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MALNUTRITION– L'action du Programme Alimentaire Mondial en République dominicaine

Écrit par Lepetitjournal République Dominicaine
Publié le 10 juin 2015, mis à jour le 9 juin 2015

 

A l'occasion de son dernier Café-Rencontre mensuel, l'association Saint-Domingue Accueil recevait Jorge Fanlo, directeur du Programme Alimentaire Mondial (Pam) en République dominicaine, où la malnutrition touche dans certaines régions plus du quart des jeunes enfants. L'occasion pour Lepetitjournal.com de faire le point avec lui sur les actions locales de la plus grande agence humanitaire contre la faim dans le monde.

 


Le petitjournal.com/republique-dominicaine : Quel est le rôle du Programme alimentaire mondial en République dominicaine ?
Jorge Fanlo : Le Pam a plusieurs domaines d'intervention dans le pays, mais notre rôle principal est de lutter contre la malnutrition chez les jeunes enfants et les femmes enceintes. En effet, 3,4% des enfants dominicains de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. Un chiffre qui peut paraître “acceptable” au regard du taux global pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (6% en 2013), mais qui cache une réalité plus alarmante si on regarde en détail la situation des régions les plus pauvres. Dans certaines zones frontalières notamment, la malnutrition touche jusqu'à 18% des jeunes enfants. Cela va des cas graves de malnutrition aigüe à l'anémie, une carence en fer très répandue au sein des populations défavorisées.

Quelles sont les conséquences de cette malnutrition ?
Chez les femmes enceintes, la carence en fer augmente de manière dramatique le risque de décès lors de l'accouchement. Quant à la sous-nutrition chez les jeunes enfants, elle réduit le développement physique et mental et cause des dégâts irréversibles, notamment durant les deux premières années de la vie. C'est pourquoi il faut agir très en amont.

Justement, comment intervenez-vous sur le terrain ?
Nous avons mis en place depuis 2011 un programme pilote de distribution de compléments alimentaires dans les régions les plus défavorisées du pays. Les premiers résultats de nos études d'impact sont très encourageants puisque nous avons observé une réduction de moitié de l'anémie au sein des populations traitées. Un bilan positif qui nous a d'ailleurs poussé à étendre ce programme à l'ensemble de la République dominicaine.

Peu à peu, nous avons également commencé à insister sur l'éducation nutritionnelle. Désormais quand les agents délivrent les compléments lors de “Journées de santé enfantine” où nous réunissons femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans pour un contrôle médical, ils leur apprennent également à mieux se nourrir. En effet, leur régime est très peu varié. Les fruits et légumes y sont quasi absents alors qu'on y trouve l'essentiel des micro-nutriments. En réalité, l'anémie en République dominicaine est davantage un problème d'éducation nutritionnelle que de ressources financières, ce contact sur le terrain est donc essentiel pour une amélioration pérenne des habitudes alimentaires.

 

 



Quels sont vos moyens pour agir ?
Notre budget est d'1,75 million de dollars par an. Notre programme de nutrition, financé à 100% par le gouvernement dominicain, est inclus depuis quelques années au sein du plan national de protection sociale, piloté par la vice-présidente en collaboration avec le ministère de la Santé Publique. Nous jouons un rôle de coordination entre ces deux entités gouvernementales.
C'est très positif. L'objectif du Pam lorsqu'il lance un programme, est en effet de laisser progressivement les gouvernements en prendre la responsabilité. En ce sens, le modèle développé en République dominicaine commence à être reconnu comme l'un des modèles à suivre dans le monde.

Quels sont vos principaux défis pour les années à venir ?
Notre principal challenge est de faire évoluer les comportements dans la durée, conjointement avec le gouvernement, à travers un ensemble d'actions croisées. Nous avons ainsi réussi à faire entrer la nutrition dans le programme universitaire des médecins, mais il faudra une génération avant d'en voir réellement les effets. Nous commençons aussi à mener un travail de réflexion autour de l'autre versant de la malnutrition : l'obésité. Nos équipes sur le terrain rapportent en effet qu'environ un enfant sur cinq présents aux “Journées de Santé Enfantine” est en surpoids. Mais c'est un sujet qu'on connait peu et plus difficile à cibler car il n'est pas seulement lié à la pauvreté. Paradoxalement, cela va probablement favoriser une prise de conscience plus rapide au sein de l'ensemble des classes sociales quant à l'importance de l'éducation nutritionnelle.



A propos du Programme Alimentaire Mondial (Pam)

Agence intégrée au système des Nations Unis, le Pam œuvre depuis 1961 pour éradiquer la faim dans le monde. Un objectif ambitieux quand on sait qu'une personne sur neuf ne mange pas à sa faim et que la faim et la malnutrition constituent le risque sanitaire mondial le plus important, devant le SIDA, le paludisme et la tuberculose réunis.
En collaboration avec les différentes agences de l'ONU, les ONG et les gouvernements, le Pam répond aux situations d'urgence alimentaire mais travaille aussi sur l'éducation et l'accompagnement des populations en précarité sur le long terme.  Le Pam nourrit chaque année plus de 80 millions de personnes dans le monde, dans 75 pays. Environ 11 500 personnes travaillent pour le programme, la plupart d'entre elles dans des lieux très reculés, au contact direct des populations les plus démunies et sous-alimentées.  



Gaëlle Le Gall Nicolas (www.lepetitjournal.com/republique-dominicaine) mercredi 10 juin 2015.

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Publié le 10 juin 2015, mis à jour le 9 juin 2015

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