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ART - Comment la science révèle les mystères des arts ?

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 14 avril 2014, mis à jour le 14 avril 2014

La semaine dernière, le Musée des Arts Contemporains de Santiago a accueilli Michel Menu, le responsable du laboratoire de recherche et de restauration des musées de France. Le chercheur s'est employé à décrire le travail de son laboratoire, qui utilise des procédés scientifiques pour faire parler les ?uvres des 1.200 musées de France.

Face à une audience principalement étudiante, où était notamment présent le directeur du MAC, Michel Menu s'est employé à décrire le travail de son laboratoire de recherche et de restauration des musées de France (le C2RMF, installé dans les sous-sols du Louvre). Accompagné par les 50 personnes qui constituent son équipe - des physiciens, des chimistes, des radiologues, des photographes,.. -, il analyse des ?uvres de tout âge, qui prennent parfois des formes très différentes selon les matériaux utilisés (que ce soit de la peinture, du métal, de la céramique, du verre,...). Aidés par des outils de pointe ? le laboratoire est doté d'un accélérateur de particules qui lui permet d'analyser les ?uvres sans les détruire -, leur rôle est d'authentifier les pièces et d'assister les musées dans leurs méthodes de restauration, en plus de leur travail de recherche.

Michel Menu rappelle qu'à la Renaissance, la science et l'art étaient deux disciplines complémentaires et indissociables. Les artistes, à l'image de Léonard de Vinci, étaient mathématiciens, botanistes, anatomistes, et utilisaient leur savoir scientifique à des fins artistiques. Si cette combinaison entre les deux disciplines s'est perdue au cours du 18ème siècle, l'objectif du C2RMF est de promouvoir la lecture des ?uvres artistiques à travers le prisme de la science. La revue du laboratoire s'intitule d'ailleurs Technè, ce qui en latin renvoie à la fois à l'art et à la science. Michel Menu explique que "le but, c'est prendre en compte la partie matérielle des ?uvres plutôt que s'intéresser à leur seule image, qui était selon moi l'approche classique d'un historien d'art. [?] On faisait alors abstraction de tout ce qui correspondait à la matérialité et à la technique de l'?uvre".

Depuis sa création en 1998, le laboratoire a accouché de trouvailles étonnantes. Ainsi en est-il de cette découverte au sujet d'une ?uvre de Marseus Van Schrieck, peintre néerlandais du 17ème siècle : les scientifiques, en étudiant une peinture de sous-bois de l'artiste, ont découvert que les papillons 'représentés' étaient en réalité de vrais insectes, collés à même la toile. Les techniques traditionnelles de restauration avaient fini par abîmer la peinture, en ôtant les écailles des ailes.

La science comme support de création artistique

Mais ces nouvelles techniques scientifiques ouvrent également de nouvelles perspectives en matière de création artistique. Michel Menu, au cours de sa conférence, a ainsi présenté certains artistes qui s'inspirent des méthodes et des outils scientifiques pour créer de nouvelles ?uvres. Le photographe allemand Thomas Struth immortalise ainsi une statue auscultée par l'accélérateur de particules, le peintre turc Sarkis utilise les visuels produits par les radiographies d'une peinture du Christ pour « panser » ses plaies à l'aquarelle,...

Mais l'un des noms qui revient le plus dans la bouche de l'ingénieur est celui de Michel Paysant. Cet artiste français, qui travaille en étroite collaboration avec le C2RMF, s'emploie à conjuguer les sciences et les arts dans des installations-laboratoires (des « inventariums », comme il les appelle). Son laboratoire OnLab a ainsi conduit à la création d'?uvres d'art à l'échelle nanoscopique. Passionné par l'idée d'une collaboration entre l'art et la science, il fallait que son chemin rencontre un jour celui du laboratoire du Louvre...

Toujours dans l'idée de présenter l'oeuvre de son laboratoire, Michel Menu a participé ce week-end au festival des sciences Puerto de Ideas, à Antofagasta. Il devrait également profiter de sa visite au Chili pour revoir une de ses anciennes étudiantes à Arica, où elle est en train de monter un laboratoire d'analyse consacré à l'archéologie.

Clément Ourgaud (www.lepetitjournal.com/Santiago) Lundi 14 avril 2014

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Publié le 14 avril 2014, mis à jour le 14 avril 2014

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