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RENALD GALLIS (THINXTRA) – "SigFox propose une faible consommation électrique des objets connectés"

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 24 mai 2016, mis à jour le 25 mai 2016

 

Passionné par l'Internet of Things, Renald Gallis est directeur marketing de Thinxtra, une entreprise basée à Sydney, qui conçoit le réseau des objets connectés depuis juin 2015. Les objets connectés, un marché en plein explosion dans notre société, et où la technologie SigFox, partenaire de Thinxtra, se démarque par rapport aux autres opérateurs de réseau internet.

Renald, qu'est-ce qui vous a amené à travailler dans l'Internet of Things (IoT) ?

Durant les 25 dernières années, j'ai principalement travaillé pour Seagate, une société spécialisée dans le stockage des données. Puis j'ai eu envie de faire autre chose de plus excitant. Et j'avais un intérêt particulier pour les objets connectés, pour les analyser, et depuis un an et demi, je me suis focalisé dessus.

Concrètement, quel est le rôle de votre entreprise, Thinxtra ?

Nous sommes distributeur exclusif de la technologie SigFox, un opérateur français en charge de créer un réseau national en Australie mais aussi en Nouvelle-Zélande. Le but de Thinxtra est de créer tout un écosystème de solutions qui vont se greffer sur ce réseau. Nous travaillons avec des boîtes comme Microsoft, IBM...

Vous avez choisi SigFox pour votre partenariat. Quels avantages apporte cette technologie par rapport à d'autres ?

Comparé à Tesltra, qui est bien plus puissant, notre technologie réagit plus vite. Ensuite, les gros opérateurs visent une solution qui leur rapportera beaucoup d'argent. Or, la nôtre est à très bas coût. Et enfin, SigFox propose une faible consommation électrique des objets. C'est révolutionnaire, car un objet de la taille d'un smartphone n'a besoin de se recharger qu'une fois tous les 20 ans, c'est-à-dire jamais. Et l'objet aura une durée de vie de 10-20 ans selon l'utilisation.

Selon vous, les objets connectés, c'est l'avenir ?

Pour moi, c'est la prochaine révolution. On y est même maintenant. Les consommateurs ne le voient pas encore, car pour eux c'est du gadget, comme la montre connectée. Mais dans le domaine industriel, c'est révolutionnaire. Par exemple, une société qui vend des frigos, des machines à laver, a intérêt à investir dans SigFox pour intégrer la technologie dans ses machines. L'idée est de faire de la maintenance préventive, c'est-à-dire détecter un problème avant que la machine ne tombe en panne, prévenir un client, et envoyer un technicien pour réparer. Ça change le business des entreprises.

L'Australie est-elle un marché important pour les objets connectés ?

A l'heure actuelle, non, car elle est encore en retard comparé à l'Europe. Par contre, l'Australie, et encore plus la Nouvelle-Zélande, sont des marchés très réactifs, car il y a beaucoup d'argent, donc les entreprises prennent des décisions rapidement. Ici, nous avons des solutions peu chères, mais viables. Les gens sont ainsi prêts à investir dedans, ils sont moins hésitants. Il y a donc un énorme potentiel.

Quels sont vos concurrents dans le monde de l'IoT ?

Notre principal concurrent est LoRa. La différence, c'est qu'ils créent un réseau dans une zone particulière, par exemple une ferme. Nous, nous visons un réseau national, n'importe qui peut connecter ses objets. C'est plus cher pour nous mais plus intéressant car les gens savent qu'il faut passer par SigFox. Les autres concurrents sont Telstra, Optus, Vodafone... Ils arriveront d'ici deux ans avec la technologie LTEM, une version dégradée du 5G. Certes, elle transmet beaucoup plus de datas, mais sa consommation énergétique est énorme, trois à quatre fois plus que SigFox.

D'un point de vue personnel, êtes-vous un adepte des objets connectés ?

J'utilise une montre connectée pour faire du sport. Au quotidien, le smartphone couvre la plupart de nos besoins mais quand on court, c'est moins pratique ! Après, au niveau de la maison, mes objets connectés restent des gadgets. D'un point de vue personnel, je ne pense pas que ça soit le plus important. Certes, d'ici deux ans, c'est un marché qui explosera. Mais ce sera naturel. On achètera un vélo, une voiture connectée, et ça nous paraîtra normal. On ne les achètera pas parce qu'ils sont connectés, mais il se trouve qu'ils le seront. Le gros du marché sera industriel, mais forcément, les gens en profiteront.

Dans quel domaine les objets connectés sont-ils le plus utiles ?

D'un point de vue personnel, la plus grosse révolution, c'est la santé. Le suivi médical, traquer des gens qui ont Alzheimer et qui se perdent, la prise de médicaments, les détecteurs de mouvements pour suivre un malade ou une personne âgée? Et ces personnes ne pensent pas à recharger tous les deux jours, donc nos objets seront un réel atout puisqu'ils pourront fonctionner avec une énorme autonomie.

En parlant de santé, l'explosion des objets connectés ne pose-t-elle pas un problème avec toutes ces ondes ?

Oui, en effet, c'est l'inconvénient de la 3G, la 4G, la 5G, qui émettent beaucoup d'ondes. Mais justement, c'est pour ça que SigFox se démarque, car son niveau d'émission est extrêmement faible : dix fois moins que du Wi-Fi, qui elle-même émet dix fois moins que la 3G. De plus, chez nous, l'objet n'est pas allumé en permanence, il ne s'active que pour envoyer une alerte, pendant une seule seconde, et se remet en veille après. C'est très intéressant pour les professionnels de la santé car nous avons une solution bien plus saine que la 3G.

Pour parler précisément de votre entreprise, comment se passent vos débuts ? Avez-vous rencontré des difficultés ?

Pas vraiment, car de gros investisseurs ont signé rapidement avec nous. Nos clients sont dans le top 100 des sociétés en Australie. Nous avons débuté en juin 2009 et nous grandissons. Notre équipe est composée de onze personnes, et nous en prévoyons 25 d'ici la fin de l'année. Nous sommes plus réactifs que des grosses sociétés, c'est pour cela que SigFox nous a choisis. Et quand on veut percer, il faut avoir un produit avec un fort taux de différenciation, pour se démarquer et ne pas être copié par des grandes structures qui ont déjà des clients et peuvent proposer des mises à jour.

Vous prévoyez de vous développer à plus grande échelle ?

Pour l'instant, la priorité reste l'Australie et la Nouvelle-Zélande, au moins pour les deux prochaines années. Après, pourquoi pas l'Asie du Sud-Est. Nous avons des connaissances et des relations sur certains marchés asiatiques. Nous verrons.

 

Propos recueillis par Pierre Lépine, lepetitjournal.com/sydney, Mercredi 25 mai 2016

 

Le Petit Journal Sydney
Publié le 24 mai 2016, mis à jour le 25 mai 2016

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