Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

PORTRAIT - Mariko Nakayama, au secours des étrangers en difficulté d’insertion

Écrit par Lepetitjournal Tokyo
Publié le 25 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Femme engagée dans différentes associations pour l'aide à l'apprentissage de la langue japonaise, Mariko Nakayama a créé en avril une organisation à but non lucratif afin de soutenir les étrangers en difficulté d'insertion dans la société japonaise, une de ses nombreuses actions en faveur des oubliés de la politique nippone

Après douze ans passés en Bulgarie et aux Etats-Unis, Mariko Nakayama veut faciliter l'intégration des étrangers en difficulté (Photo K.W)

Mariko Nakayama a passé près de 14 ans à l'étranger, deux ans à Sophia en Bulgarie, et 12 ans dans le Maryland aux États-Unis, avant de revenir s'installer au Japon et d'y enseigner sa langue à l'Université d'Asie à Tokyo. Transmettre son savoir a toujours permis à cette doctorante en japonais de se sentir utile à la société plutôt que de s'en plaindre: "j'ai voulu passer à l'action là où les choses me semblaient devoir changer, explique-t-elle [?] Cela a été une bonne chose pour moi d'enseigner à des personnes aux conditions de vie difficiles et non plus aux "élus" de l'université", confie-t-elle.

Anic, point de départ d'un engagement
En effet, dès son arrivée en 1989 dans la toute jeune association Anic (Association for Nakano International Communications), Mariko a mis en place un système de cours gratuits de japonais, d'anglais et de chinois avec des enseignants volontaires. Cette association de service public appartenant à l'arrondissement de Nakano dans la préfecture de Tokyo, et qui en constitue son 3ème secteur d'activité le plus important, est née en 1988 afin de servir de centre international. L'organisme reçoit chaque année environ 650 étudiants pour seulement 160 "assistants", comme les appelle Mariko. Pour elle, "la plupart des gens ne se rendent pas compte qu'un professeur ne fait qu'apporter un soutien à l'élève, qui lui, fait un effort d'apprentissage, et de même ils ne se rendent pas compte que l'on peut toujours apprendre de son élève", explique-t-elle, ajoutant à cela que "la société japonaise a aussi trop tendance à penser que les étrangers sont les destinataires de "l'aide", qu'eux seuls ont besoin d'être soutenus, et elle ne réalise pas qu'elle peut apprendre d'eux".

Anic reçoit chaque année près de 650 étudiants, mais reste limité à l'apprentissage des langues (Photo K.W)

Le NPO ou concrétisation d'une vision
Mais le groupe Anic, faisant partie des services publics de l'arrondissement, est soumis à un certain nombre de limites. Les employés qui y travaillent et les enseignants volontaires ne sont pas habilités à conseiller ces étrangers, majoritairement originaires d'autres pays d'Asie, sur des questions plus importantes de type notamment administratif, logements ou santé, en leur proposant des directions à prendre. De plus, même si d'autres services existent pour répondre à cette fonction, leur champ d'action est aussi réduit à des réponses formelles laissant pour compte des personnes pouvant parfois se retrouver dans des situations graves. En effet, en vue de leur statut d'étranger ne parlant pas la langue, ces individus sont souvent incapables d'obtenir un emploi, une situation financière et une situation sociale stables, et se retrouvent dans un cercle vicieux qui sera par la suite, dans la plupart des cas, transmis à leurs enfants. "Je me rappelle notamment de cet adolescent de 15 ans se prostituant", soupire-t-elle, plongée dans ses pensées. "Il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer le quotidien des personnes mais il ne suffit pas de se plaindre, j'ai voulu faire quelque chose".

Créer un centre de soutien pour l'indépendance
Alors avec des connaissances, et d'anciens étudiants ou amis qu'elle pense "capables de comprendre" sa vision, elle a créé le NPO de Nakano en avril, centre de soutien pour l'indépendance de ceux qui sont dans le besoin, la concrétisation d'une idée longtemps travaillée par cette enseignante. Elle donne des cours de japonais et apporte de l'aide et des conseils à des étrangers qu'elle sait dans une situation difficile ou même grave parfois, avec aujourd'hui une douzaine de cas en cours de traitement, aussi bien des adultes que des enfants. La vision à long terme de Mariko Nakayama est de permettre à ces étrangers d'être intégrés à la société japonaise grâce à un travail de simplification de la langue, "car s'ils comprennent, alors ils sont informés et donc intégrés et peuvent ainsi devenir les traducteurs du Japon", explique-t-elle, en partant du fait que la majorité des Japonais ne parlent que leur propre langue, et voyant ainsi un meilleur avenir se dessiner pour la population grandissante d'immigrants. Pour cette enseignante, les étrangers peuvent devenir un lien entre les cultures capables de faire ce travail d'information en japonais, en anglais et dans leur langue natale dans les services internationaux du Japon notamment, mais les ministères nippons ne semblent pas encore prêts à mieux les accueillir, employer et guider.
Kessi Weishaupt (http://www.lepetitjournal.com/tokyo.html) mercredi 26 septembre 2012

logofbtokyo
Publié le 25 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Flash infos