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TALENTS – La méritocratie à l’épreuve de la diversité

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 22 septembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

 A Singapour, le recrutement des futures élites de la Fonction publique s'effectue au travers de l'octroi de bourses aux meilleurs étudiants à la sortie du secondaire. Un système qui a démontré son efficacité mais qui est aujourd'hui critiqué pour sa trop faible diversité. 60% des bénéficiaires sont issus de seulement 2 institutions: Raffles et Hwa Chuong.

Bourses PSC.
Singapour se targue, à juste titre, d'être capable d'attirer les meilleurs talents vers les carrières de l'Administration et de la Politique. Elle le fait en offrant aux intéressés des perspectives de carrière  attractives assorties de salaires qui n'ont rien à envier au secteur privé et font pâlir d'envie leurs homologues occidentaux. Le Système singapourien est une réussite. Il a préservé la cité Etat de la corruption endémique dans la région et constitue, selon les termes de son principal architecte, l'ancien Premier ministre M Lee Kuan Yew, un facteur essentiel du développement exceptionnel de Singapour sur la scène économique internationale.

Décryptage: les bourses PSC, outil de recrutement des futures élites
Le système de bourses, administré par la PSC (Public Service Commission), est au cœur du dispositif de recrutement des futures élites de Singapour. Quand la France recrute et forme ses propres élites à travers le concours et le système des Grandes Ecoles, Singapour réalise cette sélection à la fin des études secondaires. Les meilleurs étudiants se voient offrir des bourses du gouvernement (PSC) qui leur donneront les moyens d'étudier, à Singapour et à l'étranger, dans les meilleures institutions, en contrepartie d'un engagement à servir ensuite l'Etat pendant une période minimum. En 2012, 62 étudiants ont bénéficié d'une bourse du gouvernement et 5 d'une bourse du Président. Le système a l'avantage de la souplesse. Il évite les risques d'une uniformisation des parcours académiques et encourage les étudiants, dans une très large proportion, à accomplir leurs études à l'étranger.

Les choix d'études des boursiers en 2012 couvrent un large spectre allant des humanités jusqu'aux sciences en passant par le Droit et la finance:

Boursiers par type d'étude

Les boursiers du président* fréquentent volontiers les meilleures institutions anglo saxonnes:

Bourses du président

Pas assez ouvert
Mais ce système des bourses est aussi critiqué. Il est accusé de réduire la mobilité sociale en réservant de facto l'essentiel des subsides à la frange de la population la plus aisée. Une problématique majeure, car la classe politique et la haute fonction publique ont tout à gagner à refléter les différentes composantes de la population et parce qu'il est essentiel que les singapouriens demeurent convaincus que les plus méritants d'entre eux, quelle que soit leur situation d'origine, conservent toutes leurs chances de gravir la hiérarchie et d'accéder aux avants postes de conduite des affaires du pays. De fait l'analyse de l'origine des bénéficiaires de bourse au cours des 2 dernières années montre que 60% sont issus de seulement 2 institutions : Raffles et Hwa Chong. Peu importe que la situation actuelle montre une amélioration par rapport à 2007 quand le même ratio avait atteint le record de 87%, le dispositif des bourses du gouvernement montre ainsi ses limites à promouvoir une véritable mobilité sociale.

Oui à la diversité. Non à la discrimination positive
"Nous avons besoin, déclarait récemment M Eddie Teo, Président du PSC, d'un service public divers pour éviter la pensée unique et apprécier les besoins d'une population singapourienne diverse". Pour corriger la situation, les responsables de PSC ont organisé la promotion du dispositif dans les autres institutions et ont fait évoluer le processus de sélection des boursiers. Hier strictement fondés sur les résultats académiques , les outils de sélection intègrent dorénavant des entretiens psychologiques et des tests psychométriques pour déterminer des éléments tels que le leadership, les compétences relationnelles et la résilience; même si les critères fondamentaux restent par ailleurs d'abord l'intégrité et l'engagement à servir Singapour. "Le message est diffusé auprès des étudiants", indique M Tan Kek Lee Yong, Principal de Pioneer Junior College, "qu'ils n'ont pas besoin d'avoir obtenu les meilleures scores sur le plan académique. S'ils ont à leur actif des réalisations remarquables, ils ont une chance".

Mais méritocratie ne signifie pas discrimination positive. S'il s'agit bien d'ouvrir le recrutement et de faire la démonstration que la mobilité sociale est possible, la démarche à Singapour ne saurait passer par la mise en place de formes de discrimination positive.

Bertrand Fouquoire (www.Lepetitjournal.com/Singapour) lundi 23 septembre 2013

* source : PSC - http://www.psc.gov.sg/content/psc/default.html

logofbsingapour
Publié le 22 septembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

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