ANOTHER BRIC IN THE WORLD - "21212", l’accélérateur de start-up carioca

21212 est un "accélérateur" basé à Botafogo, à Rio, qui depuis 2011 aide chaque année une sélection de start-ups digitales (Web, mobile...) à prendre leur envol. Leur site est très complet et donne de nombreuses explications sur leur fonctionnement, la sélection, etc. Notre partenaire, "Another Bric in the world", a néanmoins voulu rencontrer Gabriel (sélection) et Sophie (design), afin d'en savoir plus sur l'origine du projet, leur concept, le critères de sélection des start-ups, etc.

Another Bric in the world : D’où provient le nom 21212 ?
Gabriel et Sophie : Cela provient de l’extension téléphonique de Rio (21) et de celle de New York (212), du fait qu’un des deux fondateurs est Carioca (Marcelo Sales), l’autre New-Yorkais (Benjamin White).

L’idée de 21212, c’est d’aider des start-ups à importer au Brésil des concepts qui ont fonctionné ailleurs ?
Effectivement, c’était l’idée au début, aider des entrepreneurs qui avaient déjà une bonne idée à se lancer, développer leur produit, trouver des client… Aujourd’hui, l’approche a un peu changé : 21212 recherche des entrepreneurs qui ont déjà un produit/un modèle validé, et les aide à croître. Cela peut être une idée non encore expérimentée ailleurs, si on peut démontrer que le modèle a un bon potentiel : nombre d’utilisateurs/clients actifs important, croissance rapide du nombre d’utilisateurs, facturation client. Mais il est certain que si ce modèle a déjà été un succès à l’étranger, et notamment sur le marché sud-américain, c’est un vrai plus.

21212 a deux sponsors: IBM, Movile et des partenaires (26) notamment Google dev, Amazon Web Services… Quel support apportent-ils et quels sont leurs intérêts ?
IBM et Movile sont des partenaires institutionnels qui ont investi dans 21212. Cela leur permet de se rapprocher du monde de l’innovation des start-ups, bénéficier de son dynamisme, les accompagner et éventuellement d’investir à terme dans certaines start-ups. Les autres partenaires voient 21212 comme un canal de distribution intéressant pour eux. Ils offrent des promotions pour l’utilisation de leurs services aux start-ups (par exemple “tree house”, plateforme de cours en ligne sur le Web design).

Y-a-t-il des aides du gouvernement en faveur de 21212 ou des entrepreneurs ?
21212 en tant que tel ne bénéficie d’aucune aide. En revanche, il existe des programmes à destination des entrepreneurs

comme Start Up Brasil qui sélectionne 100 entreprises par an et leur fournit une aide financière. Ces start-ups doivent ensuite choisir un programme d'accélération dans un panel d'accélérateurs qualifiés dont 21212 fait partie.

Quel est le modèle économique de 21212 ?
Chaque start-up intègre le programme d’accélération pour 3 à 7 mois. 21212 lui verse alors la "Survival Money" (20.000 à 50.000 réais) qu’elle peut utiliser pendant le programme, notamment pour embaucher. 21212 fournit en plus des locaux, un support design, Web dev, commercial, juridique. En échange, 21212 (et donc les différents investisseurs qui font partie de son capital) prend 10 à 20% de participation dans les entreprises accélérées, en fonction de leur stade d’avancement. Lors du “Demoday”, qui a lieu à la fin du programme d’accélération, chaque start-up est présentée à des investisseurs qui peuvent choisir de les accompagner jusqu’à une levée de fonds. Après le "Demoday", le support de 21212 ne s’arrête pas, les start-ups continuent à bénéficier de supports, notamment de la part des mentors de l’équipe, afin de garantir une croissance constante pendant les prochaines années.

21212 est ouvert aux entrepreneurs étrangers, doit-il néanmoins y avoir à minima un Brésilien dans l’équipe ?
Non, mais le projet doit s’adresser au marché brésilien.

Avez-vous un conseil à donner en particulier aux entrepreneurs étrangers qui voudraient monter une start-up au Brésil ?
Ils ont un avantage : une culture différente. Ici, les cycles de décision sont plus longs, beaucoup de choses prennent plus de temps. Ce sont des caractéristiques de la culture brésilienne et plus globalement sud-américaine. Les entrepreneurs étrangers sont souvent souvent plus concentrés, prennent des décisions plus rapidement, passent plus d’heures à travailler. Mais c’est aussi un désavantage. Il faut qu’ils sachent s’adapter à la culture brésilienne : ici, les décisions ne sont pas toujours rationnelles et sont basées sur des relations personnelles. Pour cette raison, il est intéressant d’avoir dans l’équipe une personne de culture brésilienne. Cela leur permettra également de mieux appréhender le marché spécifique du Brésil.

Pour finir, pouvez-vous me citer quelques entreprises passées par 21212 qui réussissent bien ?
Il y a "Superplayer" qui permet de créer instantanément des playlists personnalisées. Ils ont aujourd’hui plus d’un million d’utilisateurs. "Pagpop" offre une solution de paiement sur mobile (du type “Square” aux Etats-Unis) à destination des micro-entrepreneurs. "Zeropaper" offre une solution de gestion financière pour micro, petites et moyennes entreprises. Il y a aussi “Queremos” qui est ensuite parti aux Etats-Unis pour exporter le concept ( en créant “We Demand”). A l’origine, ils proposaient aux fans de financer des concerts d’artistes alternatifs dans leur ville. Aujourd’hui, We Demand offre également la possibilité aux artistes de mieux connaitre leur public et de développer leur réseau de fans.

Propos recueillis par Guillaume BAUDRIN - Another bric in the world (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 18 novembre 2014

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