Dans un pays où les températures peuvent facilement varier selon les lieux et les saisons, la bonne conservation d'une boisson comme le vin n'est pas chose aisée. Notre nouveau partenaire, la Confrérie du vin français au Brésil, vous donne toutes les astuces pour remplir cette mission avec succès et déguster, à chaque fois, le meilleur des vins possibles.
Les chocs thermiques
Ce qui abîme le plus les vins d'après moi, ce sont les changements brutaux de température : la nuit à 18°C et la journée à 34°C. Il très difficile effectivement de garder un vin plusieurs mois dans ces conditions, il faut donc trouver un endroit à l'inertie thermique suffisante. En l'occurrence, c'est en transportant des vins forts et alcoolisés sur le pont de leurs bateaux que les anglais découvrirent la transformation des vins de Madère. Les vins, chauffés au soleil, subissaient une transformation accélérant leur vieillissement durant la traversée. Ce phénomène a été reproduit pour retrouver ce goût sucré et "passé" qui leur a bien plu.
La sècheresse de l'air
Les bouchons sont en liège et le vin vit à travers le bouchon, mais si l'écart est trop important entre l'hygrométrie intérieure et extérieure, le vin a tendance à s'enfoncer dans le bouchon comme la caïpirinha dans une paille dans laquelle on aspire. Et alors là, catastrophe : on dit que le vin ou le bouchon a "coulé". Mais au Brésil, l'humidité est souvent de bon niveau, 80 ou 90%, cela ne peut pas nuire au vin. Par contre la climatisation sèche, si elle n'est pas accompagnée d'un humidificateur, cela peut être pire pour le vin, alors gare si vous vivez et stockez votre vin dans un appartement climatisé. Une bouteille dans laquelle l'espace entre le "miroir" (le bas du bouchon) et la surface du vin serait de plus de 15 mm aurait déjà un a priori défavorable pour moi avant de l'ouvrir.
La lumière
C'est plus facile, il suffit de limiter l'apport de lumière sur les bouteilles surtout les bouteilles blanches de certains vins blancs. On comprend la coloration des bouteilles en vert, qui limite l'effet de la lumière même si elle nous masque la couleur véritable. Certaines bouteilles fragiles peuvent même être emballées dans du papier.
Conclusion
Si vous n'avez pas où loger une cave à vin technologique et électrique ou si vous voulez économiser l'énergie de la planète, cherchez un endroit relativement frais et surtout sans écarts marqués de température. Il vaut mieux un endroit qui reste entre 20 et 26 degrés toute l'année mais avec une humidité constante qu'un endroit à 18 degrés avec une climatisation à fond et un mois de vos vacances à 35 degrés.
Si vous respectez ces critères, vos vins vieilliront plus vite qu'en Europe, mais ils seront bons. Pas dix ans, ni même quatre ans, mais ils se conserveront plusieurs mois et un ou deux ans s'ils sont des vins charpentés et taillés pour supporter le climat, c'est-à-dire des vins avec du corps et du degré alcoolique. Avec un peu de chance et en évitant les chocs thermiques, ils gagneront peut être 3-4 ans de vieillissement en un an. Évidemment dans une cave française, sous une maison, où on conserve des Châteauneuf-du-Pape 1947 ou un Château Calon Ségur 1952, c'est différent, le sol est en terre battue, respire, l'humidité est constante entre 85 et 90% (les étiquettes souffrent parfois) et la température est entre 12 et 14°C toute l'année. Il ne faut pas rêver de cela au Brésil, il faut simplement respecter ce produit si beau.
Ronan KERREST - Confraria do vinho francês (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 25 septembre 2013
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