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ECOLOGIE - Camélia Mathlouthi : c'est le moment de reconstruire

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 31 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Camélia Mathlouthi a fondé "pour une Tunisie propre et verte" en août 2012 pour lutter contre la dégradation de l'environnement, après avoir travaillé 2 ans sur le terrain et particulièrement en milieu scolaire


Lepetitjournal.com : comment avez-vous commencé ce combat ?


Camélia Mathlouthi : Je suis Professeur d'Allemand, et j'ai toujours voulu sensibiliser mes élèves à la protection de l'environnement. En 2000, j'ai demandé à mes élèves de faire une vidéo sur la dégradation de l'environnement. Ils ont fait un travail magnifique sur la musique de Michael Jackson "earth song".
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Elle a été présentée lors de la "journée portes ouvertes de la langue allemande" au CREFOC de l'Ariana, et a remporté un grand succès.

J'ai donc continué dans ce sens et commencé à créer des ateliers, à réunir des bénévoles et à  sensibiliser les gens autour de moi avec mes propres moyens, puis j'ai créé une page facebook en 2010, le jour de la fête de l'arbre.

J'ai ensuite lancé dans mon établissement scolaire cette année "une journée de l'environnement", en collaboration avec d'autres professeurs, car je reste persuadée que c'est par l'éducation des enfants et grâce à leur créativité que nous pourrons sauvegarder notre environnement.


Vous travaillez principalement sur l'éducation des enfants ?

C'est notre action principale, mais pas la seule, loin de là.

Tout d'abord, nous allons régulièrement sur le terrain des municipalités, et nous essayons de combattre leur laxisme. Ils doivent fournir la logistique nécessaire  pour maintenir la propreté. Or malgré leur campagne publicitaire pour responsabiliser la population, ils n'ont toujours pas mis en place de poubelles municipales.

J'ai fait mon enquête auprès des éboueurs, qui pour la plupart ont des tenues de travail complètement dégradées, et au sein du dépôt de l'Ariana. Tous m'ont confirmé qu'ils n'avaient aucun budget pour renouveler le matériel ou installer de nouveaux équipements.

 

Les régions et villes touristiques comme Djerba, Carthage, la Marsa, ou Sidi Bou Saïd sont "nickel". Pourquoi entretient on seulement les endroits où passent les touristes, et où vivent les classes aisées ? tous les tunisiens n'ont ils pas droit à autant d'égards ?

Quelle est la solution alors ?



Dernièrement, le responsable du dépôt m'a confirmé avoir reçu un don de 14 millions de dinars de la part d'une banque arabe pour renouveler la logistique, et que le projet de mise en place était en cours.

Cela va, espérons-le, donner un résultat. Les citoyens tunisiens propriétaires payent une taxe annuelle pour la propreté, qui devrait suffire à couvrir l'entretien et à installer les poubelles municipales, et pourtant la situation ne fait que se dégrader. Nous devons maintenir la pression pour qu'elle soit utilisée à bon escient !

Quelles sont donc vos autres actions ?

Nous tentons d'attirer l'attention par tous les moyens, afin que le grand public se responsabilise et participe à la reconstruction.

Nous publions sur la page de "pour une Tunisie propre et verte" toutes les photos les plus scandaleuses de "décharges" qui se trouvent maintenant et surtout depuis la révolution, à tous les coins de rue, sauf dans les zones touristiques.

Ceux qui ne se sentent pas concernés refusent ce genre d'images et préfèrent rester dans une imagerie plus idyllique de la Tunisie. A mon avis, ce n'est pas cela qui fera avancer les choses, car tout le monde est concerné, c'est une question de citoyenneté et de patriotisme.

J'ai également obtenu un entretien avec la ministre concernée, Mammia El Benna, pour qu'elle soutienne notre action, et mis en ligne une pétition pour accélérer les choses, car la situation devient catastrophique dans certains quartiers.


Vous avez fait également plusieurs "happenings" ?

Oui, nous faisons régulièrement des petits "coups d'éclats" pour donner également une image positive de notre action.

J'ai publié dernièrement une photo symbolique pour alerter quant aux dérives : je me suis habillée en blanc, avec un masque et un bouquet de fleurs et j'ai posé devant l'hôpital des maladies respiratoires de l'Ariana devant lequel on n'hésite pas à déverser des déchets !

Ensuite, nous avons fait une exhibition sur les marches du Théâtre municipal : nous avons déversés des dizaines de bouteilles en plastique sur les marches, puis avons ensuite mis en scène le ramassage et le compactage pour les remettre ensuite à un collecteur qui s'est prêté au jeu. Nous avons eu de nombreux remerciements des passants, touchés par l'initiative.

Puis nous avons organisé une marche le 29 septembre devant le Ministère de l'Environnement, avec l'association Vélorution. Nos slogans "voitures no futur" "changeons l'école pour changer l'environnement" "où est la logistique ?", et l'ambiance très pacifique ont touché le public. Nous espérons maintenant que cette action touchera les institutions.


Comment est structurée votre équipe ?


Aujourd'hui je suis en train de peaufiner la structure de mon association, avec une équipe sûre de bénévoles. Il n'y a pas de hiérarchie pyramidale, mais plutôt une hiérachie en fonction des capacités de chacun. Notre site web présentera l'équipe complète d'ici 3 semaines.

Nous recherchons toujours des bénévoles mais uniquement très impliqués, avec un esprit patriotique, ce qui reste difficile.


Quelle est la spécificité de votre association ?

Notre spécialité est la sensibilisation en milieu scolaire pour leur apprendre réflexes comportementaux vis à vis de l'environnement. Nous y faisons des ateliers, suivis d'une projection courte et d'un débat

Nous sommes sur tous les fronts, extrêmement tenaces et nous ne lâcherons rien tant que nous sommes pas arrivés à notre but.

Notre page Facebook, en attendant le site, est révolutionnaire et militante.


Quelles sont vos actions aujourd'hui ?

Nous avons signé un contrat de partenariat avec l'AISSEC (IHEC verte) et nous commençons samedi prochain un projet pilote comprenant un jour de projections et de débats, et une demi journée d'atelier de recyclage : le but est de prouver que tout se transforme, et que l'on peut même tirer des oeuvres d'arts d'objets relégués.

 

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis.html) mercredi 31 octobre2012

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Publié le 31 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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