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TROUVER UN JOB EN CHINE - Les conseils de deux pros en Ressources Humaines

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 19 avril 2016, mis à jour le 20 avril 2016

 Par Delphine Gourgues

Malgré un contexte économique moins favorable qu'il y a 5 ou 10 ans, les opportunités professionnelles sont encore très nombreuses et variées en Chine, et notamment à Shanghai. Nous nous intéressons aujourd'hui à différents groupes d'actifs en recherche de travail : les jeunes diplômés, les jeunes professionnels de 30-40 ans, les conjoints d'expatriés, mais aussi les managers arrivés en tant qu'expatriés et  qui veulent prolonger leur expérience en Chine. Quels jobs peuvent-ils espérer trouver? Comment peuvent-ils donner un coup d'élan à leur carrière ? Nous avons rencontré Matthieu Beaurain et Eric Egiziano, du cabinet LINCOLN Associates Asia pour aborder toutes ces questions.

(crédits photo : Delphine Gourgues)

Lincoln Associates, créé à Paris en 1992, est implanté en Asie depuis 2010, avec un bureau à Shanghai et un à Singapour. Spécialisé notamment dans les secteurs de la distribution de luxe, des biens de consommation, des services (banque, assurances, finance), ce cabinet propose des candidats aux postes de direction générale / comité de direction, dans les fonctions finances, RH et juridique, ou encore dans le digital. Ses clients sont essentiellement des entreprises françaises, européennes et américaines, qui recherchent avant tout des profils de langue maternelle chinoise (et aussi parfois des occidentaux sinophones ayant une certaine séniorité en Asie). Matthieu Beaurain occupe le poste de CEO Group de Lincoln Associates depuis 2000 et est basé à Shanghai depuis septembre 2015. Eric Egiziano est dans le groupe depuis 2007 et en est le General Manager China depuis 2013.

Lepetitjournal.com Shanghai : De nombreux jeunes fraîchement diplômés viennent encore tenter leur chance à Shanghai. Comment leur conseillez-vous de s'y prendre ?

M. Beaurain et E. Egiziano : Tout d'abord, il faut bien sûr avoir une maîtrise de l'anglais parfaite. Et concernant le mandarin, le niveau HSK 3-4 est un minimum, l'idéal étant le HSK 5? Certains passent leur première année à l'université en intensif pour améliorer leur niveau de façon significative. Les entreprises à viser sont les grands groupes internationaux ou à l'opposé les start-ups et PME fondées par des entrepreneurs français. Ces petites et moyennes structures sont très nombreuses ; pour les identifier, on peut contacter la CCIFC (Chambre de Commerce et d'Industrie France Chine), les JEF (Jeunes Entrepreneurs Francophones de Shanghai), Paristech, la French Tech, ou encore l'association Intuition RH par exemple. La dynamique des jeunes entrepreneurs est très forte ici. Il convient toutefois de démythifier l'eldorado que Shanghai a pu représenter par le passé. Les jeunes diplômés se doivent d'avoir un projet mûri et construit. Et se poser la question cruciale : "En quoi la Chine peut-elle avoir besoin de moi ? En quoi suis-je différent d'un jeune diplômé chinois ?". Car le niveau des universités chinoises a énormément progressé, et celles-ci n'ont rien à envier à leurs concurrentes européennes?

Conseil : Dès la fin des études, le réseau est à construire. Ne pas hésiter à transférer ses contacts français (entreprises où l'on a fait un stage?) en Chine (dans les filiales asiatiques). Mais il faut donner envie à ce que l'on vous "sponsorise", comme dans une démarche de mentorat. WeChat est aussi un atout extraordinaire dans le domaine du recrutement, mais attention au contenu de ses publications personnelles !

D'autres personnes ont déjà une première expérience professionnelle de type middle management en France ou ailleurs, et souhaitent donner un nouveau souffle à leur carrière en Chine. Ont-ils leur chance ?

Qu'ils soient d'anciens V.I.E. (Volunteering for International Experience)  ou stagiaires, ou encore de jeunes cadres qui souhaitent s'installer quelques années à Shanghai, le meilleur angle pour eux sera leur expertise sectorielle. Ils doivent tabler sur leurs compétences métiers, de préférence bien spécifiques et en pénurie ici (éviter les gros transferts ou changements de carrière à ce stade). Les entreprises à viser seront en priorité les groupes internationaux. Quant au mandarin, il sera un facilitateur, c'est évident. Pour ceux qui ont déjà eu une expérience en Chine, il peut être très utile d'améliorer son niveau lors du retour transitoire en France, surtout si son expertise n'est pas unique. Et la maîtrise de la langue peut ouvrir des opportunités sur des postes de liaisons entre des équipes locales ne parlant pas anglais et la structure internationale par exemple. Le fait d'avoir déjà vécu 2 ou 3 ans ici est un autre atout qui peut séduire les entreprises. Et la question de la durée d'engagement doit avoir été mûrement réfléchie?

Conseil : Pour ceux qui ne parlent pas vraiment le mandarin, il est important d'identifier les postes pour lesquels le chinois n'est pas indispensable. Et pour éviter toute déconvenue, vérifier que les équipes sur place parlent bien anglais !

Quant aux conjoints d'expatriés, femmes ou hommes, ils sont nombreux à vouloir profiter du dynamisme de Shanghai pour y travailler eux aussi. Quelle attitude adopter ?

(crédits photo : XiXinXing/Corbis)

Le premier conseil est de ne pas vouloir travailler à tout prix en se positionnant comme généraliste ("Je peux tout faire !"). Il est important d'identifier et valoriser son propre positionnement fondé sur un socle de compétences, bref se recentrer sur ce qui a été son c?ur de métier. Ensuite, au fil des rencontres, il est tout à fait envisageable d'élargir le champ des possibles? Cette attitude de "recentrage" est en général excellente pour la confiance en soi, qui est souvent écornée par cette situation de "conjoint d'expat". Et l'implication dans les associations diverses, les groupes de sportifs, à La Ruche pour les femmes etc., est indispensable pour se faire connaître, construire un réseau, activer la solidarité. Pour ceux et celles qui ont une compétence spécifique, ils seront très intéressants pour les entreprises car ils peuvent prétendre à un contrat de travail local. Et pas d'inquiétude, le niveau de salaire proposé ne sera pas forcément inférieur à l'équivalent en France. On peut être compétitif en Chine sans se brader !

Conseil : Le trou dans le CV ? Il faut l'a-ssu-mer ! Il est d'ailleurs beaucoup moins problématique pour les recruteurs aujourd'hui. Sans déguiser la réalité, il faut savoir mettre en avant tout ce que l'on a appris lors d'une expatriation, notamment au niveau culturel et comportemental : nouvelle culture, nouvelle langue, nouvel environnement,  mais aussi formation en ligne du type MOOC ou en université, investissement dans le milieu associatif? Tout cela est très apprécié et reconnu ! Et l'on remarque que ceux qui trouvent le plus facilement sont ceux qui ont le plus envie de rebondir et qui savent faire preuve de souplesse (sur le niveau hiérarchique, le statut etc.).

Enfin, il existe aussi des managers, arrivés à Shanghai avec un statut d'expatrié pour le compte d'un groupe international, et qui décident au bout de quelques années de changer d'entreprise pour pouvoir rester en Chine. Quelle démarche leur conseillez-vous ?

Quelques liens
et contacts utiles :

Le plus important est la préparation à ce changement. Elle ne doit pas démarrer trois mois avant la fin du contrat d'expatriation? Il faut rapidement cultiver son employabilité pour son avenir. Beaucoup de cadres et managers, dans le feu de l'action et le tourbillon professionnel local, délaissent un peu trop leur réseau, c'est une erreur ! Dès son arrivée, il est essentiel de cultiver ses relations avec ses partenaires, ses fournisseurs, les anciens de son école ou université, les cabinets locaux de ressources humaines, et toute entreprise rencontrée. La question de la rémunération doit elle aussi être anticipée : calculer tous ses besoins et ceux de sa famille (logement, école, voiture?). Il y a certes un risque de déséquilibre, mais pas toujours, car de nombreux Chinois ont aussi des exigences salariales très élevées ! Tout se jouera encore une fois sur la singularité de son positionnement. Mais il y a un vrai marché, car les entreprises n'ont pas toujours un vivier d'expatriés suffisant, et les PME et ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) implantées en Chine n'ont souvent pas du tout de culture d'expatriés. Un candidat qui a les compétences managériales, l'expérience du pays et qui souhaite s'engager dans la durée est un profil très attractif ! 

Pour conclure, et quel que soit le profil, "le plus important est de savoir DONNER ENVIE", souligne Eric Egiziano. "Cette envie, portée par de solides compétences, peut ouvrir les portes sur de belles histoires professionnelles."

Retrouver nos précédents conseils de pro dans notre rubrique Pratique

Delphine Gourgues lepetitjournal.com/shanghai Mercredi 20 Avril 2016

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 19 avril 2016, mis à jour le 20 avril 2016

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