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AYIS, CHAUFFEURS…QUI SONT-ILS VRAIMENT ? – Petite enquête sur ceux que nous côtoyons au quotidien à Shanghai

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 5 mai 2015, mis à jour le 2 mai 2015

Par Delphine Gourgues

Même si tous les expatriés n'y ont pas recours pas systématiquement, les ayis, chauffeurs, professeurs de chinois, personnels de service dans les compounds font souvent partie de leur vie de tous les jours et facilitent le quotidien à Shanghai, à la maison, au travail, pour se déplacer.  Mais les connaissons-nous vraiment ? Nous avons recueilli quelques témoignages pour en savoir un peu plus?

Ils s'appellent Anna, Cathy, Chen Si Xiu, Gary, He, Jack (cf. photo ci-contre), Jason, Wang Zhiyu? Ils se sont volontiers prêtés au jeu et ont accepté de répondre à nos quelques "questions-vérité".

Carte d'identité : un profil représentatif de la classe moyenne de la population chinoise ?

Agés de 30 à 50 ans en moyenne, les chauffeurs sont des hommes, les ayis et professeurs de chinois sont des femmes, et pour les personnels de service de compounds, c'est mixte. Ils sont mariés le plus souvent, avec enfant, mais le nombre d'enfants n'a pas toujours  été précisé quand il y en avait plus d'un? Ceux qui n'ont pas encore d'enfant, comme Gary, affirment vouloir "profiter d'être à deux, de gagner du temps et de l'argent". La plupart d'entre eux vivent  à Shanghai avec leur conjoint, et leur famille (c'est-à-dire les parents) à proximité. En effet, même s'ils ne sont pas tous originaires de Shanghai, ils ont souvent réussi à faire venir leurs parents près d'eux. On voit donc que la famille reste un pilier important de leur équilibre de vie et que la vie en couple avec enfant(s) reste encore une norme largement répandue.

D'origine shanghaienne pour beaucoup?

C'est ce qu'ils déclarent fièrement en tout cas ! Pour la plupart, ils sont nés à Shanghai et leurs familles sont également originaires de la ville. Quelques-uns comme Chen Si Xiu (cf. photo ci-contre), Wang Zhiyu ou Cathy se distinguent, provenant de la province de Anhui ou de la ville de Nanchang (dans le Jiangxi). Mais on observe que ces deux provinces sont géographiquement assez proches de la région de Shanghai. Quand ils ne vivent pas depuis toujours à Shanghai, ils sont venus s'installer ici il y a déjà un bon nombre d'années et restent fidèles à leur ville d'adoption. Certains, comme Cathy, affirment même que Shanghai "est leur seconde ville natale !". Ils habitent en général non loin de leurs lieux de travail, ce qui est peu surprenant en raison de l'intensité grandissante du trafic? Et logiquement, étant donné leurs origines shanghaiennes, peu ont l'occasion d'aller voir de la famille ailleurs. Si toutefois c'est le cas, ce n'est pas forcément tous les ans pour le Chinese New Year. Une tradition en perte de vitesse dans les grandes villes ?...

I love Shanghai !

(Crédit photo : benjamescole.com)

A l'unanimité, ils aiment cette ville ! Les raisons invoquées sont multiples : le dynamisme, la rapide modernisation, les multiples opportunités de travail, la cuisine? mais le côté prospère, moderne et international revient le plus souvent. Anna, professeur de chinois, qui a eu l'occasion de voyager et vivre à l'étranger affirme que, même si elle aime beaucoup certains pays, c'est vraiment Shanghai qu'elle préfère ! Dans l'ensemble, peu d'entre eux sortent de la ville. Cathy mentionne cependant qu'elle aime les villes d'eau comme Zhouzhuang. Gary, lui, est sorti deux fois de Shanghai dans sa vie, une fois pour aller à Suzhou et une fois à Hong-Kong, mais avoue de ne pas avoir trop le temps, ni l'envie? "Je trouve tout ce dont j'ai besoin à Shanghai !" déclare-t-il enthousiaste.

Un travail stable qui leur plait

Si beaucoup d'entre eux ont un seul employeur, quelques-uns comme Chen Si Xiu ou Wang Zhiyu (cf.photo ci-contre), toutes les deux ayis, ont de deux à quatre employeurs. Le nombre d'heures de travail quotidien est en moyenne de 10h (de 6 à 15h selon les professions) et dans la grande majorité, on observe une bonne stabilité de l'emploi. En effet, les changements d'employeurs sont le plus souvent du fait des mutations des expatriés et surviennent tous les trois à quatre ans en moyenne. Et trouver un nouveau job ne semble pas un problème. Côté formation, en dehors des ayis, ils ont dans l'ensemble le niveau bac ou même bac+3 pour certains (personnel de service). L'apprentissage  de l'anglais est important voire indispensable pour la plupart d'entre eux, et sa pratique fait le plus souvent partie de leur quotidien, surtout pour ceux qui travaillent dans des compounds, et ils aspirent tous à améliorer leur niveau. Notons au passage que certains parlent d'autres langues, telles que l'allemand ou même le français que Cathy apprend 4h tous les samedis, "car il y a beaucoup de Français dans le compound" !

Ils déclarent tous aimer leurs métiers respectifs, qu'ils exercent depuis plusieurs années, après avoir été chauffeurs de taxi, vendeurs, employés dans des restaurants, assistantes auprès d'enfants ou de personnes âgées? Notons que l'Exposition Universelle a été une opportunité professionnelle pour certains, et que d'autres comme Cathy ont même exercé un métier dans le commerce international auparavant. L'ouverture de Shanghai sur le monde est donc bien réelle pour beaucoup ! Et à la question plus précise des bons et mauvais cotés de leur travail, les réponses sont variées. Quelques-uns ont délicatement écarté le sujet? mais dans l'ensemble, ils apprécient tous le contact avec les gens, les nouvelles rencontres, la conduite pour les chauffeurs, la cuisine pour les ayis. Beaucoup déplorent leurs salaires trop bas et voudraient travailler plus ! Jason (cf photo ci-contre), chauffeur, aimerait aussi pouvoir faire plus de sport, pas évident lorsque l'on conduit toute la journée ! Notons un point intéressant soulevé par Anna, celui de l'assurance maladie. En effet, elle dit devoir négocier dur pour bénéficier d'une couverture maladie payée par son école de langues, mais devrait enfin obtenir gain de cause sous peu?

Leur vie aux côtés des étrangers et expatriés

Travailler pour des étrangers n'est pas nouveau pour eux, ils le font tous depuis cinq à dix ans en moyenne. Nous leur avons demandé s'ils percevaient des différences entre les nationalités étrangères, et s'ils avaient des préférences? Certains, comme Gary, ont souligné des différences d'ordre physique entre Européens et Américains (oui, on parle bien du tour de taille !). Dans l'ensemble, selon eux, il n'y a pas de gros écarts de comportement ou de mentalités entre les Européens, "ils sont tous amicaux et gentils" souligne Wang Zhiyu. Les Français sont jugés plus romantiques,  avec de délicates attentions pour leurs épouses ("ils achètent des fleurs, les tiennent par la main")? Mais de toute évidence, les différences les plus remarquées sont entre les Chinois et les Européens, et certains osent même dire qu'ils préfèrent largement travailler pour des Européens pour leur ouverture d'esprit ! Si elle travaille pour une seule école de langues, Anna (cf photo ci-contre) a des nombreux élèves, jusqu'à trente par semaine. Elle adore cette variété et cette mixité. Et ce qu'elle apprécie le plus chez ses élèves étrangers, c'est qu'ils sont "moins stressés, plus cools" et qu'ils aiment aussi apprendre en faisant de la conversation, et pas uniquement en suivant le manuel. Souvent, ses élèves deviennent même des amis par la suite. Ses proches la surnomment d'ailleurs gentiment "banana face" ou ABC (jaune dehors mais blanc à l'intérieur, avec un langage ABC).

Et demain ? A Shanghai mais en mieux !

Quand nous leur avons demandé comment ils se voyaient dans cinq ou dix ans, ils se sont presque tous projetés à Shanghai. Seule Chen Si Xiu aspire à retourner à terme dans sa province de Anhui. Faire le même métier leur conviendrait parfaitement, mais mieux payé ! Et si une meilleure opportunité se présente, pourquoi pas ! Jack, lui, aimerait bien un jour monter sa propre affaire et Anna espère gagner suffisamment d'argent pour aller visiter un nouveau pays ou une nouvelle ville chaque année ! Quant à Cathy (cf photo ci-contre), partir à l'étranger est un rêve qu'elle caresse, sans trop y croire malgré tout?

Carole, Marie-Eve et Delphine remercient chaleureusement Anna, Cathy, Chen Si Xiu, Gary, He, Jack, Jason et Wang Zhiyu pour leurs témoignages, ainsi que Valérie pour ses traductions.

Delphine Gourgues lepetitjournal.com/shanghai Mercredi 6 mai 2015

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 5 mai 2015, mis à jour le 2 mai 2015

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