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VOYAGE – Aller sur la Lune… en Argentine

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 22 août 2014, mis à jour le 22 août 2014

A sept heures de route de Mendoza, au nord de San Juan, en Argentine, se trouve l'un des trésors géologique et paléontologique de l'Amérique du Sud : le parc naturel d'Ischigualasto, dit « Valle de la Luna »

C'est en 1958 qu'a lieu la première expédition scientifique dans la région. Son instigateur, le docteur Alfred Romer, n'hésite pas à qualifier le lieu de « paradis des paléontologues ». Parmi la trentaine de fossiles qu'ont y a retrouvé depuis, certains font partie des plus anciens exhumés à ce jour. De leur vivant, ces dinosaures appartenaient à la période triasique ; ils foulaient le sol de l'actuelle Argentine il y a entre 248 et 208 millions d'années.

Ce n'est pourtant qu'en 1971 qu'est créé le parc provincial – et donc protégé- d'Ischigualasto (auparavant, la zone était partagée entre le domaine public et privé). Dès lors, la province de San Juan charge son Musée de Sciences Naturelles d'y ouvrir une annexe et de mener des études dans la région. La prise de conscience tardive de la valeur de l'endroit a toutefois été consacrée en 2000, année où le parc d'Ischgualasto est reconnu par l'UNESCO comme appartenant au « patrimoine mondial de l'humanité ».


Expédition lunaire

En quechua, « Ischigualasto » signifie « endroit où se pose la lune » ; mais ce sont aussi ces étendues vallonnées et arides qui valurent au parc d'être surnommé « Valle de la Luna ». Avec seulement 180 mm de pluie par an, et des températures grimpant jusqu'à 50 °C en été, peu de plantes et d'animaux réussissent aujourd'hui à y survivre. Ce qui était au temps des dinosaures un immense lac bordé d'un jungle luxuriante, rappelle dorénavant incontestablement les paysages séléniens.

Outre une plante fossilisée, ce sont surtout des formations géologiques rares que l'on présente aux visiteurs pendant la visite en voiture. Et chacune d'entre elle possède son petit nom :


Le « Cancha de Bochas » est particulièrement impressionnant : y sont accumulées des dizaines de concrétions sphériques, qui feraient rêver n'importe quel amateur de pétanque – à ceci près que les plus grosses d'entre elles peuvent peser jusqu'à 10 kg. Avant que le parc ne soit protégé, la plupart d'entre elles ont été volées. C'est donc pour faciliter leur surveillance qu'elles sont aujourd'hui toutes réunies au même endroit.

 

 

 

El « Submarino », emblème du parc, qui tire son nom de sa potentielle ressemblance avec le périscope d'un sous-marin. Des vents constants ont projeté pendant des millions d'années de fines particules sur ces rochers, érodant leurs parties les plus fragiles (à la base). Ces curieuses formations abondent dans le parc.

 

 

Et c'est en longeant ces falaises ocres qui délimitent le parc que l'on conclut la visite en voiture : des kilomètres de piste qui ne sont pas sans faire penser au Far West américain.

 

Côté pratique

Les possibilités de visite du parc, grand de 630 km², sont nombreuses : à pied, en vélo ou en voiture. La dernière option est sans doute préférable en ce qu'elle permet, en un peu plus de 3h30, de découvrir les principaux points d'intérêt du parc, et ce pour seulement une grosse centaine de pesos argentins. Un guide mène ainsi une longue caravane de voitures, et présente en cinq arrêts l'histoire et les anecdotes marquantes de la « Valle de la Luna ». Risque d'embouteillage et pollution mis à part, c'est probablement le meilleur moyen de se faire une idée de l'immensité d'Ischigualasto et de la diversité de ses paysages.

A pied cependant, on peut gravir le «Cerro Morado », haut de 1850m (voir photo ci-contre), point culminant du parc, pour profiter du panorama. Notez que l'ascension doit être encadrée par le personnel du parc. La randonnée dure trois heures, et au prix fixe de 60 pesos(un peu plus de 5 euros) par personne, s'ajoutent 300 pesos (environ 27 euros) que payent au guide l'ensemble des participants : le mieux est donc de prévenir le parc à l'avance, pour pouvoir partager un guide avec d'autres, et ne pas payer le service à deux ou à trois. A noter également que des visites nocturnes sont organisées les nuits de pleine lune. Le vélo n'est probablement pas le plus rentable : la location sur place est relativement chère, et l'effort à fournir conséquent – à réserver aux plus courageux.

Si le parc ouvre à 8h, les premiers convois et randonnées partent le matin à 9h. Derniers départs à 16h en hiver (16h30 en été). Sur place, outre le « musée », gratuit, installé dans un hangar, qui fait un point sur les découvertes paléontologiques du parc, vous trouverez un bureau d'information touristique, où acheter ses billets pour participer aux visites. S'il est impossible de se loger sur place (ni hôtel, ni emplacement de camping étant donné que la zone est protégée), vous pourrez cependant vous restaurez, puisque la « Valle de la Luna » est dotée d'un petit bar-restaurant. Enfin, il est possible d'acheter des souvenirs à l'un des nombreux stands de babioles qui jouxtent le parking.

Sans hésiter, c'est une visite que lepetitjournal.com de Santiago vous recommande chaudement. Cependant, l'endroit est de plus en plus connu, et cela ne fait pas que servir les intérêts du parc. Pedro, notre guide d'un jour le reconnaît : « il est difficile de préserver un endroit aussi vaste avec le peu de moyens dont nous disposons ». En tout et pour tout, les effectifs du parc, qui ne possède pas d'équipe scientifique à proprement parler, comptent 24 personnes : quatorze sont guides, six sont chargées de l'entretien… et seulement quatre de la surveillance. Un chiffre dérisoire au vu des 63 000 hectares de superficie de la « Valle de la Luna ». Surtout quand on sait que ce sont un peu moins d'un million de personnes qui viennent découvrir Ischigualasto chaque année. Pendant l'hiver, la fréquentation est à son comble, et on se retrouve facilement à une petite centaine lors des visites en voiture. Agoraphobe s'abstenir.

Fabien Leboucq (www.lepetitjournal.com/santiago) vendredi 22 août 2014

 

Pour en savoir plus :

le site de l'UNESCO

le site du parc

 

logofbsantiago
Publié le 22 août 2014, mis à jour le 22 août 2014

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