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BILLET D’HUMEUR - Rencontre avec la bureaucratie brésilienne : récit d’une rentrée mouvementée

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 20 août 2013, mis à jour le 21 août 2013

L'étudiant français est en moyenne une personne rodée aux questions bureaucratiques : les dossiers de sécurité sociale étudiante, la carte de transport, l'inscription à la fac et j'en passe. Il y a une chose que l'étudiant français en partance pour le Brésil doit savoir. Ici, c'est bien pire.

Lundi 29 juillet. Bien difficilement sortie du lit à 7h du matin un 29 juillet, j'arrive sans encombre à la faculté de la USP (Université de Sao Paulo), entourée de compatriotes étrangers - dont beaucoup de Français. Après un discours de bienvenue, voici venu le moment des questions administratives et c'est là que la galère commence. Et mes premières sueurs froides. Quelle n'est pas ma surprise quand j'apprends qu'il faut obtenir son RNE auprès de la police fédérale sous un délai de 30 jours après l'arrivée sur le territoire. Détail qui a toute son importance quand, comme moi, vous débarquez comme une fleur trois semaines avant la rentrée universitaire et que vous avez décidé de voyager dans le pays sans vous soucier des questions administratives. Oups. Si mes calculs sont bons, il ne me reste plus que cinq jours pour aller m'enregistrer à la police sous peine d'amende. Le compte à rebours est lancé.

Jeudi 1er août ? le grand jour : RDV pris à la police fédérale
Je tiens contre moi précieusement les documents que j'ai mis plusieurs jours à collecter, non sans peine, en découvrant au passage les rouages de la bureaucratie brésilienne. J'ai ainsi appris ce qu'était un CPF, un numéro à 11 chiffres que j'aurais du mal à retenir d'ici la fin de mon échange universitaire mais qui est très utile. J'ai également mis les pieds pour la première fois dans un "cartorio civil" où une photocopie officielle vous fait passer par trois bureaux différents soit pour donner vos documents, récupérer documents et photocopies et payer. La taylorisation version moderne.

11h. Après un passage à l'université pour la reprise des cours, je décide de partir avec trois heures d'avance pour mon rendez-vous à la police. J'ai compté large : l'itinéraire est assez simple, deux bus à prendre et un bâtiment de la police fédérale qu'on ne peut pas rater dans le quartier. Je devrais y arriver. Ah tiens, j'ai oublié mon livre.

11h40. Arrivée du premier bus, je me mets enfin en route.

12h05. Arrivée au terminal de bus de Lapa, changement de ligne et attente. Prochain bus pour la police fédérale 40 minutes plus tard. Et maintenant ma batterie d'iPod qui passe au rouge.

12h45. Le bus s'ébranle et je me vois déjà arriver une heure à l'avance à la police fédérale. Pour le moment, tout roule ! On m'a indiqué de descendre "avant le pont". Fière de mon portugais sommaire, je demande sans hésiter au chauffeur de me signaler quand descendre avant le pont. Petit problème : les mots pont ("ponte") et arrêt de bus ("ponto") sont très ressemblants et mon accent français n'y arrange rien.   

13h. Le chauffeur me fait signe de descendre. Je m?exécute et sors du bus. Enfin ! Etrangement, je ne repère pas le bâtiment de la police dans les environs. Bah, la ville est grande, allons donc demander le chemin dans le restaurant au coin de la rue. Le visage stoïque du caissier quand je lui parle de Police fédérale, cet édifice "incontournable" du quartier, m'inquiète. Je demande à d'autres clients et la solution ne tarde par à arriver?

13h10. Je réalise que je ne suis tout simplement pas dans le bon quartier. Stress.

13h12. Devant ma mine déconfite, l'un des Brésiliens sur le point de se remettre en route pour son travail propose de me déposer en voiture à la police. C'est soit ça, soit 45 minutes de marche sans carte pour me repérer dans un quartier très peu fourni en bus et en taxi. J'accepte. Sympas ces Brésiliens.

13h30. Je le vois, il est là, tout grand devant moi : l'immeuble de la police fédérale ! O joie, ô délivrance, j'arrive enfin à destination et rentre fièrement dans le bâtiment, pensant bien sûr avoir fait face au plus fatiguant. Premier guichet, vérification d'identité et de rendez-vous. "Merci de vous rendre au 3ème étage sur la droite". Quelques marches d'escaliers plus tard, je comprends vite ma douleur en apercevant la queue interminable qui se profile et les dizaines de bureaux de contrôle des papiers aux trois quarts vides. Une seule alternative : venir avec un enfant dans les bras comme la plupart des familles boliviennes présentes pour leur RNE. Efficacité garantie.

14h20. Enfin, les rendez-vous de 14h sont appelés à s'avancer dans la queue. On passe de l'attente assise à l'attente debout. Ennui total.

14h40. Je m'installe devant l'employée de la police et sors un à un mes documents. Tout se passe à merveille, le sourire de l'employée en plus, et en cinq minutes, toutes les informations sont enregistrées dans la base de données. Tout se présente pour le mieux jusqu'à ce qu'elle range mon passeport dans son dossier et me tende une "senha", numéro de passage au guichet, en m'indiquant la salle d'à côté. Je sens bien que je ne suis pas au bout de mes peines.

14h55. L'attente continue. Me voilà de nouveau assise dans une salle remplie de personnes le regard rivé sur le tableau d'affichage où les "senhas" défilent. Mon petit ticket à la main, je me croirais chez le charcutier de mon supermarché français.

15h15. Toujours le même numéro affiché sur l'écran et aucune personne au guichet depuis plus de 20 minutes. O rage, ô désespoir.

15h30. Enfin le défilé des numéros se remet en route mais pas de 150 en vue. Les numéros s'enchaînent dans le désordre le plus total, sans aucune logique apparente, on se croirait avec un billet de loterie en main.  

16h. L'attente n'en finit plus. Je vois des personnes arrivées après moi être appelées, et je reste plantée sur ma chaise. Désormais l'esprit tendu et la mâchoire contractée, je n'arrive plus à quitter l'écran des yeux.

16h30. Le voilà, le 150 ! Les jambes un peu engourdies, je me précipite dans le bureau pour? m'asseoir sur une autre chaise et attendre d'être appelée. Cette fois, plus question de longue attente, au bout de cinq minutes on me fait signe de m'approcher ! Vérification des papiers, relevé des empreintes de mes dix doigts et un petit tampon. L'affaire de quatre minutes ! Je ressors le précieux sésame en main, rassurée d'être légalisée et heureuse d'en avoir terminé.
Pour les plus courageux ou ceux qui restent longtemps sur le territoire, vous pouvez venir chercher votre carte RNE six mois après l'enregistrement. Pour moi, non merci?

Les démarches administratives pour les nuls
1. Le RNE : C'est le Registre National des Etrangers présents sur le territoire brésilien. Pour l'obtenir :
- Penser à bien conserver votre passeport (évidemment !), l'autorisation de visa qui vous est donnée avec votre passeport à l'ambassade du Brésil ET la "carta de entrada", papier qui vous est remis par l'immigration à votre arrivée au Brésil ;
- Prendre RDV par internet sur le site de la police fédérale. Laissez-vous un ou deux jours de marge pour rassembler tous les documents nécessaires ;

Listes des documents nécessaires :
? Votre passeport, l'original de votre "Pedido de vista" (demande de visa) qui doit être avec votre visa et l'original de la carta de entrada (carte d'entrée sur le territoire) ;
? Les photocopies des documents officiels : toutes les pages utilisées de votre passeport et la carta de entrada. Pour cela, se rendre au cartorio car l'administration brésilienne n'accepte pas les photocopies de nos documents, il lui faut des photocopies "officielles" avec un tampon "officiel". (Et ça vous fera 2R$ pour chaque page !)
? Deux photos d'identité au format brésilien : avec vos photos d'identité française vous risquez simplement d'obtenir un billet de retour pour un autre jour. Les photos d'identité brésilienne ont un format spécial qui est le seul accepté par l'administration ici. (Ça vous fera 15R$ !)
? Le justificatif de paiement des taxes à la banque : rien de bien compliqué puisque l'université vous donne un  papier à présenter à la banque et grâce auquel vous payez la taxe et obtenez le justificatif pour la demande de RNE. (Ca vous fera 178R$ !)

2. Le CPF (Cadastro de Pessoas Fisicas) : c'est le numéro de contribuable pour chaque individu résidant au Brésil, un peu l'équivalent de notre numéro de sécu en France.
- Avoir son numéro de RNE en main ;
- Aller dans une poste et payer la taxe pour la demande de CPF ;
- Se présenter à la Receita Federal avec son passeport et le justificatif du paiement fait à la poste. Il vous suffira ensuite d'attendre d'être appelé (l'attente peut être très aléatoire).

Céline RICQ ? Etudiante à l'Audencia Nantes en échange à la USP (www.lepetitjournal.com - Brésil)  mercredi 21 août 2013

lepetitjournal.com Rio
Publié le 20 août 2013, mis à jour le 21 août 2013

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