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BOLA LATINA - Crise au Santos FC, la Baleine en danger d'extinction

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 28 janvier 2015, mis à jour le 28 janvier 2015

Au Brésil et dans le paysage du football mondial en général, le Santos FC, avec ses huit championnats nationaux, ses trois Copa Libertadores et ses deux coupes intercontinentales, est une légende. Neuvième du dernier Brasilerão, "o Peixe" affronte actuellement une grave crise financière qui met le futur de ce monument en péril. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Pelé, nous raconte notre nouveau partenaire, le blog Bola Latina.

Le dernier scoop en date pousse à la consternation : n'ayant plus assez d'argent pour renouveler le contrat d'un prestataire, le Santos FC n'a pas pu entretenir le terrain de la mythique enceinte de Vila Belmiro. Canicule aidant, les photos affichées ça et là dans les médias montrent une pelouse jaunie, indigne du prestige de son écrin.

Ceci n'est que la dernière preuve en date de cette décrépitude, la liste est encore longue : redevable de la somme de 12.000 réais à un opérateur, les lignes téléphoniques sont coupées, les salaires, des employés aux joueurs, sont en retard, de trois mois pour certains, leurs plans de santé ne sont plus assurés et la valeur des factures impayés d'électricité et d'eau, approchant chaque jour le club d'une coupure, s'élèvent respectivement à 130.000 et 180.000 réais. Les Blanc et Noir vont même jusqu'à être endetté auprès de la municipalité de Santos pour? des fleurs, que celle-ci avait avancé pour des célébrations.

Comme l'on peut s'y attendre dans pareil cas, le club portuaire voit peu à peu son effectif être délesté de ses cadres : Edu Dracena (Corinthians), Leandro Damião (Cruzeiro) et Alan Santos (Coritiba) ont déjà officiellement mis les voiles, tandis que Neto, Alison (Internacional), Robinho (Flamengo ou Orlando City), le Chilien Mena (Cruzeiro ou Boca Juniors) et Arouca (Palmeiras) négocient leur départ. Ces deux derniers, ainsi qu'Aranha, le gardien titulaire qui intéresse également Palmeiras, ont d'ailleurs traîné leur future ex-équipe devant les tribunaux en raison des retards de paiement.

Un mal vieux de 15 ans et le fantôme de Neymar
Comment le club du roi Pelé et du petit prince Neymar a bien pu tomber aussi bas ? En réalité, ses difficultés financières sont bien plus anciennes que l'on pourrait le croire.

L'an 2000 est celui d'une nouvelle ère pour les Santistas, celui du renouveau. Le président, Marcelo Texeira, est très ambitieux et promet dès son élection le retour des grands titres, qui se font désirer depuis 1968. Porté par de jolis petits poissons en devenir, Robinho, Diego et Elano, le gros poisson retrouve le chemin du succès national dès 2002, puis remet le couvert en 2004. Mais la gloire a toujours un prix, et dans le but de faire durée le plaisir, Marcelo Texeira a la chouette idée d'emprunter à des fonds d'investissements privés pour payer ses vedettes. Bien vu : l'année de son départ, en 2009, Santos affiche déjà une dette de 222 millions de réais.

La génération dorée de 2009
Fort heureusement, 2009 voit éclore une seconde génération dorée : Danilo, Ganso et surtout la pépite, la poule aux ?ufs d'or, Neymar, qui offre en 2011 sa troisième Copa Libertadores au club. Le jeune prodige offrira bien plus encore à son club formateur que ses camarades et ses aînés. En effet, le nouveau président Luis Alvaro Oliveira Ribeiro profite de l'extraordinaire charisme de Neymar pour attirer de nombreux sponsors et renflouer les caisses. Mais le "Menino da Vila" ne fait que retarder l'échéance et son départ révèle au grand jour le grand vide qu'il comblait par sa seule présence. "O Peixe" ne peut pas réellement profiter de la colossale somme du transfert de son joyau, puisque, comme on a pu l'apprendre grâce au scandale qui a éclaboussé le FC Barcelone la saison passée, celle-ci a été en grande partie divisée en de nombreuses commissions concernant d'autres ayants droit que Santos.

Odílio Rodrigues Filho, le successeur de Luis Ribeiro, qui a quitté ses fonctions en 2013, n'améliorera en rien la situation. Preuve en est la signature il y a un an, toujours avec l'aide de fonds d'investissement, dans le cas présent Doyen Sport, de Leandro Damião pour une somme record de 42 millions de réais. Recrue qui aboutira en plus de cela sur un bilan sportif mitigé et un départ pour le Minas Gerais.

Former et économiser pour se relever
L'heure est donc à l'austérité pour le club désormais présidé par Modesto Roma, qui admet bien volontiers que la situation du club est alarmante. Celui-ci investit sa fortune personnelle dans l'affaire, mais a également confessé avoir réalisé un nouvel emprunt. Modesto Roma positive cependant en indiquant qu'une partie du problème de salaire a été réglée.

Côté vestiaire, Santos vend certes ses joueurs les plus coûteux, mais essaie tout de même de retenir Robinho, pour guider les "meninos", et tente de recruter à petit prix : le nouveau numéro 9, Ricardo Oliveira, gagnera 6% de ce que touchait Damião en 2014.

Au final, tout le port paulista prie pour que les nouvelles jeunes pousses, telles que les prometteurs Gabriel et Cajú, auront les épaules assez larges pour mener l'équipe dans le bon sens sur le pré. Aujourd'hui, on estime la dette totale de Santos à 400 millions de réais. Sale époque pour les baleines.

Simon BALACHEFF - Bola Latina (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 29 janvier 2015

*Photo (Robinho en 2005) : Bonival Barreto / Flickr

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lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 28 janvier 2015, mis à jour le 28 janvier 2015

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