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Liberté de la presse et libre expression des journalistes : où en est l’Australie?

Comme chaque année, et ce depuis 2002, RSF publie son classement mondial de la liberté de la presse. Cette année, et plus que d’habitude, l’ONG pointe du doigt les dangers de ce qu’elle nomme “l’industrie du simulacre”. Mais où se trouve l’Australie dans le fameux classement ?

Equipe de presseEquipe de presse
Écrit par Sophie Sager
Publié le 5 mai 2023, mis à jour le 31 mai 2023

Cela fait désormais 21 ans que Reporters Sans Frontières (RSF) classe les conditions de vie dans lesquelles les journalistes exercent leur métier, l’état de la liberté de la presse et les atteintes à celles-ci sur l’île des Kangourous. L’Australie se hisse à la 27e marche de l’échelle, 3 places derrière la France. Mais ne soyez pas dupés par cette place en tête de liste : RSF condamne fortement l’hyper concentration des médias dans le pays.

 

Une hyperconcentration des médias en Australie

Le paysage médiatique australien est l’un des plus concentré au monde” amorce RSF. L’organisation explique que deux rivaux du secteur s’affrontent: le groupe Nine Entertainment et le groupe News Corp. Deux tiers des médias dans le pays sont possédés par ce dernier, dont le quotidien The Australian. Derrière ces deux organisations : deux clans. Le clan Packer, cette famille qui depuis des générations est à la tête des grands médias australiens, voit ses héritiers devenir un par un des magnats des médias. De l’autre côté la famille de Rupert Murdoch, dont a été inspirée la série Succession, un milliardaire australo-américain, également magnat des médias qui a notamment fondé Fox News Channel et News Corp. 

 

Comment ne pas imaginer que ces deux hommes favorisent leurs intérêts commerciaux et personnels plutôt que de favoriser la liberté de l’information pour l’intérêt public? Notamment lorsque l’on sait, toujours d’après RSF, que “les directions des grands groupes du pays entretiennent des liens étroits avec le personnel politique”. Le doute autour de l’indépendance des médias détenus par ces grands groupes est tangible, au point où “une commission sénatoriale a confirmé l’existence d’une culture du secret grandissante de l’administration face à la presse”. L’Australie, très attachée à sa défense et à sa sécurité nationale, utilise souvent ces prétextes de sûreté pour intimider et faire pression sur les lanceurs d’alerte et journalistes. 

 

Que pensent les journalistes australiens de leurs conditions de travail?

Justement, “intimidations”, “pressions informelles”, “culture du secret”... Que des termes que l’on peut lire dans le rapport de RSF. Bien qu’aucun journaliste australien n'ait été détenu, emprisonné ou tué lors de l’année qui vient de s’écouler, près de 90% - et ce chiffre est consternant - affirment craindre une “augmentation des menaces, du harcèlement ou des intimidations”.  Reporters Sans Frontières rappelle que la double perquisition au domicile d’une journaliste et au siège d’ABC en 2019 a donné un grand coup au journalisme d’intérêt public du pays.

 

Quid du service public australien?

Le service public audiovisuel de son côté propose néanmoins un journalisme d’investigation et d’enquête crédible à travers l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) et le Special Broadcasting Service (SBS).

 

Mais ce n’est pas sans compter quelques critiques tout de même : la nomination du conseil d’administration d’ABC - notamment son indépendance - ont soulevé de multiples interrogations. Autre polémique dans le secteur : les coupures dans le budget de l’Etat alloué à la profession. Une logique de réduction drastique des coûts a entraîné une baisse de 330 millions d’euros depuis 2014. En ont suivi de nombreux licenciements.

 

Cette réduction de coûts a pour conséquence la fermeture de plusieurs médias régionaux et locaux. Plus de 150 journaux ont fermé en un an, a publié le syndicat national des journalistes, l’Alliance des Médias (MEAA), en 2021.

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