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EDUCATION – Toujours en grève, les professeurs de Rio se sont mobilisés en masse lundi soir

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 7 octobre 2013, mis à jour le 8 octobre 2013

En grève depuis deux mois, les professionnels de l'éducation publique de Rio ont de nouveau manifesté dans les rues de la ville lundi soir. Après leur éviction de la chambre municipale fin septembre, l'ampleur de la mobilisation a été plus conséquente que jamais : 50.000 manifestants selon les syndicats, 10.000 selon la police. Reportage.

Un air des manifestations de juin dernier flottait dans l'air lundi soir sur l'avenida Rio Branco du centre de Rio. Depuis le mouvement "Passe Livre", les manifestations n'ont jamais vraiment cessé dans la ville, mais celle-ci, initiée par le Syndicat des professionnels de l'éducation de l'Etat de Rio de Janeiro (Sepe), était la plus importante depuis cette époque pas si lointaine.

Un vaste mouvement de grève, ponctué de manifestations et d'une occupation temporaire de la chambre municipale de Rio, touche depuis deux mois le personnel de l'éducation publique de la ville. En cause ? Le nouveau plan de carrière et de rémunération des professeurs de l'enseignement fondamental et de l'éducation infantile, lancé par le maire de Rio, Eduardo Paes, et qui a été approuvé la semaine dernière par le conseil municipal de la ville. Mais pas seulement : les professeurs entendaient réagir après les violences qu'ils ont subi de la part des forces de l'ordre lors de leurs dernières mobilisations.

"L'enfer" de l'école publique carioca
"Que de tension, j'en ai perdu trois kilos", soupire Selma, qui est en grève et de toutes les manifestations depuis le début du "Printemps des professeurs" de Rio. Cette professeure d'histoire évoque ce "salaire juste et digne" qu'elle réclame auprès des autorités publiques et surtout des conditions de travail correctes. Pour elle, l'école de Benfica dans laquelle elle exerce, c'est seulement "l'enfer" : problèmes d'électricité, absence de climatisation, etc. La liste des doléances est longue,

mais Selma a lutté, étudiante, contre la dictature militaire brésilienne et continuera jusqu'au bout ce nouveau combat, plus de vingt ans après.

D'ailleurs, pour Carlos Henrique, un autre professeur largement plus costaud que la petite Selma, l'école publique était sans doute mieux dotée sous le régime autoritaire brésilien. "Depuis, l'Etat s'est dérobé et on se retrouve avec une génération 'sans-sans', sans études et sans travail", déplore ce professeur d'histoire de 41 ans, précisant que l'éducation à la française, entrevue dans le film Entre les murs, l'a laissé rêveur. "On est dans l'un des pays les plus riches du monde et on a l'un des pires systèmes d'éducation du monde, enfin il marche pour le gouvernement, mais pas pour la société, car il massacre autant les professeurs que les élèves", renchérit Denilson, professeur d'arts plastiques de 42 ans.

"Aujourd'hui, on assiste à la privatisation de l'enseignement public", indique pour sa part Lenir Jane, une professeure de biologie de 50 ans. Elle critique ici le désengagement des pouvoirs publics locaux de l'éducation au profit de fondations privées, Roberto Marinho ou encore Ayrton Senna, "qui ne connaissent rien à l'enseignement". "La municipalité de Rio est en dehors de la réalité", ajoute Lenir Jane qui, comme nombre de ses homologues présents, estime que son travail devrait être mieux valorisé et reconnu par les autorités.

Pas de manifestations de professeurs depuis vingt ans

Renforcés par le soutien d'autres corps enseignants, des étudiants ou même de leurs propres élèves, les professeurs ont réuni lundi soir près de 50.000 personnes (10.000 selon la police), selon O Globo. Denilson reconnaît que cette mobilisation se place dans la mouvance des événements de juin, ils ont été un «détonateur» selon lui. Résultat : "il n'y avait pas eu de manifestations des professeurs depuis vingt ans", explique Lenir Jane.

La manifestation de lundi s'est cependant mal terminée. Si tout s'est bien déroulé de 17h à 20h, des affrontements avec les forces de l'ordre ont eu lieu peu après 20h, au moment de la dispersion de la mobilisation, des manifestants lançant des projectiles incendiaires sur la chambre municipale de Rio avant d'incendier un bus. Dix d'entre eux, dont un mineur, ont été arrêtés avant d'être relâchés, selon O Globo. Les troubles se sont terminés aux alentours de 22h.

Corentin CHAUVEL (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 8 octobre 2013

lepetitjournal.com Rio
Publié le 7 octobre 2013, mis à jour le 8 octobre 2013

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