CENTRE HISTORIQUE DE SAN SALVADOR - Un ordre nouveau

  Le jeune maire de San Salvador Nayib Bukele (34 ans) réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué pendant trente ans?

 Relire un journal d'il y a trente ans et lire un journal d'aujourd'hui laisse penser que rien ne bouge à San Salvador. Les mêmes titres : les enseignants en grève, rue occupées, guerre, mais cette fois contre les pandillas, bataillon de réaction immédiate, et le chaos dans le centre de San Salvador. On a même ressorti les tanketas pour lutter contre les mareros. À la télé, on parle d'ennemis (même si c'est d'un parti politique), de zones conflictives?

 Et pourtant El Salvador à bien changé en deux décennies: des immeubles ont poussé, des centres commerciaux accueillent chaque jour des milliers de clients, des routes ont été construites, des passages à plusieurs niveaux et des tunnels pour faciliter le trafic remplissent ou rempliront leur mission.

 Cependant, le chaos persiste dans le centre de San Salvador, dans ce qu'on appelle le centre historique, qui héberge le palais national, la cathédrale, le théâtre national, la bibliothèque nationale, le parc Libertad, la place Gerardo Barrios, l'église el Rosario, le parc Morazán, etc.

Vendeurs de rue et bus devant le théâtre national  

 Hier le maire de San Salvador, Nayib Bukele, était présent sur les chaines de télévision (Canal 2, 4, 6) et sur les radios comme la 102.9. Chaque fois il a délivré le même message: il est en train de réussir là où les maires de San Salvador qui l'on précédé se sont cassé les dents : la rénovation du centre historique.

Nayib Bukele 

 Mais avant de rénover, il faut faire de la place; et pour faire de la place, il faut nettoyer les rues des 4000 vendeurs qui ont envahi les artères menant au centre. Il a donc commencé par changer les trajets de bus, déplaçant ainsi la clientèle; il a fait construire un nouveau marché, le marché Cuscatlán, qui accueillera dès le mois d'août une partie des vendeurs délogés du centre. D'autres marchés sont en préparation, au parc Morazán, au parc Hula Hula; le marché de gros de la Tiendona devrait aussi déménager.

Parc Morazan 

 Et le tout se passe sans violence, par la discussion et la pédagogie (300 réunions), invitant les vendeurs informels à  payer leurs impôts locaux qui leur reviendront meilleur marché que la location journalière des postes de vente dans la rue. 

 Dès hier, des équipes de balayeurs ont commencé le nettoyage après le départ des vendeurs de rue. Nayib Bukele a l'ambition de faire du centre historique de San Salvador non seulement le centre du pays mais aussi le centre de l'Amérique centrale.

Jean-Jacques Sutra (www.lepetitjournal.com/sansalvador) mercredi 24 août, 2016, rediffusion du vendredi 29 avril 2016