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Un geste et un discours pour aller de l’avant

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gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Écrit par Lepetitjournal Nouvelle-Calédonie
Publié le 7 mai 2018, mis à jour le 7 mai 2018

Au terme de deux jours et demi en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron s'est exprimé pendant près d'une heure samedi soir devant quelque 300 personnes réunies dans un théâtre, sur le sens de son séjour et sa vision de l'avenir de l'archipel, après avoir joué l'apaisement samedi lors de sa visite sur l'île d'Ouvéa. Il a quitté le Caillou samedi soir.

 

A chacun de ses discours, rencontres, le chef de l’État n’a eu de cesse de mettre en avant l’identité pleine et entière des Calédoniens.


Des mots pour chacun

"C'est aux Calédoniens qu'il appartient de choisir" lors du référendum du 4 novembre, a déclaré M. Macron samedi soir à Nouméa lors d'un discours en clôture de son déplacement de trois jours sur le Caillou.

Le chef de l'État a assuré qu'il n'entendait pas prendre parti, "pas pour me soustraire à une responsabilité, mais parce que ce n'est justement pas ma responsabilité". Mais, a-t-il ajouté, "la France ne serait pas la même sans la Nouvelle-Calédonie".

"Il n'appartient qu'à nous tous de ne pas faire reculer l'Histoire, que le choix se fasse dans le calme en gagnant chaque centimètre de paix et de concorde", a déclaré M. Macron devant le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, les élus, les chefs coutumiers, les représentants de la société civile et les responsables économiques, réunis dans un théâtre.

"La France ne serait pas la même sans la Nouvelle-Calédonie", a-t-il insisté, en saluant l'engagement du territoire pour la France libre pendant la Seconde guerre mondiale, mais aussi "parce qu'elle est une part de cette France-monde" et parce qu'elle "a apporté à toute la France des modèles", dont celui "d'accepter toute cette diversité".

Mais "c'est aux Calédoniens qu'il appartient de le dire, de choisir" lors du référendum sur l'indépendance du 4 novembre, a-t-il ajouté, en assurant qu'il n'entendait pas prendre parti, "pas pour me soustraire à une responsabilité mais parce que ce n'est justement pas ma responsabilité".

"L'État fera tout pour que ce scrutin soit incontestable", a-t-il dit.

Lors de son discours, il a salué la mémoire de toutes les populations, d'Europe, du Pacifique ou d'Asie, qui au fil d'une histoire chahutée sont venues en Nouvelle-Calédonie et constituent aujourd'hui une communauté pluri-culturelle. "C'est cela la Nouvelle-Calédonie, une addition d'histoires souvent tragiques, parfois heureuse".

Il a toutefois souhaité que ce passé soit "regardé en face, sans déni et sans repentance".

Emmanuel Macron a notamment reconnu que "le combat des Kanak pour retrouver leur dignité était juste". "Jamais nous n'oublierons les douleurs de la colonisation et la douleur des Kanak", a-t-il affirmé.

Alors que le vieux clivage pour ou contre l'indépendance continue de structurer la vie politique calédonienne, il a préconisé "d'aborder les mois qui viennent en changeant de conjugaison", pour "conjuguer au futur" et définir "quel avenir nous voulons construire".

"J'ai appris à vous connaître" pendant ces quelques jours, a-t-il déclaré à son auditoire, "c'est une terre de regards et j'aimerais que ce regard se tourne vers l'avenir".

Même s'il n'a pas pris position sur le référendum, il a dessiné "l'ambition de la France dans la grande région Indo-pacifique, qui inclut la Nouvelle-Calédonie", "une vision" qu'il "veut porter pour la France et pour vous tous".

Dans ce cadre, il a fait l'inventaire de toutes les potentialités écologiques et économiques de la Nouvelle-Calédonie, comme le nickel, le tourisme, la bio-diversité et la mer.  


Une adhésion par tous

Pour le député UDI Les constructifs, Philippe Gomès, Emmanuel Macron "a su trouver les mots justes pour parler de la France et parler de nous et a posé des actes forts" durant son séjour. "Si je dois dire un seul mot, c'est "Chapeau président", il a su parler de manière très sensible de la Nouvelle-Calédonie".

Son discours a remporté l'adhésion des responsables du FLNKS, parti historique des Kanak indépendantistes, qui ont salué sa "vision" stratégique, ont rapporté les médias locaux.         

"Ce qui est plus important pour nous, c'est la vision qu'il a exposée de cette région Indo-Pacifique. Cela rejoint, ce que nous les indépendantistes, avons porté depuis des années. C'était un discours vraiment de haute tenue", a déclaré à NC 1ère Roch Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS et nationalistes au Congrès de l'archipel. "Que nous soyons un pays qui soit encore sous souveraineté française ou que nous soyons un pays complètement indépendant, nous sommes dedans", a-t-il également indiqué.       

De son côté Louis Mapou, chef du groupe UNI-Palika (Union nationale pour l'indépendance) s'est réjoui que le chef de l'Etat ait "comme message de ne pas avoir peur". "Quelle que soit la décision que nous prendrons, la France a des intérêts dans cette région du monde, et elle sera là et elle nous accompagnera (dans nos choix, ndlr). Il a fixé un cadre stratégique", a-t-il déclaré à la radio RRB.      

Le président du gouvernement calédonien, Philippe Germain, a déclaré, quant à lui, se sentir "conforté dans la politique que le Pays mène collégialement : souveraineté alimentaire, indépendance énergétique, soutien au tourisme, à l’industrie du nickel, à la transformation, aux exportations. Intégration régionale, parc naturel de la mer de Corail et projet éducatif". Pour lui, toutes ces politiques ont été citées par le Président dans son ambition pour la Nouvelle-Caledonie.

Pour Isabelle Lafleur, fille de Jacques Lafleur, mise à l’honneur par E. Macron ainsi que Marie-Claude Tjibaou, la veuve de Jean-Marie Tjibaou, le discours du Président de la République contenait de grandes ambitions pour la Nouvelle-Calédonie. "A nous de relever les défis !".

 

Un geste symbolique comme un geste coutumier

C'est samedi après-midi qu'Emmanuel Macron a remis au gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie les deux actes de prise de possession de ce territoire, les 24 et 29 septembre 1853 au nom de Napoléon III, dans un geste hautement symbolique à six mois d'un référendum sur l'indépendance.

Il a dévoilé les deux documents, sous vitrine, au Centre culturel Tjibaou, à Nouméa, dernier des grands travaux de François Mitterrand, inauguré il y a 20 ans par Lionel Jospin. Les documents étaient jusqu'alors conservés aux archives de l'outre-mer d'Aix-en-Provence et seront désormais conservés au sein des archives de la Nouvelle-Calédonie.

"Je les remets à l'ensemble des Calédoniens", a déclaré M. Macron. "Nous ne sommes plus au temps de la possession, nous sommes au temps des choix et de la prise de décisions collectives".

Avec ce geste, "vous allez marquer l'Histoire de la Nouvelle-Calédonie", a estimé Philippe Germain, président du gouvernement local.

Auparavant, le chef de l'Etat avait de nouveau effectué un geste coutumier, en présence notamment des autorités traditionnelles kanak de la région de Nouméa, et d'Emmanuel et Marie-Claude Tjibaou, fils et veuve du leader kanak assassiné il y a 29 ans.

"Durant ces un peu plus de deux journées que j'ai passées parmi vous, j'ai vu une jeunesse ardente qui avait envie d'avancer et de construire et j'ai vu des mémoires diverses", a-t-il dit.

"Je tenais à rendre compte de toutes ces mémoires. Bien évidemment la mémoire kanak du peuple premier (...) qui a eu à subir des violences et des humiliations qu'il faut regarder en face. Ce temps-là a existé et cette mémoire est là", a-t-il reconnu.

"Le chemin fait pendant ces vingt dernières années a notamment commencé ici même, il a permis d'avancer parce qu'il a pleinement reconnu la culture kanak, il a pleinement reconnu cette part insécable de l'histoire, de l'actualité et de l'avenir de l'archipel", a-t-il ajouté, avant d'évoquer les "autres mémoires", celle "de tous ceux et toutes celles qui ont contribué à construire la Nouvelle-Calédonie. Ces mémoires viennent s'entrelacer".

"Ce que je vous propose, c'est cette alliance des mémoires qui seule permet de regarder sereinement l'avenir", a conclu M. Macron, après un déplacement à Ouvéa où il avait joué le jeu de l'apaisement, et avant un grand discours où il a appelé les électeurs calédoniens à "ne pas faire reculer l'Histoire" lors du référendum du 4 novembre.


Souvent présenté par les journaux nationaux comme un pays en proie aux pires affrontements, la Nouvelle-Calédonie aura montré son véritable visage à Emmanuel Macron : un pays moderne et respectueux de ses traditions, fait de consensus, « regards » et de symboles forts.

 

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