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DECOUVRIR LE JAPON - Hiroshima: ville dynamique au lourd passé

Écrit par Lepetitjournal Tokyo
Publié le 1 février 2016, mis à jour le 2 février 2016

Hiroshima, ville tristement célèbre pour avoir subi le premier bombardement atomique de l'Histoire, offre pourtant bien plus qu'un passé tragique. Son histoire, bien sûr, mais aussi ses environs et ses sites touristiques, méritent à être connus. En particulier une magnifique petite île à quelques encablures de la ville: Miyajima

Hiroshima ne possède pas les trésors culturels de Kyoto, mais est à sa façon tout aussi fascinante. Aujourd'hui ville la plus dynamique de la région occidentale du Chugoku, Hiroshima, rebâtie sur les cendres et les gravats de son passé, vaut absolument le détour.

Avant la bombe
À l'inverse de Kyoto, Hiroshima n'est pas une ville millénaire ayant abrité les empereurs et les shoguns de l'archipel : sa fondation remonte seulement à 1589 après Jésus-Christ. En comparaison, le sanctuaire shinto vermillon de l'île de Miyajima, non loin de là, est bien plus ancien, sa fondation datant du VIe siècle. La ville d'Hiroshima (littéralement « grande île ») est née à la suite de la construction du Château d'Hiroshima par le seigneur féodal Terumoto Mori sur la plus grande île que forment les bras du delta de la rivière Ota, qui se jette dans la mer intérieure de Seto. D'abord bourgade, elle prend de l'importance à l'ère Meiji (1868 - 1912). Pendant la première guerre sino-japonaise (1894-95), la ville devient l'une des principales bases logistiques de l'armée impériale. Sa population croît de façon exponentielle et atteint 143.000 habitants en 1910. En 1940, sa population était montée à 344.000. Hiroshima gardera cette fonction de base militaire durant toute la première moitié de l'ère Showa (1926 ? 1989), devenant par la même occasion un centre industriel important. La ville devint lors de la Seconde Guerre mondiale un centre de commandement assurant la défense de tout le sud du Japon. Une usine de fabrication de gaz toxique y fut également établie. Sous l'égide du lieutenant Shiro Ishii, qui poussa le Japon à faire usage des armes chimiques, gaz moutarde, arsenic ou encore cyanure y ont été produits. Des gaz utilisés en Chine et en Corée.

Le 6 août 1945
La chute d'Hitler et la fin de la guerre en Europe ont poussé les Américains à vouloir mettre rapidement un terme à un conflit qui n'avait déjà que trop duré. Le refus du Japon de se rendre et la réticence des Américains à envahir l'archipel pour éviter un éventuel enlisement ont scellé le sort d'Hiroshima. Ajouté à cela l'inquiétude causée par l'avancée des Soviétiques en Corée, le lancement de la toute nouvelle bombe atomique fut décidé. L'armée américaine avait dressé en 1945 une liste de cibles potentielles, parmi lesquelles Hiroshima et Nagasaki, mais aussi Kyoto, Yokohama ou encore Niigata. Kyoto, cible privilégiée, a été déconseillée à l'État Major car une attaque sur l'ancienne capitale aurait pu fortement compromettre une réconciliation future avec le Japon. C'est Hiroshima, deuxième sur la liste, qui a donc subi le feu nucléaire. Le 6 août 1945, un bombardier B-29, baptisé Enola Gay, décolle de la base américaine de Tinian à 2h45 du matin. L'alarme aérienne est déclenchée à 7h à Hiroshima, qui n'a jusque-là été que très peu bombardée. Le bombardier fait quelques tours et s'éloigne, l'alarme s'arrête à 7h30. Le temps est clair, l'avion revient, donnant le feu vert pour l'opération. La bombe A, surnommée « Little Boy », forte d'une puissance de 15 kilotonnes, est larguée à 8h15. En quelques secondes, la ville est rasée. 75.000 personnes meurent sur le coup. 50.000 autres, irradiées, décèderont dans les jours suivants. Aujourd'hui, on estime entre 230.000 et 260.000 les victimes de ce bombardement. Témoin du gigantesque champignon atomique, le copilote de l'Enola Gay aurait eu ces mots : "Mon Dieu, qu'avons-nous fait ?".

Après la bombe
Le 7 août, Hiroshima n'est plus qu'un champ de ruines. Seuls quelques rares bâtiments son restés debout. Parmi eux, le Palais d'exposition d'Hiroshima et son dôme, qui deviendront par la suite le symbole de ce jour funeste. Le célèbre pont en forme de T sur la rivière Ota a également résisté à l'explosion, mais la majorité d'Hiroshima n'est plus.  La ville sera entièrement reconstruite après la guerre, jusqu'à son château féodal, et proclamée ville de paix en 1949. Les ruines du dôme ont été conservées et transformées en mémorial. Là où se tenait autrefois le centre-ville, un parc a été ouvert le 1er avril 1954. On y trouve un cénotaphe, une flamme de la paix qui brûle éternellement, un monument pour les enfants et surtout un musée qui rassemble de nombreux témoignages relatifs à la bombe : objets, photos, modèles réduits de la ville, récits de survivants et peintures, tout en se posant activement contre la prolifération nucléaire dans le monde. Hiroshima s'est peu à peu reconstruite. Son économie s'est relevée, faisant d'elle la ville la plus grande et la plus prospère de l'ouest du Japon. Sa population atteint aujourd'hui 1,2 million d'habitants. En 1996, le parc de la paix et le dôme d'Hiroshima, ainsi que le sanctuaire de l'île de Miyajima, ont été inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. La ville accueille chaque année un nombre toujours plus important de touristes, venus aussi bien pour le mémorial de la paix que pour Miyajima ou les spécialités culinaires d'Hiroshima, réputées excellentes (tels les Okonomiyaki, les huîtres, les ramens, le saké?). Hiroshima est aussi devenue une ville sportive, ses équipes de football et de baseball occupant souvent le haut du classement dans les tournois nippons.
(http://www.lepetitjournal.com/tokyo) mardi 2 février 2016

Miyajima, île de beauté

Le sanctuaire de Miyajima, aussi appelé Itsukushima, est bien antérieur à la fondation d'Hiroshima. Bâti au VIe siècle, il consacre le caractère sacré de l'endroit. En effet, le sanctuaire vermillon, bâti sur pilotis, était à l'époque le seul point d'accès de l'île, résidence de divinités, sur laquelle les humains n'avaient pas le droit de poser le pied. Les fidèles shinto devaient alors aller prier les divinités en passant par la mer, traversant en bateau le majestueux torii flottant rouge-orangé qui a contribué à la renommée de l'île. Les bâtiments actuels du sanctuaire datent de 1168. Aujourd'hui, il est bien entendu possible de se promener sur l'île, sur laquelle un village a été fondé. Miyajima vit chaque jour au rythme des marées, à l'instar du Mont-Saint-Michel avec qui elle est jumelée. Plusieurs autres temples intéressants sont à découvrir, dont le "temple aux mille bouddhas", ainsi que le "Senjokaku" et sa haute pagode. L'ascension du Mt Misen (530m) et la vue extraordinaire qu'offre son sommet sur Hiroshima et la mer de Seto valent le détour. Miyajima, son sanctuaire et son torii font partie des "Nihon Sankei", les trois plus belles vues du Japon, avec Matsushima et Amanohashidate.
logofbtokyo
Publié le 1 février 2016, mis à jour le 2 février 2016

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