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RENCONTRE - Charles Chauderlot, une peinture entre Orient et Occident

Écrit par Lepetitjournal Pékin
Publié le 14 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Après l'exposition exceptionnelle de ses peintures sur la Cité interdite, à la Bank of China lors du French May 2005, Charles Chauderlot s'est installé à Macao. Mariant pinceau chinois et encre de Chine, préférant le papier d'Arche au papier de riz, ce passionné d'art et de culture n'a de cesse d'arpenter Macao pour fixer in situ les traces de la présence portugaise sur de magnifiques lavis. Lepetitjournal.com l'a rencontré

Dong Hua Men, La Porte Fleurie de l'Est vue de l'intérieure de la Cité Interdite, 2002, Charles Chauderlot

Symbole des années culturelles croisées France Chine
Arrivé en Chine en 1997, Charles Chauderlot passe son temps à dessiner les hutongs traditionnelles. Il immortalise le « triste Pékin » : des quartiers entiers voués à la destruction à cause des restructurations urbaines voulues par les autorités, en vue des Jeux Olympiques de 2008. En 2002, il est le premier étranger à obtenir un laissez-passer pour travailler dans les parties fermées au public de la Cité interdite; il passe deux ans à en peindre les trésors cachés. « C'est pour cela que je parle de prison dorée, précise le peintre. On voulait m'empêcher de peindre les rues, alors on m'a fait une offre qui ne se refuse pas. »
En 2005, l'exposition de ses peintures à Hong Kong s'inscrit dans le cadre de l'année de la France en Chine. He Guangbei, vice-président de la Bank of China à Hong Kong, qui sponsorisait cette exposition, avait déclaré lors de la cérémonie d'ouverture : « Ces peintures uniques de la Cité Interdite sont comme des poèmes et fournissent au public une occasion de regarder le Palais à travers les yeux d'un artiste français. » Son ouvrage « La Cité interdite, le dedans dévoilé » réédité trois fois en France, et deux fois en Chine par l'éditeur officiel du Parti communiste chinois, témoigne d'un succès qui ne se dément pas neuf années plus tard.

Charles Chauderlot

Regards sur l'immigration portugaise à Macao
« En 2005, j'ai visité Macao et j'y ai fait de nombreuses rencontres, qui ont abouti à une invitation officielle à venir peindre Macao pendant trois mois, se souvient l'artiste. C'est arrivé au moment où je voulais quitter Pékin, qui avait cessé d'être le Pékin que je connaissais et que j'aimais. Finalement, en 2006, je me suis installé définitivement. » Un pied en Asie, un pied en Europe, Charles Chauderlot renoue avec ses racines ibériques. Macao est emblématique du reste de l'Asie du Sud-Est : les traces visibles et profondes de la présence portugaise préfigurent celles qu'il a trouvées dans toute la région, de Punan à Sumatra en passant par la Thaïlande. « Les Portugais sont des commerçants, leur immigration prend donc la forme de comptoirs, explique-t-il. Je me consacre en ce moment à la recherche des marques de cette immigration dans toute l'Asie. » Un voyage de port en port, sur la route des épices, qui aboutit à deux expositions, l'une centrée sur Macao et l'autre, à venir, qui s'intitulera « Mémoire portugaise et chinoise dans l'Asie du sud-est. »

The Guia Chapel and Lighthouse, 2007, Charles Chauderlot

L'histoire se répète-t-elle ?
« Macao change chaque année davantage », témoigne l'artiste. La construction effrénée de casinos, impulsée par les autorités, défigure des quartiers historiques, au grand dam des habitants. « Mon travail a beaucoup de succès auprès des Macanais, probablement parce que mes tableaux leur donnent conscience de l'importance de leur patrimoine. » C'est pour cela que le premier tableau de l'exposition s'appelle « Adieu Macao ».

Charles Chauderlot a voulu livrer son Macao, différent de celui des cartes postales. En témoigne une peinture qui représente le phare de Guille : « Ce phare est toujours mis en avant sur les cartes postales. Or, la chapelle juste à côté, lui est bien antérieure. On y trouve à l'intérieur les plus vieilles fresques religieuses en Chine. J'ai volontairement mis le focus sur cette chapelle. Si on regarde bien, les marches conduisent à la chapelle, pas au phare. » Derrière chaque tableau, il y a de la réflexion et un hommage au port de Macao, raison d'être de la ville depuis plus de 450 ans.

Memories and reminiscences of Macao, 2011, exposition de Charles Chauderlot

Élégance et polémique
A Macao comme à Pékin, les tableaux de Charles Chauderlot rencontrent le succès auprès des populations locales et cristallisent les passions. En se faisant l'observateur silencieux de villes prises entre leur richesse architecturale et leurs aspirations de croissance à tout prix, il illustre un conflit qui ébranle le monde chinois depuis plusieurs années. « Je n'ai pourtant aucune volonté polémique, assure l'artiste. D'un côté, on dit de mes tableaux qu'ils sont doux et élégants, de l'autre ils provoquent des réactions passionnelles de la part des habitants des villes que je peins. »

Jusqu'au 26 juin 2011, Charles Chauderlot expose au Leal Senado des tableaux peints ces cinq dernières années, avec comme point d'orgue le port de Macao. En juillet 2011, ses tableaux seront à l'honneur à Malacca.

Laurence Huret et Lisa Melia (www.lepetitjournal.com/pekin.html ), mardi 14 juin 2011

A lire:
- Memories and reminiscences of Macao, artworks by Charles Chauderlot (2011)
- La cite interdite ? Le Dedans dévoilé, de Charles Chauderlot et Cyrille Javary (2006)
- Pékin ? Les derniers jours, de Charles Chauderlot (2006)

lepetitjournal.com pekin
Publié le 14 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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