché d'écrire. Nous devons apprendre de Camus. Il s'est battu malgré les difficultés. Il a toujours cherché à dire la vérité. Ce livre est un véritable manuel pour les jeunes journalistes. Aujourd'hui la censure est différente. Évidemment, le fait que la plupart des journaux appartient à de grands groupes pose problème et les journalistes pratiquent maintenant de l'auto-censure. Quand le journal est détenu par un groupe télécom ou par une entreprise d'armement, on ne peut pas parler de tous les sujets."

Justement, Edwy Plenel signe la préface de votre livre, pouvez-vous nous expliquer pourquoi lui ?

"Il a un sens du journalisme qui découle directement de Camus. Il pratique un journalisme qui rend service à la démocratie. Médiapart est totalement indépendant. Les nouvelles technologies et les nouveaux supports ont changé la donne. La presse de référence a eu du mal à s'adapter C'est important d'avoir des journaux qui gardent leur indépendance car ils sont garants de la démocratie et Edwy Plenel en fait parti."

Maria Santos-Sainz

Albert Camus aimait l'Espagne. Quelle était sa relation avec ce pays ?

"Tout d'abord il avait des origines espagnoles par sa mère. Chez lui on parlait un mélange de castillan et de dialecte de Minorque. Il avait également beaucoup d'amis espagnols ainsi que son grand amour Maria Casarès. Il avait surtout une grande attirance pour l'Espagne du point de vue idéologique. Il a toujours été très fidèle à la République espagnole, aux républicains et aux anarchistes. Il est d'ailleurs un modèle de réussite grâce à l'école républicaine."

Maria Santos-Sainz. Albert Camus, periodista : de reportero en Argel a editorialista en Paris; 336 pages. Préfacé par Edwy Plenel, Editions Libros.com, octobre 2016.

Rendez-vous mardi 21 février 2017 à 19h30.
Institut Français de Valence
C/ Moro Zeit, 6
46001 Valencia

Propos recueillis par Charlotte GUEST (lepetitjournal.com/valence) Mardi 21 février 2017 
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Publié le 20 février 2017, mis à jour le 20 février 2017

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