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UN MOIS, UN SITE... - La Chronique culturelle de Patrick Ringgenberg

Écrit par Lepetitjournal Téhéran
Publié le 27 octobre 2016, mis à jour le 1 novembre 2016

 

« La moitié du Monde » : c'est ainsi que l?on appelait Ispahan au XVIIe siècle, au temps de sa splendeur. Ce surnom n'est pas tout à fait usurpé : de toutes les villes d'Iran, elle est, culturellement, la plus riche, et si l'on peut voir l'essentiel de ses trésors en deux jours, la ville et sa région méritent des séjours plus longs.

L'oasis d'ispahan est habité depuis l'Antiquité, mais son histoire ancienne nous échappe. Par sa position centrale, la ville joua un rôle important dès la conquête arabo-musulmane au VIIe siècle et ne cessa de prospérer grâce à un commerce de soie et de textiles. Lorsque les Turcs seldjoukides conquièrent l'Iran au XIe siècle, Ispahan devient leur capitale pour plusieurs décennies et accueille alors un extraordinaire renouveau de l'art persan : en témoigne encore la mosquée du Vendredi, prototype du plan dit persan des mosquées (une cour bordée de quatre iwans et d'une salle à coupole), inscrite au Patrimoine de l'Unesco, et qui constitue aujourd'hui l'un des monuments les plus remarquables de l'architecture iranienne.

La mosquée du Vendredi, construite aux XIe-XIIe siècle, puis restaurée, agrandie et embellie jusqu'au XIXe siècle.

 

Dès les années 1120, pourtant, Ispahan perdit peu à peu son influence. Plus ou moins préservée par les Mongols au XIIIe siècle, la ville traversa des temps instables sous Tamerlan (qui y fit massacrer 70'000 personnes en 1387) et les Timourides. C'est avec les Safavides (XVIe siècle) qu'elle retrouve une pleine importance à la fois politique, administrative, culturelle et commerciale. Troisième capitale des Safavides, après Tabriz et Qazvin, elle est transformée dès 1598 par Shâh Abbâs Ier, qui conçoit un plan d'urbanisme novateur, articulé autour d'une immense place rectangulaire (Naqsh-e Djahân), bordée d'une grande mosquée (mosquée Royale ou de l'Imam), d'une mosquée royale privée (Lotfollâh), d'un palais-portail (Ali Qâpu), de l'entrée du grand bazar. La place accueillait autrefois des jeux (polo, luttes, combats d'animaux), des marchés, des cérémonies religieuses, des défilés militaires. L'ensemble est inscrit au Patrimoine de l'Unesco.

 

La place Naqsh-e Djahân : à gauche, la mosquée Lotfollâh ; au centre, la mosquée Royale ou de l'Imam ; à droite, le palais Ali Qâpu.

 

La mosquée Royale ou de l'Imam, construite entre 1612 et 1627.

La coupole de la mosquée Lotfollâh, construite entre 1602 et 1619.

 

Le bazar d'Ispahan, l'un des plus grands et des plus beaux d'Iran : ses rues voûtées, bordées de caravansérails, mosquées et madrasas, relient la place Naqsh-e Djahân à la mosquée du Vendredi.

 

À l'ouest de la grande place se trouvait une avenue, Chahâr Bâgh, autrefois bordée de jardins, de palais, de cafés, de « couvents » pour derviches. Seuls deux palais ont survécu aux destructions et à la modernisation de l'urbanisme : Chehel Sotun et Hasht Behesht.

La grande salle de réception du palais Chehel Sotun, construit au XVIIe siècle. Il est célèbre pour ses grandes peintures murales, aux thèmes courtois, royaux et guerriers.

Une peinture du palais Chehel Sotun.

Le palais Hasht Behesht, du XVIIe siècle.

La madrasa Chahâr Bâgh, vue depuis l'hôtel Abbasi : construite au début du XVIIIe siècle, la madrasa bordait l'avenue Chahâr Bâgh et jouxtait un caravansérail, transformé en hôtel au XXe siècle.

 

Ispahan est traversée par une rivière, aujourd'hui souvent sèche, enjambée par plusieurs ponts historiques, comme le Si o seh Pol (pont dit « aux 33 arches ») et le pont Khâdju, qui constituent des lieux de rencontres privilégiés des habitants.

Le pont Khâdju, construit au XVIIe siècle.

Au début du XVIIe siècle, le roi Shâh Abbâs Ier déporta à Ispahan une importante communauté arménienne, qui s'installa dans un quartier appelé la Nouvelle Djulfa, et où se trouvent plusieurs églises historiques, datant généralement du XVIIe siècle. La plus importante est la cathédrale Vank, qui jouxte un beau musée

La cathédrale Vank, du XVIIe siècle, ornée de peintures murales de style italo-flamand, unique dans l'art arménien.

 La fin des Safavides entraîna le déclin immédiat de la ville, qui traversa des moments difficiles au XVIIIe siècle. Elle retrouva son importance commerciale dès le début du XIXe siècle, mais elle perdit son statut de capitale au profit de Shirâz, puis ? jusqu'à nos jours ? de Téhéran.  

Pour en savoir plus :

BEHESHTI Oksana, Travel guide to Esfahân, Kâshân and more, Tehrân, Rowzaneh, 2005 (le meilleur guide et le plus complet, incluant également d'autres sites majeurs de la province).

Texte et images : Patrick Ringgenberg

http://patrickringgenberg.com/

(www.lepetitjournal.com/teheran) - Vendredi 28 octobre 2016

 

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Publié le 27 octobre 2016, mis à jour le 1 novembre 2016

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