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UN COIN DE CIEL BELGE EN ITALIE - "Démythifier l'expatriation en déconstruisant les clichés"

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 20 février 2017, mis à jour le 21 février 2017

Un aller sans retour pour l'Italie avec une touche de belgitude assumée, voilà ce que propose Hugues Sheeren avec son livre, Un coin de ciel belge en Italie. Une vingtaine d'expatriés belges nous confie leurs péripéties, anecdotes et émotions suite à de cette expérience déboussolante. L'expatriation dans la péninsule, un rêve à la Dolce Vita ou une désillusion?

 

L'auteur d'origine belge Hugues Sheeren est professeur de langues à l'université de Bologne, en Italie. Au lieu de raconter sa propre expatriation, il a choisi de donner la parole aux enfants issus de l'immigration italienne à l'occasion des 70 ans d'accord italo-belge et 60 ans après la catastrophe de Marcinelle. Lors d'une soirée à l'Institut Français centre St Louis, il a raconté Un coin de ciel belge en Italie.

 

En 1946, le secteur industriel belge souffre d'un manque considérable de main-d'?uvre pour ses mines de charbon. Le gouvernement propose alors à l'Italie un accord : un prix avantageux de la tonne de charbon contre de la main-d'?uvre, qui après 5 ans de travail dans les mines peut changer de secteur d'activité. Beaucoup de jeunes italiens sont séduits et migrent vers la Belgique. Or arrivé sur place, la désillusion est totale. La plupart sont logés dans les anciens camps de prisonniers allemands, offrant des conditions de vie très dures car le pays n'a pas eu le temps de se reconstruire. 

Le 8 août 1956, 261 mineurs sont bloqués dans les mines et y périrent. Cet épisode dramatique est aujourd'hui connut sous le nom de Catastrophe de Marcinelle. 

Monument dédié aux Italiens morts lors de la catastrophe 

Une grande part des témoignages recueillis par Hugues Sheeren sont des témoignages de la descendance de ces immigrés italiens. Bercés par les récits de leurs grand-parents, tous ont choisi l'Italie pour accomplir ce que leur famille a pas pu faire, ce retour aux racines est un « moyen d'honorer leur dette pour donner un sens à l'exil de leur famille ».

Bien que tous aient vécu des expériences différentes à leur arrivée en Italie, les problèmes rencontrés sont finalement communs à chacun, un choc culturel et surtout le fait de ne pas trouver sa place. Partagés entre la famille qui ne comprend pas ce choix, « un sentiment de culpabilité de ne pas être là au bon moment » et d'un autre côté de pas être intégrés complètement dans le pays d'accueil. Pour beaucoup, cette expatriation ressemble alors à un exil, où avoir un point de chute en Belgique devient une nécessité afin de « reprendre racine ». 

Le choix de la langue pour l'éducation des enfants est aussi un problème récurent car pour certains d'entre-eux l'identité propre passe par la maîtrise de la langue maternelle alors que pour d'autres « les racines sont là où les souvenirs sont », un des témoignages évoque notamment l'odeur des gaufres à la sortie du métro lorsqu'il rentre en Belgique. 

Beaucoup de témoignages évoquent la recherche difficile de travail en Italie, où beaucoup ont obtenu des CDD successifs, qui ne sont pas à la hauteur des qualifications obtenues en France, « la recherche de travail a été un calvaire, une expérience fatigante, humiliante et injuste. »

Tous les expatriés interviewés se sont posés la question s'ils avaient fait le bon choix, mais finalement aucun ne regrette et sont fières d'avoir surmonté ces épreuves.

 

Un coin de ciel belge en Italie est un livre intimiste qui révèle néanmoins de nombreuses similitudes dans les témoignages. Il partage des expériences en totale transparence tout en « démythifiant l'expatriation en déconstruisant les clichés. »

 

Céline Vergnac  (Lepetitjournal.com de Rome) - Mardi 21 février 2017

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Publié le 20 février 2017, mis à jour le 21 février 2017

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