Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

SOCIETE - Selon une étude, un Australien sur cinq serait victime de "revenge porn"

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 9 mai 2017, mis à jour le 9 mai 2017

Une étude affirme qu'un Australien sur cinq a été confronté à des abus liés à son image sur Internet, selon une étude sur le phénomène "revenge porn" menée au niveau national.

Une étude menée conjointement par la Monash University et l'Institut Royal de Technologie de Melbourne (RMIT) révèle que plus d'un Australien sur 5 (23%) a déjà été victime du "revenge porn" (ou "vengeance pornographique" en français), pratique née aux Etats-Unis dans les années 2000. Les chercheurs ont constaté que l'usage consistant à prendre des images sexuelles ou nues d'une personne et à les distribuer sans consentement ou sinon menacer de le faire sur Internet était plus répandu qu'auparavant

Sur plus de 4.200 personnes interrogées, toutes âgées de 16 à 49 ans, environ 11% ont déclaré avoir transmis leurs images à un voire plusieurs individus tiers, sans l'accord de la personne prise en photo. Le tout principalement par le biais d'un téléphone mobile, par courrier électronique, Snapchat, Facebook ou encore sur des sites de blogs tels Tumblr. Très peu ont rapporté que leurs images avaient été partagées sur des sites web de "revenge porn", les médias sociaux et les messages privés étant les moyens de partages les plus utilisés.

Vengeances, chantages et troubles psychologiques

L'étude insiste pour montrer que l'utilisation de ces images n'est pas pratiqué que dans un but de vengeance ou d'humiliation, puisque le "revenge porn" est aussi utilisé comme un moyen de chantage. Selon la recherche menée par les deux universités de Melbourne, environ 9% des personnes interrogées ont par exemple été menacées de voir une de leur image personnelle, nue ou à caractère sexuelle, être envoyée à une personne tierce sans leur accord.

Les chercheurs ont également constaté que l'expérience du "revenge porn" était particulièrement dangereuse pour les victimes au niveau psychologique. Dans l'ensemble, 80% des personnes signalées en tant que victimes du phénomène montrent des "niveaux élevés" de détresse psychologique, "compatible avec un diagnostic de troubles anxieux et/ou de dépression modérée à sévère". L'étude montre que ces personnes sont presque deux fois plus susceptibles de témoigner de signes de détresse par rapport aux non-victimes.

Auteurs masculins, victimes féminines 

L'étude explique que les hommes sont plus susceptibles d'être les auteurs de la fuite de fichiers et de données intimes pouvant être gênantes pour d'autres personnes. 54% des personnes interrogées déclarent en effet que les auteurs de cette fuite étaient des hommes, 33% que c'étaient des femmes et 13% qu'il s'agissait de groupes d'inconnus mêlant des hommes et des femmes.

Cette recherche montre également que les femmes sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes de ce phénomène que les hommes. Les femmes se disent par ailleurs plus inquiètes pour leur "sécurité" sur Internet que ces derniers, par rapport à ce phénomène. 

Des minorités particulièrement affectées

A en croire les chiffres déterminés par l'étude, le risque de victimisation est plus élevé pour les groupes minoritaires incluant les handicapés, les Aborigènes et la communauté LGBT australienne (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

L'un des résultats les plus troublants dans l'enquête est le suivant : un Australien handicapé sur deux a été un jour victime de "revenge porn". 53% des personnes handicapées interrogées ont en effet déclaré que quelqu'un avait pris une photo d'eux nus ou à caractère sexuel sans leur permission, et 41% affirmaient que cette image avait été distribuée par le biais d'Internet.

Le nombre de victimes du phénomène est également très élevé chez les Aborigènes : ils seraient deux fois plus susceptibles d'être victimes du "revenge porn" que les Australiens non-Aborigènes, à en croire l'étude.

Une "mode" en augmentation

Ces résultats troublants indiquent combien la "mode" du "revenge porn" est devenue populaire au fil du temps en Australie. En 2014, un sondage avait révélé qu'environ 10% des Australiens en avaient été victimes. Soit deux fois moins de personnes qu'aujourd'hui.

Comme l'explique le rapport, "depuis l'étude de la question de la violence sexuelle et des technologies numériques en 2009, nous avons assisté à des changements alarmants dans la façon dont les images sont utilisées par une variété d'auteurs pour de multiples raisons". 

En Australie, seulement deux Etats ont adopté des lois contre la distribution d'images sans consentement. Les chercheurs ont recommandé de faire de l'abus basé sur ce type de photographies un crime fédéral et de créer une ligne d'assistance similaire à celle établie en Angleterre en 2015.

"Ces abus fondés sur l'image ont émergé si rapidement que nos lois et nos politiques ont encore du mal à y faire face, déclare Nicola Henry, la directrice de l'étude, qui affirme pourtant qu'il "ne s'agit pas seulement de "vengeance pornographique" : les images sont utilisées pour contrôler, abuser et humilier les gens... Des scénarios qui vont bien au-delà de la simple "relation malveillante"".

Source : Vice News Australia

Adrien Lévêque, lepetitjournal.com/sydney, mardi 9 mai 2017

Le Petit Journal Sydney
Publié le 9 mai 2017, mis à jour le 9 mai 2017

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024