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Singapura - Episode 6

Singapura Episode 6Singapura Episode 6
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 6 octobre 2017, mis à jour le 11 décembre 2017

Lepetitjournal.com/singapour vous propose depuis plusieurs semaines un rendez-vous hebdomadaire, chaque vendredi, avec un feuilleton dont les expats à Singapour sont les héros. 

Episode 6 – Lettre de Solène à Amandine

Ma très très chère sœur chérie,

Comment vas-tu ? Cela me fait tout drôle de t’écrire. J’ai été très heureuse de pouvoir te parler, et surtout de te voir mardi, quand nous avons échangé sur skype, mais j’avais envie d’autre chose pour nourrir ma relation si précieuse avec toi. Je sais que tu n’aimes pas beaucoup écrire. Je ne te demande pas de le faire. Contente-toi de me laisser t’écrire et répond-moi comme tu le souhaites. Ma petite soeur chérie, tu seras ma confidente.

Il faut d’ailleurs que je te dise combien tu me manques. Je crois qu’il ne se passe pas un jour sans que je regrette que tu ne sois pas ici, avec moi, pour voir tout ce que je découvre et pour sentir les bruits et parfums d’Asie : l’odeur de l’encens dans les temples, dont certains sont aussi petits qu’une maison de poupée, dans lesquels les gens laissent offrandes et prières ; l’odeur des frangipaniers, celle des fruits qu’on trouve sur les marchés, qui chatouille les narines ou, selon les cas, vous prend à la gorge ; celle encore de la cuisine asiatique, là aussi un mélange d’impressions agréables et déroutantes. Toi qui es si douée en dessin, je suis certaine que tu serais inspirée par ce spectacle quotidien et que tu ne tarderais pas à en retranscrire l’essence en utilisant toutes les couleurs de ta palette. Je t’enverrai des photos. Mais je t’avoue que je ne suis pas douée et que le résultat rend très mal compte de la réalité. Ce ne sont que des impressions qui donnent à voir les choses en deux dimensions alors que ce qui est bouleversant ici c’est justement leur épaisseur. Ferme les yeux un instant et imagine que tu te baignes dans une rivière, n’importe où, tiens comme ce ruisseau qu’il y avait en contrebas du champ où nous avions campé il y a 3 ans. Il y a la fraicheur de l’eau et la douce pression du flot qui fait le tour de ton corps, t'éclabousse les,jambes et s’écoule entre tes doigts. Il y a le bruissement de l'eau et le chant des oiseaux, le parfum des fleurs et l'odeur de la mousse. N’as-tu pas la sensation soudain d’être hors du monde, en connexion étroite avec la nature et comme saisie d’un élan de spiritualité ? Et bien c’est exactement l’ambiance dans laquelle je me trouve immergée ici, à ceci près que les gens sont partout et que je ne m’y sens pas du tout coupée du monde.

Ce n’est pas facile tous les jours. Au début j’ai beaucoup souffert de la chaleur. A présent je me suis habituée. J’essaye désormais d’éviter les endroits climatisés. A quoi cela servirait-il de vivre ici si c’est pour le faire avec les fenêtres fermées ? j’ai adapté mes horaires. Je sors quand il fait le plus frais, je devrais dire le moins chaud, le matin et en fin d’après midi. Le reste du temps, je reste à l’abri, chez nous ou bien à la bibliothèque ou encore dans un coffee shop. De temps en temps, je vais même courir dans le jardin botanique. J’y vais en fin d’après midi juste avant que le soleil ne se couche. Je cours une demi-heure; rien à voir avec les distances dont j’avais l’habitude en France. Je rentre ensuite me changer avant que Vincent revienne de son travail.

J’imagine ce que tu dois penser en lisant ces derniers mots. Et oui, je me suis transformée, en quelques semaines, en une gentille petite femme au foyer qui attend chaque jour patiemment le retour de son cher et tendre. Tu le sais, ce n’est pas vraiment l’idée que je me fais de la vie, mais enfin, si c’est seulement pour un an ou 18 mois ? Et puis c’est le train général dont vont les choses ici. Bien sûr il y a beaucoup de femmes qui travaillent, mais il y en a un nombre impressionnant qui semble n’avoir pas d’autres activité que de s’occuper de la maison, souvent avec l’aide d’une helper, des enfants et de leur scolarité. J’ai participé récemment à une visite au musée avec plusieurs d’entre elles. Quand je leur ai dit que je faisais une thèse sur Flaubert, cela n’a suscité l’intérêt de personne sauf d’une maman qui m’a demandé si je ne voudrais pas donner des cours à son fils qui passe le bac français cette année ( j’ai accepté). A la décharge des intéressées, la dimension des familles parmi les expatriés est incroyablement grande. J’entends parler la plupart du temps de familles de 4 ou 5 enfants et il y a, tout autour de moi, un nombre étonnant de femmes enceintes, à croire que, pour certaines, c’est un état permanent.

Ce n’est pas à l’ordre du jour en ce qui nous concerne. Nous essayons de profiter au maximum de notre séjour ici pour sortir et découvrir toutes les facettes de Singapour. Vincent est souvent crevé, mais je le pousse vaille que vaille à bouger. Au début il râle, mais à la fin il est content.

Gros bisous ma Mandine. – Ta sœur à qui tu manques énormément

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