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Singapura - Episode 12

Singapura Episode 12 épilogue feuilleton expatriés Singapour fiction romanSingapura Episode 12 épilogue feuilleton expatriés Singapour fiction roman
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 28 décembre 2017, mis à jour le 28 décembre 2017

Lepetitjournal.com/singapour vous a propose pendant 2 mois 1/2 un rendez-vous hebdomadaire, chaque vendredi, avec un feuilleton dont les expats à Singapour sont les héros.

Episode 12 – Colloc

Quand Vincent quitta le bureau, la nuit s’apprêtait à tomber. Le business district à cette heure changeait de visage. Ce n’était pas seulement les lumières des vitrines et des immeubles de bureau qui éclairaient la rue de l’intérieur comme de gigantesques lanternes. C’était aussi une ambiance différente. Une ambiance de fin de journée qui n’avait rien à voir, songeait-il, avec la frénésie des Franciliens, au même moment, se massant dans les transports en commun, la tête encore pleine des soucis de bureau et égrenant dèjà, bousculés dans les couloirs et les wagons bondés, la liste des choses qu’il fallait faire avant le dîner. A Singapour, à cette heure, les gens semblaient démarrer tranquillement une longue soirée paisible où l’on commencerait par un apéro sur la terrasse en plein ciel d’un restaurant au bord de la baie, avant d’aller dîner ensemble dans un food court ou carrément, le vendredi, dans l’un des estaminet qui débitait, dans la rue, exceptionnellement fermée à la circulation, saucisses frites, popiahs ou pratas, à consommer en groupe, debout, avec un verre de bière.

Vincent se hâtait car le ciel, surchargé de nuages gris, menaçait de dégorger à tout moment une averse violente et rapide, qui ne manquerait pas de tremper les rares piétons qui, comme lui, s’étaient insolemment risqués à faire la route à pied. C’était aussi, parce qu’on était jeudi, le jour où Solène et lui étaient en charge du repas pour leur petite coloc. Ce dîner du jeudi était devenu un moment important pour les quatre co-locataires. Chaque fois, le couple qui invitait l’autre cherchait à se surpasser. Solène s’était lancée la première avec une choucroute avec laquelle elle avait compté épater ses invités. Peine perdue, Bob connaissait parfaitement ce type de plats, à base de choux, qui était aussi un plat traditionnel en Chine du nord. Le jeudi suivant, Indira avait préparé, à l’indienne, tout un assortiment de petits plats à base de lentilles et d’épinard, de sauce tandoori et de nans au fromage. Les deux couples appréciaient ces moments d’échanges interculturels soutenus par la gastronomie. Force était de constater que les Français n’étaient pas les seuls à aimer la bonne chère et les débats interminables sur la bouffe et la politique. Solène et Vincent avaient trouvé dans leurs collocataires, des compagnons vifs et enthousiastes, qu’ils pressaient de question sur Singapour et la vie, localement, des communautés d’origine chinoise et indienne.  Avec Bob, Vincent parlait aussi souvent business. Graphiste de formation, Bob, à 28 ans, en était déjà à sa quatrième entreprise. Il rêvait de créer sa propre start-up et avait chaque jeudi une nouvelle idée qu’il soumettait à la critique bienveillante, souvent sans concession et parfois hilare, d’Indira, de Solène et de Vincent. Entre les deux jeunes femmes s’étaient aussi tissés, rapidement, de solides liens d’amitiés.C’était pour Solène, souvent seule, une amitié précieuse qui lui ouvrait des perspectives inédites sur Singapour.

Finalement, l’averse était tombée. Elle l’avait fait sans prévenir, rapide et terriblement efficace. Vincent avait senti les premières gouttes au moment où il quittait le business district et s’aventurait dans une sorte de no man’s land. Clip clop, les larmes du ciel avaient commencé à battre l’asphalte en rang serré et sonore. Le rythme, d’abord lent, s’était accéléré. L’instant d’après, il tombait des cordes. Vincent dût se rendre à l’évidence. Il avait pressé le pas et même tenté de courir, plaisante illustration de sa candeur et de son optimisme. La pluie l’avait prestement rattrapé et ne lui avait laissé aucune chance. Il était trempé avant d’avoir pu atteindre les premières possibilités de se mettre à couvert. Le plus cruel fut que l’averse s’arrêta net au moment prècis où il atteignait les premiers immeubles de Tiong Bahru sous les arcades desquelles il avait tenté d’aller se protéger de la pluie.

 Quand il arriva à l’appartement, il fit sensation. Solène, Indira et Bob étaient dans le salon, occupés à boire un pastis que Solène avait chargé de glaçons. En le voyant, Bob éclata de rire, cependant que Solène s’extasiait avec tendresse sur son allure « so cute » de chien mouillé.

  • Mmm ! s’exclama Vincent. Ca sent le boeuf aux carottes. Tu es une vraie petite cuisinière lançat-il à Solène en la prenant par la taille.
  • N’estce pas ? Je m’étonne moi-même. C’est en l’honneur de Bob et Indira. Je voulais à tout prix leur faire découvrir la recette de ma mère.
  • Tu aimes cuisiner ? demanda Indira
  • Je t’avoue que, jusqu’à présent, je n’avais pas passé beaucoup de temps derrière les fourneaux. Ma mère est une super cuisinière. Elle m’a appris à faire quelques plats. Mais je n’ai jamais été vraiment passionnée par les aspects pratiques. Ma sœur Amandine adore faire les gâteaux. De mon côté j’ai toujours préféré utiliser mon temps libre pour lire.
  • Tu lis beaucoup ?
  • Oui forcément, depuis que je fais des études de littérature, je suis obligée de lire énormément. Je n’ai d’ailleurs pas besoin de me forcer. J’adore ça. Cela m’a prise toute petite. Je ne crois pas me rappeler de vacances que je n’aie passées un livre à la main.
  • Je peux en témoigner, intervint Vincent. Solène a toujours un livre avec elle. Même quand on se promène, c’est toujours un livre à la main.

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