L'âge limite des pilotes de ligne au Japon est désormais fixé à 67 ans au lieu de 64, une extension qui vise à combler le déficit de commandants de bord alors que le trafic tend à s'accroître.
En réflexion depuis des années, cette disposition, qui autorise les pilotes à rester jusqu'au jour de leur soixante-huitième anniversaire, est théoriquement entrée en vigueur jeudi matin, "mais dans les faits cela variera en fonction des compagnies", a précisé un responsable du ministère des Transports. Le Japon accueille un nombre croissant de touristes et hommes d'affaires, et les vols opérés tant par les compagnies principales (ANA Holdings, Japan Airlines) que par les nouveaux entrants à bas coûts tendent à augmenter. Cette orientation va s'amplifier avec la tenue des jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Or, depuis pas mal de temps déjà, les compagnies se plaignent de la difficulté de recruter des pilotes, un phénomène qui n'est d'ailleurs pas propre au Japon. Et le phénomène devrait encore s'aggraver dans les années 2030 quand un grand nombre de pilotes aujourd'hui quadragénaires atteindront l'âge limite. L'élevation à 67 ans devrait permettre de conserver une soixantaine de pilotes de plus dans les cinq ans à venir, selon les calculs du ministère des Transports, qui a interrogé la centaine de personnes potentiellement concernées.
Des contrôles réguliers
Toutefois, pour ces vétérans de 65 ans et plus, des contrôles cognitifs seront effectués, sachant que la célérité de leurs réflexes peut être ralentie. Ils ne pourront en outre pas voler avec un copilote de plus de 60 ans et auront des horaires et durées de travail aménagés. Depuis la fin des années 1990, l'âge limite des pilotes avait déjà été élevé deux fois, à 62 ans en 1996 puis 64 ans en 2004. Les compagnies aériennes japonaises totalisent environ 5.900 pilotes, selon le ministère des Transports qui fait aussi office de régulateur du secteur. D'après Neil Hansford, expert de l'aviation australienne, il y a globalement un manque de pilotes qualifiés et l'utilisation des travailleurs âgés tend à se "normaliser sauf pour certains pays très syndiqués". La pénurie est particulièrement sévère en Asie-Pacifique. "Soixante-cinq, c'est maintenant commun aujourd'hui", ajoute Neil Hansford. Les experts soulignent également le coût élevé de la formation des pilotes. Pour Ronald Bishop, de l'Université Central Queensland en Australie, "étendre (le temps de travail) aide les compagnies à récupérer leur argent". "Il est relativement peu cher dans des pays comme l'Australie ou les Etats-Unis d'obtenir une licence de pilote. Il existe une culture de l'aviation. En Asie-Pacifique vous n'avez pas vraiment cela", précise Greg Waldron du magazine Flightglobal basée à Singapour.
(http://www.lepetitjournal.com/tokyo avec AFP) vendredi 24 avril 2015