Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CHRONIQUE - Adrien ou la vie décalée en Australie (2)

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 28 janvier 2014, mis à jour le 29 janvier 2014

Lepetitjournal.com commence aujourd'hui à publier les chroniques d'un jeune auteur en Australie. Adrien Oualé a quitté la France il y a quelques mois pour venir s'installer en Australie. Il vous racontera deux fois par mois ses découvertes, ses coups de gueule, ses interrogations sur la vie australienne. Attention humour décapant ! 1er opus : Le départ pour Sydney

 

La France partait en quenelle, c'était rien de le dire. Bataille de polochons à y laisser des plumes. Puis les histoires de plumard du 1er homme de France... Fallait partir loin, très loin, entendre d'autres bruits, d'autres langues, d'autres histoires.

On s'est fié au hasard. Il fait bien les choses disent les gens heureux. Eglantine a pris le globe qui trônait sur mon bureau : « fais le tourner comme une toupie !» Elle aime me donner des ordres... Elle a fermé les yeux, pointé son doigt et attendu que la Terre arrête de tourner. Quand elle les a rouverts, son doigt pointait l'Ouzbékistan. Elle a crié : SYDNEY ! Alors on est partis en Australie…

Jour J

J'ai pris une balance et comme tous les glands du monde je me suis pesé. D'abord sans les valises : 73 kilos… Puis avec : 102 kilos. Un truc à bien te briser le dos. Deuxième valise : identique ! Je viens de perdre 2 cm, de me tasser les lombaires mais les visages autour de moi sont satisfaits. On est tout justes, des pros de la valoche ! 60 kilos de vêtements H&M vont survoler le Moyen-Orient et une grande partie de l'Asie. On fera coucou de l'avion aux Indonésiens, vietnamiens et tous ces petits êtres, ces petites mains textileuses qui nous habillent, cheville au corps.

110 km /h pas un de plus. Tom-Tom fait bip-bip, sinon ! Un beau, grand et fort 4x4 nous emmène. C'est la nouvelle voiture de mon beau-père. Il est tout content de l'avoir et tout triste de quitter sa fille pour un an. Il fixe la route, silencieux. Sa moustache frise la dépression. Il a l'œil humide. Dans 3 heures, on décolle pour les antipodes et c'est les parents qui trinquent ! Derrière moi, 3 femmes : Eglantine, sa mère, ma mère, le tiercé gagnant… De l'une l'autre, ça parle, ça se tait, ça répond, ça fait semblant d'écouter mais les cœurs sont serrés.

On est dans la file d'enregistrement. Faut voir nos têtes. La mère d'Eglantine prend des photos. Les parents sont devenus des paparazzis. On essaie de sourire mais c'est difficile. Il est l'heure de se quitter… Les parents d'Eglantine ont des petits cadeaux, ma mère a de petites larmes ; on fait avec ce qu'on a.

Le contrôle des bagages à mains, maintenant ! Comme je tiens à ma vie, j'ai évité de prendre du parfum. Ça fait terroriste à ce qu'il parait.  Comme je tiens à la vie d'Eglantine, j'ai pris du déo. 28 heures de trajet… Sous mes bras… tu voyages ! Rayons X : ma trompette passe sans problème. Cool ! C'est bourré de métaux ces trucs-là ! Mais ça passe easy ! Mon porte-clés, par contre, ils aiment pas beaucoup. Le gars le regarde. "Ouais mon pote, c'est une tour Eiffel vendue par un Sénégalais musulmano-terroriste. Oui ! fabriqué par un Chinois… Ça te fout les pétoches, hein !?". Il demande au responsable à chemise. Il fait un geste de la main, le geste du balai. Je suis sauvé ! Ma tour Eiffel pointue n'est pas une arme de destruction massive.

Salle d'embarquement. Au signal, tout le monde se lève, c'est si bon de faire la queue… A croire qu'on y prend gout. Nous, on attend peinards que ça se dégage. Quand ils appellent notre rang, on fait semblant d'être sourds. Dans l'avion faut rentrer le premier ou le dernier. Tout le reste n'est que promiscuité inhumaine ! 

On décolle, je compte jusqu'à 30 parce que la plupart des accidents ont lieu dans les 30 secondes suivant le décollage ; puis je recompte jusqu'à 30 car la quasi-totalité des accidents ont lieu lors de la 1ère minute.  Je suis détendu maintenant, je fais un geste de la main, un petit coucou à la France que j'aime quand même. Mon voisin se tourne vers moi, prend un air grave : « vous savez, monsieur, que vous venez de faire le geste d'une quenelle inversée ? » 

SAUVE QUI PEUT !!!

Adrien Oualé (www.lepetitjournal.com/sydney), mercredi 29 janvier 2014

Prochaine chronique d'Adrien dans lepetitjournal.com, mercredi 13 février 2014

Retrouver Adrien sur Facebook et sur son Blog "Jetlag ou la vie décalée d'Adrien"

 

 

Le Petit Journal Sydney
Publié le 28 janvier 2014, mis à jour le 29 janvier 2014

Flash infos