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CHARLIE JONAS - "Ocab, c'est avant tout une start-up entre amis"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 5 novembre 2015, mis à jour le 8 février 2018

Lepetitjournal.com a rencontré Charlie Jonas, l'un des associés de l’une des jeunes entreprises françaises qui marchent à Rio, Ocab. Il nous explique comment, après des études en marketing et des premières expériences en France et à Dubaï, c’est le Brésil et Rio qui ont réussi à le séduire. 

Lepetitjournal.com : Quel a été votre parcours avant d’arriver au Brésil ?
Charlie Jonas : J’ai été formé en marketing puis en commerce international. J’ai obtenu un master validé à Paris et Londres et j’ai commencé ma carrière dans le groupe Havas en tant que consultant communication à Paris. J’y suis resté 3/4 ans, puis j’ai eu l’opportunité de partir à Dubaï, où je suis resté quatre ans en tant que directeur de compte pour Peugeot et Air France sur la zone Moyen-Orient. Je suis rentré en France pour des raisons familiales, j’ai continué dans un cabinet de consulting en communication et après un an et demi, je me suis dit que le système français n’était pas fait pour moi, la météo non plus. J’ai négocié un licenciement avec mon patron. J’en ai profité pour venir au Brésil. J’avais déjà 10 ans d’expérience, j’ai aujourd’hui 32 ans. 

Pourquoi le Brésil ?
J’ai plusieurs amis qui sont partis habiter au Brésil et qui ne sont toujours pas revenus en France. Je me suis dit que cela pouvait être une bonne opportunité. En regardant de plus près entre Rio et São Paulo, je pensais que j’allais plus m’épanouir à Rio. J’avais envie d’une ville qui allie métropole et plage. 

Est-ce compliqué au début de s’installer au Brésil ?
J’ai eu plusieurs jobs, j’ai travaillé pendant la Coupe du monde, puis dans une maison qui fait des événements, dans le quartier de Cosme Velho. J’ai commencé chez Ocab en freelance en tant que commercial et en parallèle, je travaille aussi pour un chef pâtissier basé à Rio, "Christophe pâtissier". Aujourd’hui, je suis associé et directeur commercial chez Ocab et je prospecte aussi pour Christophe Pâtissier car mon travail est d’entrer en contact avec des hôtels et des entreprises. À Rio, tout le monde a plus d’une casquette, il n’est pas rare de voir des gens gérer plusieurs business qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre, les Cariocas ont plusieurs cartes de visites, du coup moi aussi. 

Comment avez-vous intégré Ocab ?
Ocab a été fondé par deux amis. Louis est un ami d’enfance avec qui j’étais au collège ; Paul est un ami de Rio. J’ai discuté de travailler avec eux dès mon arrivé au Brésil. Je sentais que le potentiel était là, c’était avant la Coupe du monde, il n’y avait à l’époque  aucun acteur sur le marché. Au fur et à mesure de mon travail avec Ocab, je suis devenu associé, j’ai eu des parts de l’entreprise et aujourd’hui, j’y travaille à plein temps. C’est mon investissement tant personnel que professionnel qui m’a permis d’obtenir ce résultat. 

Obtenir un visa est une question primordiale, comment vous y êtes-vous pris ?
J’ai fait un visa étudiant. Pour l’avoir, c’est simple, il faut avoir une lettre qui dit que tu vas prendre des cours de portugais dans une école de langue au Brésil. Je suis donc allé prendre des cours de portugais dans une institution et cela m’a permis d’obtenir le visa. A la fin de la Coupe du monde, j’ai rencontré une jolie Brésilienne qui est aujourd’hui ma femme. Elle aussi est associée à Ocab et elle devrait bientôt devenir directrice générale. Aujourd’hui, j’ai le visa permanent et la femme de ma vie !

Quelle est votre vision du monde professionnel brésilien et comment l’intègre-t-on ?
Venir au Brésil sans avoir de travail, je ne le recommande à personne c’est l’erreur à ne pas faire. Je l’ai faite et ai énormément de chance de m’en être sorti.  Car au départ, on a une image du Brésil assez classique et stéréotypée qu’un Français peut avoir. Une belle vie, la musique, la plage, du soleil, et puis on déchante très vite quand on réalise que les fonds financiers sont en train de diminuer et qu’il faut se confronter  au monde du travail brésilien. Sans l’aide  de ma femme et d’Ocab, je serais de retour en France à l’heure qu’il est. 

Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune Français qui veut venir travailler au Brésil ?
S’il est étudiant, il peut faire un échange universitaire et commencer à observer les possibilités de se constituer un réseau qui l’aidera à intégrer le marché du travail. Il peut aussi faire un VIE, il y en a beaucoup au Brésil, les stages peuvent aider à mettre un pied dans l’entreprise. Le prix du visa de travail n’est pas très cher, c’est le côté administratif qui bloque. C’est pour cela que de nombreuses personnes ne peuvent pas rester. Il y a quatre solutions pour rester au brésil : avoir un visa de travail dans une entreprise et là il faut s’accrocher, trouver un contrat d’expatrié avant de venir avec une entreprise française, devenir investisseur (il faut alors avoir les 150 000 reais que l’Etat brésilien requiert pour investir) ou se marier. 

Quelles sont les autres difficultés que vous avez rencontrées en arrivant au Brésil ?
Le premier problème, c’est la langue, je ne maîtrisais pas du tout le portugais. Pendant la Coupe du monde, j’ai rencontré ma femme, elle m’a parlé portugais dès le premier jour et en six mois, j’arrivais à parler sans problème. Même en parlant la langue, dès la première syllabe qui sort de votre bouche, les Brésiliens savent que vous êtes "gringo". Dans le monde du travail, cela joue énormément. Les négociations sont plus longues pour signer un contrat avec un gringo qu’entre Brésiliens. En raison de la barrière linguistique, culturelle, la compréhension des termes, on peut réussir, mais c’est plus long. Signer mon premier contrat m’a pris quatre mois, même si le site Internet est parfait, il faut accorder du temps à la relation client. Les Brésiliens ont besoin de mettre un visage sur un prénom, ils ont besoin de comprendre ce que vous vendez et ce que vous allez leur apporter. On doit leur prouver que l’on est différent des taxis et des autres sociétés de transport privé et prouver la plus-value de travailler avec Ocab. À partir du moment où ils comprennent tout les tenants et aboutissants et qu’ils vous connaissent après plusieurs rendez-vous, ils signent.

Quel est le public visé par Ocab ?
On cible les professionnels, les entreprises et surtout les hôtels, parce qu’une fois que l’hôtel est client, les perspectives sont grandes en termes de volume. Pour l’instant, nous sommes sur le marché carioca, nous attendons d’être 100% opérationnels pour aller à São Paulo. On le sera fin 2015, puis on essayera de développer d’autres villes au Brésil et en Amérique du Sud. 

Les Jeux Olympiques vont-ils avoir un impact sur votre activité ?
Bien évidemment, les Jeux Olympiques vont attirer énormément de monde et on va faire une table de prix spécifique avec des prestations à la journée parce que le besoin va être là. On aura une grille tarifaire en dollar pour faciliter la transparence de prix pour les étrangers qui vont vouloir se déplacer de leur hôtel jusqu’aux différents événements. 

Comment est le marché du transport de personnes au Brésil ?
Ce qui est nouveau avec notre service est le fait que nos chauffeurs soient tous professionnels et que les entreprises ont accès à toutes les facilités de paiement disponibles. La facture émise à la fin du mois est dans les règles, du coup pour les entreprises qui doivent avoir une transparence dans la comptabilité et la gestion, nous sommes les seuls à pouvoir les satisfaire. La concurrence ne s’adresse pas aux entreprises et n’émet pas de facture. Nous ne sommes pas en concurrence avec des taxis car avec Ocab, plus vous réservez à l’avance, moins vous payez cher, on est plus dans l’anticipation que dans le service immédiat. 

À titre personnel, comment se passe la vie à Rio ?
C’est génial, j’adore, je vis un rêve éveillé. Vivre et travailler à Rio, c’est un challenge quotidien. Tous les jours, je me réveille

en me disant que je travaille pour une start-up qui a un très bel avenir. Il faut juste être clean et très sérieux en matière de législation juridique et fiscale. Donc forcément, on l’apprend au quotidien en se prenant des claques et en se confrontant à un système extrêmement pesant et extrêmement difficile, mais à partir du moment où tu le comprends, il n’y a pas trop de souci. Ici, tout prend du temps, il faut être patient et s’accrocher. 

Après un an et demi de vie carioca, quelles sont vos bonnes adresses ?
J’aime beaucoup La Carioca Cevicheria, il y en a un à Ipanema et un à Jardim Botanico. Je suis arrivé à Rio dans le quartier de Jardim Botanico et c’est le premier restaurant que j’ai connu. Quand j’ai déménagé à Ipanema, j’habitais juste à côté, ce restaurant me suit. Leur bière artisanale est fantastique et les ceviches toujours très bons. J’aime aussi aller au Canastra pour voir mes amis français une fois de temps en temps. Les trois patrons sont des amis qui me reçoivent toujours bien, le personnel est souriant et les produits sont bons. À Copacabana, j’aime bien aller boire des coups au Pavão Azul ou dîner à la Fiorentina. En termes de sorties, cela varie de la Pedra do Sal à Lapa, en passant par des choses plus électroniques comme Cave à Arpoador ou Fosfobox à Copacabana. S’amuser à Rio est de loin la chose la plus facile qui soit.

Propos recueillis par Damien LARDERET (www.lepetitjournal.com - Brésil) vendredi 6 novembre 2015

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Publié le 5 novembre 2015, mis à jour le 8 février 2018

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