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MARIE-NOËLLE RODRIGUEZ - "L'Alliance française, c'est la promotion d’une langue, d’une culture française et francophone et le dialogue entre les peuples"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 31 mars 2015, mis à jour le 1 avril 2015

Directrice adjointe de l'Alliance française de Rio et déléguée général adjointe du réseau brésilien en charge de la pédagogie, Marie-Noëlle Rodriguez tient les clés de l'enseignement au sein de cette institution qui fête ses 130 ans cette année. Elle s'est confiée au Petitjournal.com sur la spécificité de l'Alliance française en tant qu'école de français, ses missions et son actualité en perpétuel mouvement.

Lepetitjournal.com : Comment se passe le recrutement des professeurs à l'Alliance française ?
Marie-Noëlle Rodriguez :
La majorité de nos professeurs sont titulaires d'une "licenciatura de letras Português-Francês" d'une université brésilienne (ou par équivalence d'un master de Français langue étrangère), tel que le préconisent les accords que nous avons avec le syndicat des professeurs de cours de langues. Toutes les personnes qui enseignent à l'Alliance française de Rio sont donc titulaires d'un diplôme officiel de professeur. Nous nous chargeons ensuite d'assurer une formation continue pour compléter leur formation initiale et leur permettre de répondre aux critères de qualité didactique et linguistique qui font l'excellence de l'enseignement dispensé dans nos murs depuis déjà 130 ans. L'idéal, en fait, ce serait les candidats qui, durant leurs études ou après, ont eu une expérience de vie en pays francophone, y compris qui ont pu faire des études dans d'autres disciplines. Nous comptons donc élargir les critères de recrutement afin d'analyser des profils de candidatures plus diversifiés en fonction des offres de cours que nous souhaitons développer.

Quelles sont les nouveautés dans l'offre de cours ?
Aujourd'hui, ce que nous recherchons à l'Alliance française, c'est une diversification des cours que l'on peut offrir pour atteindre des publics différents et notamment pour atteindre le volet français sur objectifs spécifiques : français juridique  pour les avocats ou les métiers du droit par exemple. Ou encore français médical, français de la diplomatie, etc. Avec la globalisation et tous les programmes de mobilité universitaire (Sciences sans frontières entre autres), il est aujourd'hui très courant de voir des étudiants ou des jeunes professionnels faire des spécialisations à l'étranger et notamment en France. Pour cela, le profil idéal n'est pas celui d'un professeur de français, mais plutôt d'un professionnel du secteur d'activité qui aurait eu une expérience de vie en France et qui aurait fait une spécialisation en didactique des langues.

L'année dernière, vous aviez évoqué l'objectif de toucher des enfants cela passe notamment par le lycée Molière ?
Ce qui nous intéresse, c'est le développement de tout ce qui est français précoce. Il y a deux voies : d'une part pour des petits Brésiliens et d'autre part, on est en train de monter un projet avec le lycée Molière pour les enfants binationaux, mais qui en réalité sont plus brésiliens que français. Pour affirmer leur binationalité sur le plan linguistique, ils ont souvent besoin d'un renforcement en français. À leur entrée au lycée Molière, certains enfants ont parfois des difficultés en français car le portugais domine largement dans la communication à la maison. L'Alliance française s'est donc associée au lycée pour leur proposer pendant les vacances des petites périodes d'immersion en français, à travers des activités ludiques et des sensibilisations aux sons, au lexique courant faisant partie de leur univers quotidien. Une première expérience s'est déroulée à la filiale de Botafogo en janvier dernier et on va la  reproduire et la développer durant quatre jours aux vacances de Pâques, et puis en juillet prochain sur une période plus longue. En janvier, l'expérience a été menée des enfants qui devaient entrer au lycée, et en avril, ce sont des enfants qui sont déjà au lycée et qui, sur orientations pédagogiques, viendront suivre ce "Mergulho em francês" à l'Alliance française de Botafogo du 27 au 30 avril.

Comment et où passer les examens internationaux de français Delf/Dalf au Brésil ?
L'Alliance française est au Brésil le seul opérateur désigné par l'ambassade et le ministère des Affaires étrangères pour les examens internationaux de français dont font partie le Delf et le Dalf. Nos professeurs sont préparés à enseigner dans la perspective de ces épreuves qui sont très techniques. Une grande partie des Alliances françaises du Brésil sont des centres d'examen, d'autres sont des centres de passation rattachés à une Alliance plus grande. Et tout ce dispositif est piloté depuis la délégation générale des Alliances françaises à Rio.

Qu'est-ce que l'Alliance française prépare pour couvrir les Jeux Olympiques ?
Dans la perspective des JO 2016, on met en place des cours qui s'adressent à un public qui n'est pas forcément notre public habituel. Par exemple, les chauffeurs de taxi, les réceptionnistes d'hôtels, les professions du tourisme en général, mais également les professionnels de la sécurité et de la santé, enfin des cours pour tous ceux qui seront mobilisés autour du tourisme sportif de masse. Dans cette optique, le département marketing et commercial de l'Alliance française travaille main dans la main avec nous, eux pour démarcher les publics et nous pour concevoir les produits adaptés aux publics en question. C'est un travail d'opportunité, ce sont ce que l'on appelle "des produits opportunistes" car liés aux événements.

Qu'est-ce que l'Alliance française apporte en plus par rapport à une autre école de langue ?
Entrer à l'Alliance française, c'est adhérer à notre philosophie : la promotion d'une langue, d'une culture française et francophone et le dialogue entre les peuples. Car cette association de droit local, où qu'elle soit, est résolument attachée à sa mission de dialogue interculturel. Sur le plan pédagogique, ses pratiques didactiques en font un véritable laboratoire de recherche action et du haut de ses 130 bougies brésiliennes, elle continue à afficher des pratiques innovantes à la pointe des développements technologiques. Toutes les salles de classe de l'Alliance française de Rio sont équipées exclusivement en tableaux numériques. Et les professeurs suivent régulièrement des stages pour accompagner les changements et les évolutions didactiques. Chaque année, nous faisons face à de nouveaux défis aussi bien dans les équipements, les installations, que dans le domaine pédagogique. Chaque année, on développe un nouveau projet d'établissement.

Comment fait-on évoluer l'enseignement d'une langue ?
Par la mise en place de nouvelles méthodes. D'ailleurs, la durée de vie d'une méthode (un manuel) dépasse rarement 4-5 ans en Alliance française, afin de toujours se maintenir à jour et accompagner les évolutions didactiques et technologiques. Celle que l'on utilise est une méthode qui, lorsqu'elle a été choisie pour le réseau brésilien, était assez novatrice : c'était le début des méthodes numériques adaptées aux tableaux interactifs. Depuis, les ressources ont bien évolué et les méthodes ont accompagné cette évolution. Les 40 Alliances françaises du Brésil vont d'ailleurs changer de méthode au deuxième semestre de cette année. Ce sont 40.000 élèves qui vont utiliser une nouvelle méthode à partir du mois d'août prochain. La délégation générale travaille d'arrache pied à ce changement depuis un an, et développe, depuis que le choix a été arrêté, un partenariat riche avec les éditions Hachette. Car la cerise sur le gâteau c'est que la méthode sera customisée Alliance française Brésil et des supports spécifiques seront réservés aux apprenants des Alliances françaises du Brésil. Les contenus sont créés par les équipes pédagogiques du réseau brésilien et seront édités par Hachette. Un accent particulier sera apporté au travail sur les faits de langue d'un public d'apprenants brésiliens et l'interculturalité France-Brésil, se démarquant ainsi de la méthode dans sa version internationale.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées justement par les Brésiliens avec le français ?
Ils ont des difficultés à prononcer certaines consonnes telles que le "t" ou le "d" devant des voyelles fermées comme dans "tu dis, vendredi" qui, prononcé par un Brésilien, va être beaucoup plus "tche, dje". Il y a aussi un travail sur l'intonation très chantante dans le brésilien qu'il faut arriver à faire coller à l'intonation française. Et enfin les faux-amis comme le "depuis-depois" par exemple.

Propos recueillis par Damien LARDERET (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 1er avril 2015

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Publié le 31 mars 2015, mis à jour le 1 avril 2015

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