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EDUCATION – Brésil, avatars d'un système éducatif inégalitaire (1/2)

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 15 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Vivement critiqué depuis la fusillade dans une de ses écoles, le système éducatif brésilien est aujourd'hui remis en cause par différents professeurs qui réclament des réformes. En deux parties, lepetitjournal.com propose un panorama de l'éducation au Brésil et des problèmes qu'elle rencontre

Faut-il croire les chiffres ? Ceux-ci peuvent être trompeurs. D'après les estimations de l'IBGE - Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques - aujourd'hui, 99% des enfants entre 7 et 14 ans sont scolarisés. "C'est faux ", nous affirme Elena Baumeny, sociologue spécialisée dans l'éducation. "Il n'y a pas d'enseignement pour tous. Le problème n'est pas d'entrer à l'école, mais de la finir. Peu d'enfants vont jusqu'au bout du collège ".

Le système éducatif brésilien est organisé différemment de son homologue français. Il est divisé en trois, en ce qui concerne l'enseignement basique : jusqu'à 6 ans, les enfants ne vont pas à l'école mais dans ce qui se rapproche plus d'une crèche ; c'est la période de « l'éducation infantile ». Puis, de 6 à 14 ans, c'est la période de « l'enseignement fondamental ». Enfin, de 15 à 18 ans, « l'enseignement moyen » se clôt par le vestibular, l'équivalent du baccalauréat.
"Le Brésil est un pays curieux ", poursuit Elena Baumeny. "Il s'est toujours beaucoup plus occupé de son système universitaire que de l'enseignement moyen et fondamental ". C'est pourquoi, en apparence, le système éducatif brésilien a l'air si efficace : il forme de très bons étudiants. Mais il en forme peu. Un étudiant qui parvient à avoir une formation continue et à entrer dans une université aura la certitude d'avoir une éducation de très bonne qualité. Mais c'est un parcours auquel peu d'élèves ont la chance d'accéder.

La question de l'universalisation de l'éducation

C'est entre l'enseignement fondamental et l'enseignement moyen que le fossé se creuse : moins de 40% des élèves inscrits vont jusqu'au bout de ce dernier. Jusqu'aux années 80, la "grande question éducationnelle" était le surpeuplement des classes. Ce problème a été relativement réglé (les enfants brésiliens n'ont cours qu'une demi-journée par jour, soit le matin, soit l'après-midi), et lorsqu'il était au pouvoir, Fernando Henrique Cardoso a établi comme nouvel objectif l'éducation pour tous.

Car le problème n'est plus celui du manque de places : aujourd'hui, les enfants vont à l'école, mais ils n'apprennent rien. Le problème du surpeuplement a été remplacé par un problème de qualité d'enseignement. Dans les écoles publiques, les classes d'âge se mélangent, et bon nombre d'enfants sortent de l'enseignement fondamental sans savoir lire. Du coup, ils n'ont aucune chance de rentrer dans un enseignement moyen, et leurs études s'arrêtent là.

Élitisme et disparités régionales

"Historiquement, la politique éducationnelle brésilienne a toujours été élitiste. Ils ont pris le parti de former l'élite, mais former l'élite ne veut pas dire former tout le monde" confirme Elena Baumeny. "Si vous voulez une bonne éducation, il faut payer ". Si on a lancé des politiques de quotas récemment, c'est une politique d'amélioration de l'enseignement fondamental, à long terme, qu'il faudrait lancer. "Mais le temps politique et la discontinuité entre les gouvernements l'empêchent. "
Et la taille du pays ne facilite pas les choses, car la situation change du tout au tout selon les régions. Si l'éducation publique est très performante dans un État riche comme celui de São Paulo, elle l'est beaucoup moins dans certains États du Nordeste qui n'ont pas les moyens de payer et de former leurs professeurs. Sans parler des infrastructures. Si le littoral est un peu l'arbre qui cache la forêt, dans l'intérieur du pays, l'analphabétisme est encore un fléau très répandu.

Lucas ROXO (www.lepetitjournal.com - Brésil) Mercredi 15 juin 2011

lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 15 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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