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CONSOMMATION - Comment le "made in China" bouscule les équilibres

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 8 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017

La Chine connait ces dernières décennies un développement fulgurant, qui s'accompagne de profonds changements dans la société chinoise. Depuis l'ouverture économique du pays, le pays inonde le monde de ses produits "Made in China". Mais plus récemment, une classe moyenne nombreuse accède à la société de consommation et la production domestique ne suffit pas toujours à couvrir la demande. Et l'importation n'est pas sans effets sur des ressources sensibles.

Les ânes d'Afrique en péril

La gélatine contenue dans la peau d'âne est utilisée pour fabriquer de l'ejiao, un remède de médecine traditionnelle chinoise connu pour traiter divers troubles, comme la toux, l'insomnie, l'anémie ou les troubles menstruels. Auparavant réservé à la famille impériale, ce remède est maintenant accessible à la classe moyenne chinoise dont les revenus ont nettement augmenté. Un marketing ciblé sur un discours promettant aux femmes prenant ce remède de rester jeunes et aux hommes d'améliorer leur virilité a encore accru la demande.

Mais en parallèle, la population d'ânes chinois a chuté de près de la moitié après deux décennies de croissance économique, l'animal n'étant tout simplement plus indispensable à l'activité agricole ou au transport. Les fabricants de ce remède se sont donc tournés vers l'Afrique, où les populations d'ânes restaient florissantes.

Au Niger, près de 80 000 ânes ont été exportés vers la Chine en 2016, comparé à 27 000 en 2015. Pourtant ce marché en plein essor n'a pas que des avantages pour les populations locales. Le prix par tête est passé de 34 $ à 147 $, une augmentation énorme pour les agriculteurs et les commerçants qui ont besoin d'acheter des ânes pour maintenir leurs moyens d'existence. Les responsables redoutent aussi que la demande à l'export décime les populations d'ânes locales. En réponse, le gouvernement a interdit les exportations de l'animal. D'autres pays incluant le Burkina Faso, le Botswana et le Kenya ont suivi cette décision. Cependant, elle ne sera peut-être pas suffisante car du fait des tarifs élevés, les ânes sont une cible de choix pour les braconniers.

Autres exemples

Ce type de phénomène n'est pas nouveau, la consommation chinoise de cornes de rhinocéros ou d'ailerons de requins basée sur leurs supposées vertus a également mis en danger ces espèces. Et l'interdiction récente du commerce de l'ivoire commence à porter ses fruits. On note en effet une baisse de son prix, entraînant une baisse de la demande et la diminution des massacres d'éléphants.

Les tensions sur le marché de l'or constituent un autre exemple. Les ménages chinois dont les ressources augmentent veulent placer leurs économies dans une valeur sûre. Mais du fait de la taille de la population, la production mondiale d'or ne sera pas suffisante pour couvrir cette forte demande.

Enfin d'autres phénomènes de consommation de masse plus anecdotiques ont été relayés dans les médias ces derniers mois. Ces produits populaires qui font le buzz sur les réseaux sociaux ont même un nom, les wanghong ??. Récemment, des files d'attente de plusieurs heures étaient nécessaires pour goûter aux différentes variétés de thé Heyday à Shanghai. Ces épi-phénomènes ont lieu chaque année, un produit que tout le monde veut tester, et surtout montrer à ses contacts qu'il l'a testé, remplaçant vite le suivant. Dans ce cas également, la demande excède de loin l'offre mais il n'y a pas de graves conséquences.

À surveiller

Les phénomènes de consommation de masse prennent en Chine une autre dimension du fait de la taille de la population, d'un pouvoir d'achat qui augmente rapidement mais aussi de l'impact des réseaux sociaux. Cependant, la taille de ce nouveau marché fait que la demande dépasse souvent l'offre et peut engendrer des effets nocifs lorsque des ressources naturelles sont en jeu. Il est donc nécessaire pour les pays commerçant avec la Chine de le faire de manière raisonnée en veillant à protéger leurs ressources et leurs populations. Et au vu des exemples passés, il serait souhaitable que les Chinois ne se mettent pas à apprécier le chocolat trop vite. Sous peine de voir s'envoler le prix de la tablette !

Sources : theguardian.comnypost.combusinessinsider.com

Martine Caron lepetitjournal.com/shanghai Vendredi 9 juin 2017

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 8 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017

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