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CHRONIQUE - Femme d'expat : une vie subie ?

Écrit par Lepetitjournal Toronto
Publié le 15 février 2015, mis à jour le 13 avril 2015

L'expatriation n'est pas toujours le choix...de la compagne de l'expatrié, le plus souvent le plus gros gagne-pain à la carrière internationale prometteuse, à la poursuite d'une vie meilleure pour tous.


Cette compagne devait souvent laisser derrière elle, sa propre carrière, parents et amis qui l'aidaient à élever ses enfants dans un environnement familier aux us et coutumes tracés d'avance, pour se débattre, livrée à elle-même dans un pays inconnu, à la langue peu familière, au train-train du quotidien : déménagement, emménagement et aménagement d'un nouveau logis; trouver un bon quartier, une école, un docteur, de nouveaux amis...

Toutefois, comme le soulignait l'un de mes amis expatriés, le fait de quitter le douillet nid familial peut être positif. Il vous permet de mesurer l'envergure de vos propres ailes, loin du regard de la parenté qui, ne vous voyant pas grandir, a tendance à dire : - "Mais, tu ne peux pas faire ça !" Et pourquoi pas ? L'expatriation signifie aussi liberté de tenter de nouvelles expériences ; de se renouveler.

Une expatriée, qui suivait joyeusement son mari dans chacune de ses affectations, avec leurs 5 jeunes enfants, jouissant pleinement du fait de pouvoir élever ces bambins sans avoir à participer financièrement à leur confort, avait coutume de nous dire que "c'était le meilleur moment de sa vie !". Une belle carrière en soi que d'élever ses enfants sans soucis.

Je remonte le temps, loin dans le temps, pensant à tous les expatriés qui s'embarquaient pour de lointains pays non-défrichés, sans grand espoir de revoir jamais leurs parents et pays d'origine.

C'est avec pour seul bagage un grand coffre, contenant quelques effets personnels, que nous sommes arrivés, mon mari et moi, par bateau, à Montréal, sur une vague promesse d'emploi.

Avant la naissance de Toronto Accueil, personne n'était là pour nous guider.

Nos premiers achats furent, dans cet ordre : une machine à écrire portative, (en ce temps là, on ne parlait pas d'ordinateur, ) puis, une voiture, une tente et un canoë.

De découverte en découverte, j'ai appris souvent à mes dépens, que : Non, ici les boîtes aux lettres ne sont pas jaunes. Et ne vous y trompez pas, les boîtes rouges ne sont pas des poubelles! Les 'nurseries', pour la plupart à la campagne, ne sont pas des jardins d'enfants, mais des pépinières, où sont élevés et vendus plantes et arbustes. Les pâtisseries françaises n'étaient pas très nombreuses et le pain-baguette ne se trouvait pas facilement. Il y avait sur la rue Front, un boulanger qui fabriquait une cinquantaine de baguettes chaque matin. Si vous arriviez trop tôt, elles n'étaient pas sorties du four, trop tard, elles étaient toutes vendues ! Une hôtesse de l'air de ma connaissance, revenant régulièrement de Paris avec une douzaine de baguettes, ne parvenait pas à les ramener chez elle, se les faisant chaparder au passage, par quelques gourmands nostalgiques. On trouve maintenant tous les pains du monde à Toronto; quant aux pâtisseries, leur nombre ne cesse de grandir; chacune avec sa spécialité.

Je me souviens d'un Paris-Brest mémorable, introuvable à Toronto, qu'une amie nous a ramené par le train sur ses genoux, de Montréal, pour joyeusement fêter un anniversaire.?Il fallait alors faire quelques efforts pour trouver pain, fromages et vins français à Toronto, cet inséparable trio, cher au c?ur de tous. Les nouveaux arrivants de langue française, étaient pour la plupart, enseignants, traducteurs, cuisiniers ou simplement aventuriers. De nos jours, les bonnes adresses vous les connaissez déjà toutes avant d'arriver, avec un contrat de travail en bonne et due forme. Une marraine, bonne fée, membre de Toronto Accueil ou autre, est toute prête à guider vos premiers pas dans un pays inconnu, à la langue et aux m?urs différents de ceux que vous avez quittés; vos enfants sont inscrits à l'École française ou au Lycée. Un choix de logements vous attend, non loin de ces écoles qui vous regroupent. Une bibliothèque bien fournie vous offre de bonnes lectures dans votre langue, alors que des cours d'anglais vous sont proposés pour mieux vous intégrer. Un choix d'activités, toutes plus intéressantes les unes que les autres, contribuent à votre vie affective, selon vos goûts et affinités.

À nous la grande aventure et nos premières découvertes avec tous ses pièges !? Non seulement l'Association Toronto-Accueil, le Consulat ou l'Alliance Française sont là pour vous souhaiter la bienvenue, mais ils  vous permettent de vivre à la française tout en vous intégrant dans cette grande ville nord- américaine, sans perdre votre identité.

Et de nos jours, nous avons la possibilité de retourner régulièrement en quelques heures, et souvent pour quelques semaines, à nos origines, fêtés, gâtés, choyés par tous, heureux de nous retrouver et de partager nos aventures et découvertes. Nous sommes quand même moins seuls !

Mais malgré cela, une épreuve toutefois, commune à tous les expatriés que je connais, les adolescents qui, au cours des diverses affectations de leurs parents, choisissent de ne pas suivre ou de rester derrière, pour continuer leurs études localement, pendant que leurs parents continuent leur chemin ?

Claude Henry (www.lepetitjournal.com/toronto) mercredi 18 février 2015

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Publié le 15 février 2015, mis à jour le 13 avril 2015

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