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Développement durable, petite fiction à l’horizon 2025…

Développement durableDéveloppement durable
Écrit par Véronique Mézille
Publié le 11 juillet 2018, mis à jour le 11 juillet 2018

Le développement durable, on en parle, on adhère au principe, mais il reste encore du chemin à parcourir pour concrètement l’appliquer. Et si on se transportait dans le temps, si on imaginait avoir passé le cap de la réflexion et que nos gestes, enfin, reflètent nos bonnes intentions. À quoi ressemblerait notre monde ?

Nouméa, mai 2025. Il y a 17 ans, en Nouvelle-Calédonie, se tenait la première conférence des acteurs du schéma d’aménagement et de développement « Nouvelle-Calédonie 2025 ». Ce travail avait pour objectif « un développement dynamique, soucieux des aspirations des générations futures, de l’identité des Calédoniens et des enjeux environnementaux » via une démarche participative.

Je me souviens. Il faut dire qu’à cette époque de crise mondiale, aussi bien économique que sociale et écologique, tous les indicateurs étaient au rouge : démographie galopante, pollution, réchauffement climatique, épuisement des ressources énergétiques, inégalités sociales, etc.

En fait, l'humanité vivait au-dessus de ses moyens. La consommation planétaire de ressources naturelles excédait de 30 % les capacités de la planète à se régénérer, et si on avait continué au même rythme, l'humanité aurait eu besoin d'une deuxième planète au début de la décennie 2030 pour répondre à ses besoins.

Il fallait donc réagir ! Le développement durable, on en parlait de plus en plus et tout le monde en connaissait les grands principes : « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Mais dans la réalité, l’application restait délicate et le développement durable avait du mal à se traduire dans les faits.

En tout état de cause, l’équilibre entre respect de l’environnement, cohésion sociale et durabilité économique, restait à trouver. Et pourtant, en à peine vingt ans, la Nouvelle-Calédonie a su prendre le virage et relever les défis qui se présentaient.

Les villes ont été entièrement repensées

Pour préserver les écosystèmes et réduire les pressions environnementales, il a fallu lutter contre le mitage du territoire et la transformation de la brousse en lotissements sans fin.

La nécessité d’adopter une architecture verticale s’est imposée, même si cela n’a pas été sans un long travail de changement d’habitudes et de mentalités - la maison individuelle étant à l’époque le logement idéal dans l’imaginaire de la population locale. À l’instar des principes de la « cité radieuse » de Le Corbusier, ce sont maintenant de véritables villages verticaux qui ont été construits. Les appartements y sont séparés par des rues intérieures et toute l’organisation est pensée pour favoriser l’épanouissement de la vie sociale. C’est ainsi que se sont développés des équipements collectifs tels que des crèches, des commerces, des aménagements sportifs, des jardins communautaires…

Ces habitats sont bien sûr tous équipés de chauffe-eau solaires, panneaux photovoltaïques et éoliennes. L’habitat individuel a toujours ses inconditionnels, mais il est désormais obligatoire d’appliquer des principes de construction durable, la maison « bas carbone » ou HQE (Haute qualité environnementale) fait partie du quotidien des architectes et des constructeurs.

À présent, la circulation est fluide ; les tramways, les bus, eux aussi totalement alimentés en énergie renouvelable, côtoient les voitures hybrides qui, pour la plupart, sont louées à des sociétés de « car sharing ». Ce système permet à ses membres de disposer d'une voiture lorsqu'ils en ont besoin, sans en posséder une personnellement.

La collecte de déchets a pris sa vitesse de croisière 

Le choix du nouveau procédé de collecte pneumatique des déchets a fait l'unanimité. Ce système consiste à collecter les déchets automatiquement par aspiration. Les usagers déposent leurs ordures à l'intérieur de bornes situées dans les lieux publics, dans les habitations individuelles ou encore dans les commerces. Un système de ventilation aspire les ordures dans les canalisations et les entraîne vers une centrale de tri.

Chaque catégorie de déchets est dirigée vers une zone de stockage. Les stocks sont accessibles, sous contrôle, à diverses sociétés qui en rachètent une majorité pour les recycler, les réutiliser, les valoriser. La création de ces marchés en bout de chaîne n'aurait pas été possible sans le concours des pouvoirs publics. Ceux-ci ont encouragé la création d’un réseau de sociétés par la mise en place de mesures incitatives, sous forme de subventions, afin d'éviter l'ouverture de sites d'enfouissement technique ou d'usines d'incinération.

Par ailleurs, une politique de réduction des déchets à la source, avec la mise en place d'écotaxes a incité les entreprises locales à trouver progressivement des alternatives à leurs émissions de déchets. L'argent collecté est réinvesti, notamment dans la recherche de solutions de réduction de déchets.

Les mentalités ont évolué 

Nos comportements individuels en matière de consommation ont également changé, nous avons pleinement pris conscience, en tant que citoyens, que nous sommes responsables de la dégradation de l'environnement. Mais nous représentons également une force considérable capable d'infléchir la société de consommation.

C’est pourquoi nous agissons par des gestes simples, responsables et efficaces, comme cesser de faire couler l'eau inutilement, équiper les robinets de réducteurs de débit, récupérer l’eau de pluie, éteindre les lumières inutiles, privilégier les ampoules basse consommation, éviter au maximum d’acheter des produits jetables, consommer en priorité les plus respectueux de l’environnement, se procurer des aliments issus de l’agriculture biologique - un label biocalédonien ayant été mis en place depuis plusieurs années.

Par ailleurs, le développement de la Calédonie ne s’est pas cantonné aux aspects environnementaux. Les problématiques de progrès et d’équité sociale ont également été prises en compte. Des thèmes tels que le statut de l’individu dans la ville, l’idée de l’habitat, de ses fonctions, de son esthétique et de ses formes, la notion de collectivité et de mixité dans l’habitat, des espaces sécuritaires pour tous, un habitat durable et renouvelable ont fait l’objet de réflexions et ont permis de mener une politique volontariste en matière de logements sociaux, dont le déficit a été résorbé par la construction d’habitats adaptés.

Une politique dynamique en matière de santé (décentralisation des équipements de soins), d’éducation (formations, bourses…), d’équipements et de structures publics (tarifs différenciés pour les transports) a considérablement contribué à l’amélioration du niveau et de la qualité de vie des habitants.

La délinquance a reculé, le plein emploi est assuré, grâce notamment aux nouveaux métiers verts (recyclage, revégétalisation, management environnemental, etc.), le pacte social est appliqué, le rééquilibrage social et économique est en passe d’aboutir. L’IDH du pays (Indice de développement humain) ayant remplacé le PIB (Produit intérieur brut), est calculé par la moyenne des indices suivants : la santé et la longévité, le savoir ou niveau d'éducation ainsi que le niveau de vie ; l’indice est désormais de un, c’est dire s’il est excellent.


 

Véronique Mézille
Publié le 11 juillet 2018, mis à jour le 11 juillet 2018

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