Le programme FLAM, français langue maternelle, est une aventure dans laquelle se trouvent embarquées les familles qui décident d'inscrire leurs enfants. Une barque gouvernée par le groupe d'enseignantes qui ont relevé le défi. Antoinette Luzza, animatrice Flam depuis la création de l'association à Turin, témoigne.
Lorsque je pense à FLAM, je me souviens de ce jour d'été 2011 où, au détour d'une rue en sortant de chez moi, par un heureux hasard, je croisai Christine (notre présidente) qui me raconta son projet. L'expression "faire du français ludique" suscita immédiatement mon intérêt et réveilla en moi toutes les cordes que j'avais à mon arc : peinture, dessin, chant, théâtre. Je me voyais déjà artiste, metteur en scène, chef d'orchestre mais surtout prête à m'engager dans une nouvelle aventure et à faire de nouvelle rencontres. Enfin, pensai-je, une école où l'on peut apprendre en s'amusant, sans notes, sans tension, ni compétitions. Et pour nous "animatrices", car pris au sens étymologique (animer signifie "être encouragé à, donner la vie"), ce terme décrit bien l'objectif de Flam : tout était à inventer, à créer. Il ne s'agissait ni de faire du FLE (français langues étrangères, NDR), ni de refaire le programme des écoles françaises ; il fallait permettre aux enfants turinois bilingues car binationaux de conserver la pratique de leur langue maternelle et le lien avec la culture française dans un contexte extrascolaire.
Flam, le plaisir d'apprendre et de progresser
Parents, soyez rassurés, la communication et le langage oral, le bain culturel, les poésies, la dictée, les jeux de rôle, la Grammaire, rien n'y manque. Avec en supplément un examen très sérieux, (le DELF Prim pour les 7-12 ans et le DELF scolaire pour les adolescents), Diplôme d'Études en Langue Française officiel délivré par le ministère français de l'éducation nationale qui permet de valider et de certifier des compétences en langue française, qu'ils réussissent tous brillamment.
Ici, donc, pas de tension ni de compétition liées aux notes. Pas de pression. Juste le plaisir d'apprendre et de progresser tout en accordant une grande confiance aux ressources propres de chaque élève. Mon credo : on apprend mieux en faisant qu'en écoutant. Quand on fait la dictée, rituel du début de séance, on la corrige ensemble. Les enfants découvrent en corrigeant ce qu'ils peuvent améliorer. Cela leur donne confiance en eux. Ou encore, mettre en scène une pièce de théâtre, est une véritable mise en situation qui donne plus envie de réussir : en faisant du théâtre, on soigne sa prononciation, on exerce sa mémoire, on apprend de beaux textes et on apprend la confiance en soi, où je valorise toujours ce qui a été réussi, pour reprendre ensuite avec le «flameur» ce qui peut être amélioré. C'est un encouragement à comprendre comment on travaille, pourquoi on le fait et comment on s'organise pour réussir.
J'admire également beaucoup la volonté, l'enthousiasme et la constance de nos flameurs qui, tous les samedis matins, se lèvent guidés par la curiosité "qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui?" ou, plus simplement, par la joie de se retrouver entre eux. Mon rôle est de les motiver, pour leur ouvrir l'esprit sur de nouvelles choses, pour leur faire connaître de nouveaux horizons, les guider dans leurs décisions, et parfois même changer leur vie en leur présentant de nouvelles possibilités.
Cette année, la ligne directrice du projet "Voyage au c?ur de la planète alimentation", en parallèle avec l'expo 2015, est un sujet particulièrement intéressant dans le cadre de l'éducation au développement durable. C'est un thème complexe, qui permet de nombreux liens avec d'autres thèmes du développement durable (consommation, changement climatique, déchets, ressources naturelles, biodiversité, agriculture, santé, rapports Nord-Sud) mais qui, j'ose l'espérer réveillera en chacun de nous les notions de coopération et le respect.
Flam, une association qui laisse chacun libre et responsable
Enfin, pour nous "animatrices", Flam est une association qui prend l'allure d'un support confiant, voire d'un tremplin, laissant chacune responsable et libre. De cette manière chacun fait rayonner ses qualités et ses couleurs à travers un projet, chacune peut initier librement son projet, ses idées, accompagnée avec bienveillance par le groupe, portée par les valeurs de l'association. Un projet qui s'enrichit des différences complémentaires, accueillant chaque personne comme un être magnifique venu co-créer au sein du projet.
Pour faire un beau collier, il faut des perles de toutes les couleurs ainsi qu'un fil solide. L'association représente ce fil, reliant les perles-enfants entre elles. Chaque perle est spéciale et unique, et nécessaire pour créer ce collier.
Antoinette Luzza (www.lepetitjournal.com/Turin) lundi 27 octobre 2014
L'annuaire 
