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11 NOVEMBRE – Une cérémonie émouvante au cimetière de Turin

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 11 novembre 2014, mis à jour le 11 novembre 2014

La commémoration de l'armistice de la Première Guerre mondiale, organisée par le consulat de France, a eu lieu hier, mardi 11 novembre, au Cimetière monumental de Turin. Plusieurs gerbes de fleurs, offertes par le Consulat et le Lycée français, ont été déposées devant le monument aux morts tandis que quelques lycéens se faisaient l'écho des souffrances des soldats en lisant quelques lettres de Poilus souvent à peine plus âgés qu'eux.

Madame Edith Ravaux, consule de France à Turin et à Gênes, prononce quelques mots en italien à l'attention des autorités militaires présentes à la cérémonie de commémoration pour souligner l'importance du 11 novembre à la fin de quatre années de guerre qui ont à jamais changé le visage de l'Europe. D'une voix émue, elle lit ensuite en français un passage touchant de Maurice Genevoix, mobilisé en 1914 et grièvement blessé sur le champ de bataille, auteur de récits de guerre rassemblés dans un recueil baptisé Ceux de 14.
"En ce 11 novembre 2014, le lycée a voulu s'associer à distance avec conviction et émotion aux nombreuses cérémonies du centenaire organisées en France.
Inculquer le devoir de mémoire et l'hommage à rendre aux combattants morts pour la patrie et la liberté des peuples demeure une valeur citoyenne et humaniste transmise au lycée Jean Giono.
Ainsi, une délégation du lycée composée de quatre élèves de 1ère, de deux professeurs d'histoire, Madame Correale et M. Lehmann, et du proviseur, M. Lecuit, ont participé à la commémoration organisée mardi matin à 10 heures au Cimetière Monumental de Turin par Madame la Consule Générale de France.
Trois textes de « Poilus », étudiés en classe avec leurs professeurs d'histoire, ont été lus par les lycéens devant le mémorial des victimes de guerres.
Par ailleurs, au nom du lycée Jean Giono, ils ont déposé une couronne en signe de profond respect aux valeureux combattants morts pour la France.
« Se souvenir et rendre hommage », tel est le message que le lycée se fait fort d'habiller de sens et de transmettre aux futurs citoyens du 21ème siècle dans le respect de sa mission éducative et historienne."
M. Patrice Lecuit, proviseur du lycée Jean Giono

Recueillis, les participants écoutent la voix des lycéens qui se font l'écho des souffrances des soldats de la Grande Guerre.

Le 30 mai 1917
"Léonie chérie,
Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle.
Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer."


Autre moment émouvant, la sonnerie aux morts jouée à la trompette par un militaire italien. Madame Edith Ravaux, aidée par un ancien légionnaire, dépose ensuite une deuxième gerbe devant le monument consacré aux morts étrangers de la Seconde guerre mondiale, parmi lesquels on peut lire le nom de quelques soldats français.

Un peu plus loin, devant la tombe de quelques soldats français morts en 1917 et en 1918, une dernière gerbe est déposée et une dernière lettre est lue.

"La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre.
Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront.
Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger."

Une minute de silence clôt la cérémonie.

La rédaction (www.lepetitjournal.com/Turin) mercredi 12 novembre 2014

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Publié le 11 novembre 2014, mis à jour le 11 novembre 2014

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