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ELECTION PRESIDENTIELLE - Avant le second tour, huit Français(es) nous ont expliqué leurs choix de vote

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 5 mai 2017, mis à jour le 5 mai 2017

A deux jours du second tour de l'élection présidentielle, le Petit Journal a demandé à huit Français(es) pour qui ils/elles allaient voter ce dimanche. Voici ce qu'ils nous ont dit.

Julien, 37 ans, originaire du Val-de-Marne, chef d'entreprise

"Les dix candidats du premier tour, je pense qu'il n'y en avait aucun qui était valable. Donc le deuxième tour, c'est pas génial. Je ne pense pas qu'il y ait qui que ce soit qui soit à la hauteur. D'habitude, je suis plutôt de droite, Républicain, mais j'ai pas vraiment eu une forte adhésion pour François Fillon. Avec les affaires, c'est devenu très embêtant. Quant à son programme, j'y croyait un petit peu, mais il en aurait fallu beaucoup plus. 

Au deuxième tour, je voterai par défaut pour Macron, mais je ne crois pas une seconde en lui : pour moi Macron représente le mec qui veut accéder au pouvoir, et c'est tout. C'est un arriviste complet, il est là pour le pouvoir et à mes yeux, il ne va pas changer grand chose. Il y a une partie de son programme qui m'intéresse, mais c'est surtout un vote par défaut, contre Marine Le Pen. Ce qu'elle propose est complètement idiot : je ne crois pas qu'on peut retourner au franc et avoir une monnaie commune, je ne crois pas une seule seconde qu'il faille rajouter des fonctionnaires... Pour moi, c'est aux antipodes de ce qu'il faudrait imaginer.

Concernant l'immigration, c'est le Front National, il faut bien que ce soit dans leur programme. Macron, lui, propose de supprimer des fonctionnaires : c'est quelque chose auquel j'adhère. Pourtant, j'y aurai été dix fois plus fort. J'adhère au fait qu'il veuille rester dans l'euro, renforcer l'Europe et essayer de corriger le problème.

Evidemment, je ne suis pas du tout pour avoir une sixième République : je pense qu'il y a beaucoup de pays qui marchent avec de vieilles institutions, et ça marche très bien. Il n'y a pas besoin de quelque chose de nouveau, parce qu'on ne sait pas comment on va s'en tirer. Donc, avec lui, ça colle un petit peu plus, même si le personnage en lui-même, je n'y crois pas forcément.

A mon avis, Marine Le Pen ne passera pas, même si je pense que 4 Français sur 10 voteront Front National. Je suis en Australie, donc pour moi, ce vote ne change pas grand-chose. Je suis plutôt content de ne pas être en France en ce moment. Je suis embêté pour mon pays : c'est cinq ans supplémentaires de perdus, surtout qu'il n'y a pas cinq ans de "disponible". C'est dommage. Mes amis qui sont encore là-bas sont dégoutés..."

 Léa, 22 ans, étudiante en commerce, originaire de Rhône-Alpes

 Léa retournera en France en milieu d'année.

 "Au premier tour, j'ai voté François Fillon car c'est celui qui se rapproche le  plus de mes valeurs. Son programme était le seul qui aurait permis de  relancer l'économie de la France. Il aurait supprimé l'ISF, un impôt qui  dissuade les investisseurs étrangers et fait fuir les riches. Cet impôt fait  perdre de l'argent à la France. Il aurait également supprimé 500.000  fonctionnaires pour raviver les caisses de l'Etat. 

 Du peu que j'ai vu du débat télévisé entre Le Pen et Macron, l'un comme  l'autre n'ont pas été convaincant. Passer son temps à critiquer les faits et le  programme de l'autre n'est absolument pas constructif et cela montre le peu  d'intérêt que portent candidats au peuple français. Je voterai quand même  pour Emmanuel Macron au second tour, afin d'éviter que le Front National ne soit au pouvoir de l'Etat français."

Constance, 20 ans, étudiante en deuxième année de Multimédia, originaire de la Haute-Vienne

Constance doit également bientôt retourner en France afin de poursuivre ses études.

"Au premier tour, j'ai voté Jean-Luc Mélenchon. C'était le seul qui parlait des sujets qui m'intéressaient vraiment, à savoir l'écologie et le social.

Pour moi, le premier tour était porteur d'espoir d'une vie meilleure. Là, ça me mine. Rien ne va changer par rapport aux cinq années précédentes.

Au deuxième tour, je voterai Macron, mais franchement, à contre-coeur. Il incarne pour moi la finance dans tous ses mauvais aspects. Mais bon, je ne souhaite absolument pas refermer les frontières. Si je m'écoutais, je m'abstiendrai, mais je ne vote pas pour moi : je vote pour le 10.001ème réfugié à qui on fermerait la porte, soit disant parce qu'on en a trop.

Pour ma mère, que Le Pen passe, ce serait une horreur. Elle penserait sérieusement à quitter la France."

Barbara, 44 ans, professeur de français, originaire de Paris

"On n'a pas le choix. Avec l'extrême-droite au deuxième tour, il faut voter pour Macron. Au premier tour, je ne me sentais pas représentée. J'ai failli voter blanc. J'avais promis de ne plus voter pour le PS, mais au dernier moment j'ai décidé de voter pour Hamon, même s'il n'était pas en mesure de gagner.

Au deuxième tour, je vais voter pour Macron, j'ai pas le choix.

Pour moi, c'est la marionnette des libéraux. Avoir comme Premier ministre une ex du MEDEF par exemple, ça craint. Re-foutre en l'air notre loi sur le travail, remettre en cause l'accès aux prud'hommes...cela me pose problème.

Si Marine Le Pen est au pouvoir, ça craint. Parce que moi je suis journaliste, si je veux bosser, ça va être dur..."

 

Evan Chedaille, 24 ans, responsable qualité en entreprise, originaire du Rhône

En tant qu'ancien militant Front National, Evan était également conseiller municipal à Saint-Genis Laval, une ville d'environ 20.000 habitants appartenant à la métropole de Lyon.

"Au premier tour, j'ai voté Marine Le Pen qui est un choix évident pour ma part, étant donné que depuis l'âge de 18 ans j'étais militant Front National pour la France et conseiller municipal dans la ville où j'habitais. Si j'ai fait ce choix, c'est que Marine est la seule candidate défendant la France, les Français et leurs intérêts, que ce soit en terme de protection de l'emploi - avec une priorité aux travailleurs français -, de santé ou encore d'identité afin de rendre les français fiers de leur pays, de leur histoire...

L'affiche du second tour est bonne car elle permet aux Français de choisir entre deux visions et programmes complètement opposés. L'un (Emmanuel Macron, ndlr) veut une France avec encore et toujours plus d'Union Européenne. Une France qui s'efface au profit de l'UE avec un genre de système supranational et qui s'inscrit dans la continuité parfaite du président actuel, François Hollande. Et l'autre, Marine Le Pen, qui défend une France plus forte et indépendante dans l'Europe et qui reste maître de ses décisions.

 La campagne d'entre deux tours a été plutôt dynamique  du côté de Marine Le Pen, contrairement à un Emmanuel  Macron qui était plus mou, qui a connu un ralentissement.  Bien évidemment, comme toujours, la majorité des  personnes se disant "bien-pensantes" se liguent contre  Marine Le Pen et nous ressortent le même discours à  chaque fois et même certaines fois un discours agressif et  irrespectueux envers les personnes ayant voté Marine Le  Pen, ce que je trouve vraiment moche.

 Au second tour, je voterai comme au premier. Je pense  qu'en plus des mêmes idées citées précédemment  (identité, emploi, santé...), je souhaite évidemment  confirmer mon vote du premier tour. Je voterai aussi pour  Marine au vu de ses engagements en terme de sécurité  pour la France. Marine est la seule à avoir un réel  programme. Elle est souvent accusée de profiter de  l'insécurité grandissante en France, mais qu'importe les  tristes évènements qu'ont connu la France dernièrement,  elle a toujours été constante dans son discours. Elle a une  certaine rigueur que les autres n'ont pas.

Pour ce qui est des résultats finaux, si nous devons nous fier aux résultats des intentions de vote, Emmanuel Macron serait président comme nous avons pu le constater ces derniers temps - beaucoup de choses ne se déroulent pas comme prévu ou comme certains voudraient le prévoir. Mais je dirai que ce second tour peut encore nous réserver des surprises et quoi qu'il arrive, Marine Le Pen sortira de cette élection plus forte et avec un paysage politique qui va se reconstruire entièrement puisque les partis dits "traditionnels" (PS et LR) que nous connaissons ont été sortis dès le premier tour d'une élection nationale.

A cet instant, rien ne change pour ma part en Australie. Je serai faiblement impacté par les résultats et venant d'avoir un visa, je compte rester ici pour, au minimum, les trois prochaines années. La seule chose, c'est si un jour je rentre en France, je serai plus heureux de revenir pour vivre dans un pays gouverné par Marine que par Macron. Car Macron est la continuité d'Hollande, donc la situation du pays ne s'améliorera pas. Je retournerai dans un pays qui, à mon sens, n'aura connu presque aucune évolution positive depuis mon départ.

Si on compare, la politique mise en place en Australie et la politique que voudrait mettre en place Marine Le Pen, elle est plutôt similaire avec une priorité en Australie pour les Australiens, que ce soit en terme d'emploi ou de santé : une immigration choisie et controlée. Et ici, nous ne sommes pas choqués, nous comprenons tout à fait que nous devons subvenir aux besoins pendant un temps avant de pouvoir accéder aux droits qui sont donnés en priorité aux Australiens. Nous comprenons que nous devons travailler, être détenteur d'un visa, que nous devons payer nos frais de santé et s'adapter au mode de vie australien si on veut pouvoir, un jour, rester sur ce territoire."

Sébastien Simon, 45 ans, gérant d'une entreprise de nettoyage, originaire de Chantilly

"Cela fait 11 ans que je vis en Australie donc n'étant plus en France, j'ai décidé de ne plus voter. Concernant les deux candidats du deuxième tour, aucun ne me convient, donc quoi qu'il arrive, j'aurai au mieux voté blanc. 

Au premier tour, j'aurai voté pour Jean-Luc Mélenchon. C'était celui qui se rappochait le plus des idées du peuple. Même sur le volet écologique, il avait un programme intéressant. Alors que c'est pas du tout mon parti à la base. Comme quoi on peut changer, il faut aussi savoir s'adapter et avoir des idées qui correspondent à votre style de vie.

A la base j'étais plus à droite, mais avec le temps, je m'apperçois que je n'ai plus besoin de parti et j'aurai tendance à voter pour les personnes qui proposeraient le programme le plus intéressant.

Je suis pas une personne raciste et toute fermée, donc le programme de Marine Le Pen ne me convient pas. J'ai grandi avec des familles musulmanes, j'ai plein d'amis qui sont noirs et j'ai jamais eu de problème... Donc je ne me vois pas voter contre l'immigration de personnes dans un pays.

Après pour Macron, on a eu François Hollande, maintenant on a le "fils", avec la même politique qui ne va rien changer. Moi, les gens de la finance, ça ne m'intéresse pas. Je pense plus aux gens qui sont autour de moi qu'aux gens qui ont déjà de l'argent. Il y a des gens qui crèvent la dalle et qui n'ont rien, donc à partir de là, il faut voir la vérité en face et ces gens là - Macron et consorts - ne voient pas la vérité en face. A partir de là, j'aurai voté pour aucun des deux candidats du deuxième tour.

Cette élection ne changera rien pour moi, étant donné que je n'ai pas l'intention de retourner en France. Mais j'ai beaucoup d'amis, beaucoup de famille, donc je me dis que pour eux ça va encore être la galère."

 Clément, 23 ans, titulaire d'un bac+2 Gestion, originaire du Lot-et-  Garonne

 "Au premier tour, j'ai voté pour Emmanuel Macron. Pour sa capacité à faire  barrage au Front National et car il répond à un compromis droite-gauche  dont la France a besoin étant donné le contexte économique actuel. Je  regrette cependant de nombreux points chez lui, notamment au niveau de la  lutte contre l'évasion fiscale, l'écologie et son soutien au monde de la  finance.

 L'affiche du second tour me fait peur. Enfin, c'est surtout l'engouement pour  le Front National. Si j'ai pensé à un revirement en faveur de Marine Le Pen,  à l'image de l'élection américaine et de Donald Trump, son cuisant échec au  débat m'a fait changer d'avis. Pour moi, Macron a de fortes chances de  gagner."

 Ninon Fournet, 18 ans, lycéenne, originaire de Loire

"Au premier tour, j'ai voté pour François Fillon. C'était un vote par défaut : aucun candidat à l'élection ne me paraissait avoir le bon profil pour être notre futur président. Sachant que le vote blanc n'a aucun impact, j'ai choisi de voter par élimination.

L'affiche du second tour ne m'a pas surprise, je m'attendais à retrouver ces deux candidats. Et je reconnais que je vais avoir beaucoup de mal à voter au second tour : Marine Le Pen représente un parti extrêmiste et nous savons que ce genre de parti a causé beaucoup de dégâts auparavant. De l'autre côté, Macron paraît être un arriviste : son programme n'a rien de pertinent.

De mon point de vue, la campagne de l'entre deux tours est ridicule. Le dernier débat télévisé en est la preuve : il n'y a eu absolument aucune discussion ou débat entre Marine Le Pen et Macron mais plutôt une querelle d'adolescent qui se battent pour savoir qui est le meilleur. Durant cette campagne, le peuple n'a eu aucune occasion de comparer véritablement les idées et les programmes de chaque candidat : il a plutôt été témoin d'une perpétuelle engueulade !

Au second tour, je voterai donc blanc. Je n'adhère à aucun parti et sait pertinemment que mon vote n'aura aucun impact : il est simplement représentatif de mon état d'esprit.

On ne se sent pas en France en ce moment et j'espère que le ou la futur(e) président(e) pourra remettre un peu d'ordre. Si je suis en Australie en ce moment, c'est parce que je n'ai pas pu trouver ce que je voulais en France. Le résultat de l'élection sera probablement décisif pour mon futur lieu de résidence." 

Crédit photos : AFP

Propos recueillis par Adrien Lévêque, lepetitjournal.com/sydney, vendredi 5 mai 2017

Le Petit Journal Sydney
Publié le 5 mai 2017, mis à jour le 5 mai 2017

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