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GAUTIER FAYOLLE - La liberté avec un ballon de foot

Écrit par Lepetitjournal Pékin
Publié le 29 juin 2014, mis à jour le 29 juin 2014

Non, la Coupe du monde de football, ce n'est pas seulement celle qui a lieu au Brésil en ce moment. Il y a trois semaines se tenait à Pékin la Coupe du monde de football… freestyle. Et parmi les 16 meilleurs représentants de la discipline sélectionnés pour cette compétition se trouvait le Français Gautier Fayolle, 23 ans. Pour ce Francilien, le ballon rond est devenu bien plus qu'un sport. Il en a fait un métier, et même un art à travers lequel il savoure sa liberté de création et d'expression.

Gautier Fayolle sur la Grande Muraille de Chine.

Le football freestyle, c'est "l'art de faire des figures avec un ballon de foot, en mélangeant jonglage, acrobatie et danse", selon Gautier Fayolle. Il sait de quoi il parle, il est triple champion du monde en show, l'une des trois catégories, avec le duo et la battle, des Championnats du monde qui ont lieu tous les ans à Prague. Pour chacune, "la gestion de l'énergie et du souffle est très différente", explique-t-il. Le show et le duo (show à deux) mettent l'accent pendant 3 minutes sur le style, la performance artistique, l'organisation du temps, alors qu'une battle est un face-à-face avec de courtes séquences de 30 secondes très techniques.

Les 16 meilleurs mondiaux

Les Championnats du monde opposent plus de 400 freestylers de 30 nationalités différentes. Mais à côté, il y a aussi une Coupe du monde. C'est elle qui a amené Gautier Fayolle à Pékin, première étape d'un circuit qui en compte 3. Cette fois, la sélection est drastique, avec un système de classement à l'image de l'ATP en tennis, le principe de la relégation en plus. Et pour participer à la Coupe, il faut être classé parmi les 16 meilleurs mondiaux.

Gautier Fayolle est champion du monde de football freestyle en show en 2012 (photo Miran Pirner)

L'existence de telles compétitions est déjà un incroyable succès pour une discipline qui a vu le jour il n'y a même pas 10 ans. "J'ai commencé à faire du football freestyle en 2006, se souvient Gautier Fayolle. A l'époque, il n'y avait pas de compétition. C'était une discipline nouvelle, dont le seul moyen pour se faire connaître était Internet." Un acte de naissance qui en a fait une discipline tout de suite cosmopolite. Un Néerlandais a suscité un premier buzz en 2004-2005, suivi par un Brésilien, un Japonais… et par Gautier Fayolle, alors un simple passionné de football qui joue en club depuis l'âge de 6 ans, jusqu'au jour où, à 15 ans, il bifurque vers le freestyle.

Liberté chérie

"J'avais envie de plus de liberté, de faire une discipline moins codifiée, où il n'y ait pas de coach derrière moi. Je voulais créer moi-même mon entraînement, et ressortir ma personnalité, par rapport à l'étiquette qu'on te donne dans une équipe. Tu maîtrises moins ce que tu es sur un terrain." Cette soif de liberté du jeune footballeur s'accompagne aussi du sentiment excitant de faire partie des pionniers. Tous les jours, le football freestyle évolue, au gré des nouvelles figures postées par les uns et les autres. D'abord fascinante, cette construction collective est devenue une vraie fierté quand il regarde le chemin parcouru.

Le quart de finale de Gautier Fayolle lors de l'étape de Coupe du monde à Pékin



Au sens propre, il en parcourt aussi des kilomètres, avec près de 30 pays différents depuis 2011, année de son premier titre de champion du monde. Il y a trois semaines, c'était Pékin donc, une première en Chine continentale. Il en retient une impression d'indépendance culturelle : "Les Chinois ne parlent pas trop anglais, comparé aux autres endroits où je suis allé, y compris Kuala Lumpur, Singapour ou au Vietnam. J'ai l'impression que finalement, ils n'ont pas besoin de ce rattachement linguistique. Leur culture est suffisamment forte. On le voit aussi avec toute cette architecture. On découvre des choses à chaque coin de rue."

Réseaux sociaux

Gautier Fayolle retient aussi l'accueil chaleureux, l'heure et demie passée à prendre des photos avec un public spontanément enclin à féliciter les participants après la compétition. "En Europe, les gens nous connaissent déjà un peu maintenant, mais ici, ils découvraient le football freestyle. Du coup, on retrouvait l'esprit de 2008, 2009, tout en étant nous-mêmes meilleurs." Le constat montre que les réseaux sociaux occidentaux, qui ont tant contribué à la notoriété de la discipline en Europe, ne sont pas aussi influents en Chine, qui développe les siens propres. Il y a une certaine imperméabilité qu'un événement comme celui-là tend à résorber. Ce n'est pas pour rien que les candidats ont passé 7 jours dans le pays, entre compétition mais aussi vidéos et photos pour alimenter le net, nerf de la guerre on l'aura compris.

Les meilleurs moments de l'étape de Coupe du monde à Pékin



Cette étape pékinoise montre aussi, encore une fois, cette volonté d'intégration de la Chine dans les circuits mondiaux sportifs, après les épreuves de tennis, la golden league en athlétisme, le circuit de F1 ou encore les matchs amicaux NBA en basket. Mais après les incontournables, la Chine s'ouvre aussi sur des disciplines moins exposées, qui ne passent pas par les réseaux traditionnels, peut-être séduite par la sincère camaraderie entre concurrents qui transpire à l'écran, et que confirme Gautier Fayolle. "C'est une grande famille qui essaie de garder l'état d'esprit des débuts malgré l'ampleur que ça prend. Partout où je vais, il y a un freestyler pour m'accueillir, j'ai l'impression d'avoir un passeport diplomatique avec moi".

Gautier Fayolle et sa figure de l'araignée (photo Mayurran Jelayogaindran)

L'artiste avant le sportif

Pendant les battles de la Coupe du monde à Pékin, l'effort physique est intense. Pendant la finale, la fatigue et la pression sont visibles. Mais comme tout sportif professionnel, Gautier Fayolle se prépare grâce au programme écrit spécialement par un coach sportif, "avec beaucoup de renforcement musculaire des abdominaux, et de la course". Il échouera cette fois aux portes de la finale, avec un format, la battle, qu'il affectionne moins. La compétition n'est pourtant pas l'activité principale de Gautier Fayolle. C'est bon pour le CV et la visibilité. Mais ce qui non seulement le motive, mais le fait vivre, c'est surtout quand il est appelé pour faire des shows ou promouvoir des produits.

Gautier Fayolle avec Zinedine Zidane

"J'essaie de m'affranchir des codes de la discipline". Sortir du carcan, c'est un leitmotiv chez lui. Alors il ouvre son horizon. Les danseurs se perfectionnent face à un miroir ? Lui, obligé de regarder le ballon, se filme et décortique ses gestes le soir. Les acteurs jouent des rôles, lui se créé un personnage survolté, euphorique et souriant alors qu'il est en réalité posé et calme. Il se montre aussi particulièrement attentionné à faire de son show une vraie chorégraphie, en dialogue avec les temps d'une musique dont il ne fait pas un simple fond sonore. ll entre alors dans une vraie démarche de proposition artistique.

Et ça marche ! Gautier Fayolle multiplie les arabesques, les représentations et les voyages. Et parfois, il rencontre aussi les idoles du jeune footballeur passionné qu'il était, tournant par exemple une publicité avec Zinedine Zidane. Un accomplissement ? "Non, c'est un aspect agréable de mon métier, mais je ne fais pas du football freestyle pour rencontrer des footballeurs. Je le fais pour progresser, pour réussir des figures nouvelles, parce que j'ai envie de partager avec le public, d'apporter un peu de joie". Tout ça avec une tête bien sur les épaules, et, pour modeste bagage, un ballon rond universel.

Vidéo de présentation de Gautier Fayolle


Joseph Chun Bancaud (lepetitjournal.com/pekin) Lundi 30 juin 2014

Pratique.

Le site internet de Gautier Fayolle : www.gautivity.com

lepetitjournal.com pekin
Publié le 29 juin 2014, mis à jour le 29 juin 2014

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