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NUCLEAIRE - Un convoi de combustible MOX arrive au Japon, le 1er depuis Fukushima

Écrit par Lepetitjournal Tokyo
Publié le 27 juin 2013, mis à jour le 30 juin 2013

 

Un convoi de combustible nucléaire MOX parti de France mi-avril est arrivé tôt jeudi au port japonais de Takahama (ouest de l'archipel), près de la centrale atomique destinataire. C'est le premier arrivage au Japon de ce combustible (un mélange d'oxydes d'uranium et de plutonium) depuis la catastrophe de Fukushima provoquée par le séisme et le tsunami de mars 2011

Le Pacific Heron et le Pacific Egret, deux navires spécialisés bleus et blancs, avaient quitté le port français de Cherbourg le 17 avril sous haute protection à destination du Japon, via un itinéraire tenu secret. Ces cargos identiques, dont un seul est chargé en MOX, voyagent toujours ensemble par précaution, le second servant de secours et les deux se protégeant mutuellement. Ils sont exploités par la société britannique PNTL, une filiale d'International Nuclear Services, du groupe français Areva et des compagnies électriques japonaises. Le combustible est transporté dans des emballages spécifiques de 30 centimètres d'épaisseur pesant chacun une centaine de tonnes à vide pour dix tonnes de matériau atomique, selon Areva, chargé du retraitement.

Deux mois et demi de voyage
Le convoi a mis comme prévu deux mois et demi pour arriver à destination jeudi vers 07H00 locales, sous un ciel nuageux, accueilli par une cinquantaine de manifestants vêtus de tenues de protection antinucléaire et criant "on ne veut pas de MOX", a constaté un journaliste de l'AFP. La cargaison était déchargée dans les heures suivantes à l'aide de grues tandis que que les navires étaient entourés de policiers et gardes-côtes à terre ou patrouillant à proximité sur des petits bateaux semi-rigides. Les associations écologistes dénoncent ce rapatriement, jugeant le transport de MOX extrêmement dangereux, de même que son stockage au Japon, pays à très forte sismicité. Tous les réacteurs du pays ont été progressivement stoppés et les convois de MOX suspendus après le désastre de Fukushima il y a plus de deux ans. Le dernier rapatriement maritime de MOX vers le Japon remontait à 2010. 48 des 50 réacteurs recensés sont toujours arrêtés et doivent être soumis à de nouveaux examens sur la base de normes plus sévères qui entreront en vigueur le 8 juillet. Le retraitement et la fabrication de ce MOX avaient été achevés à l'automne 2010 et il devait initialement revenir au printemps 2011, mais la date a été différée.

Une usine de MOX pas encore construite
Le MOX est un combustible nucléaire façonné à partir de plutonium issu des combustibles usés et d'uranium appauvri. Avant l'accident de Fukushima, quatre réacteurs nippons fonctionnaient avec ce combustible et plusieurs autres sont adaptés pour. Même si, du fait de sa dépendance énergétique trop contraignante, le Japon a décidé de poursuivre sa quête de maîtrise de l'ensemble du cycle nucléaire, il n'a pas pour le moment d'installations fonctionnelles capables de retraiter son combustible ni de le transformer en MOX. Une usine de retraitement située à Rokkasho, dans la préfecture d'Aomori , en grande partie calquée sur celle de la Hague en France, est en tests depuis des années, mais elle a été victime d'une grave série d'avaries qui ont conduit à reporter une vingtaine de fois sa mise en exploitation. Bien que les plus récentes expérimentations soient concluantes, elle ne pourra pas démarrer avant le feu vert de l'autorité de régulation qui va durcir d'ici à décembre les normes pour ce type de sites atomiques différents des centrales. Quant à l'usine de MOX prévue, elle n'est pas encore construite. En attendant, le Japon stocke 35 tonnes de plutonium à l'étranger et 9,3 sur son territoire. Le convoi arrivé jeudi ne transporte qu'une partie, non quantifiée, du MOX fabriqué en Europe pour Kansai Electric Power (Kepco), en l'occurrence pour le réacteur 3 de Takahama prévu pour tourner avec ce type de combustible mais arrêté depuis février 2012. Kansai Electric devrait soumettre rapidement à l'autorité de régulation nucléaire un dossier pour obtenir la certification de sûreté nécessaire afin de redémarrer les unités 3 et 4 de ce site. Il est toutefois impossible à ce stade de donner une quelconque date de remise en service, ni de garantir que le MOX sera d'emblée utilisé, plusieurs feux verts locaux et nationaux étant requis. Du MOX était aussi employé dans la tranche numéro 3 de Fukushima Daiichi lorsque ce complexe du nord-est du pays, le long de l'océan Pacifique, a été mis en péril le 11 mars 2011 par une déferlante de 14 mètres après un tremblement de terre de magnitude 9 au large.
(http://www.lepetitjournal.com/tokyo avec AFP) vendredi 28 juin 2013

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Publié le 27 juin 2013, mis à jour le 30 juin 2013

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