ECO - Huajian trouve chaussure à son pied

En août 2011 à Canton, M. Zenawi, Premier ministre éthiopien, invitait les industriels à venir voir son pays…

En septembre 2011, une délégation débarquait, incluant le PDG de Huajian, géant privé de la chaussure (20 millions de paires par an), qui désespérait de battre la spirale des prix et des salaires. Il constatait les nombreux atouts locaux : le cuir abondant, la main d'œuvre "quasi-gratuite". En octobre, Huajian décidait d'ouvrir dans une zone industrielle en construction à Dukem. En novembre, les machines déjà chargées sur le bateau, il recrutait, à Addis Abeba, 50 jeunes techniciens, pour formation accélérée à Canton.

Aujourd'hui, l'usine compte 500 agents chinois et locaux. Avec l'aide du pouvoir (4 ans sans taxes), il veut investir pour 2 milliards de $ en 10 ans et en faire un centre de 100.000 ouvriers produisant pour 4 milliards de $ de chaussures, pour l'Europe et les USA.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres : la commande pour les USA est livrée en 100 jours, contre 60 jours depuis Canton, et les infrastructures manquent. Heureusement, un genre de  « Plan Marshall » chinois prend le relais, bâtit le périphérique d'Addis Abeba (15% à ses frais), l'autoroute vers le port de Djibouti (600 millions de $ dont 50% prêtés), la voie ferrée. Dongfang Electric bâtit le barrage de Gibe-III sur le Nil, financé (460 millions de $) par l'ICBC (Industrial & Commercial Bank of China) - projet décrié, mais qui doublera la production électrique du pays...

Pour l'Ethiopie, c'est un nouveau départ, comme dit le Professeur Deborah Brautigam, "là où l'Ouest voit un pays à sauver et à nourrir, la Chine voit une chance commerciale en un rapport gagnant-gagnant".

Eric Meyer (www.lepetitjournal.com/shanghai.html) mercredi 30 mai 2012

Informations complémentaires
Extrait du Vent de la Chine N°19 (du 28 mai au 3 juin 2012)
www.leventdelachine.com
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