Entre le 20 mai et le 24 mai, plus de 1,8 million de Turcs de l’étranger ont pu voter pour le deuxième tour de l'élection présidentielle qui oppose Recep Tayyip Erdoğan à Kemal Kılıçdaroğlu. Ce dimanche 28 mai, plus de 190.000 urnes seront ouvertes à près de 61 millions d’électeurs dans toute la Turquie. Pour mieux comprendre le déroulement d'une journée de vote en Turquie, nous avons rencontré Taner B.*, observateur bénévole pour l’organisation indépendante "Türkiye gönüllüleri" ("bénévoles de Turquie"). Cette dernière a pour mission de créer une base de données de tous les votes enregistrés afin de prévenir toute irrégularité.
Dimanche, les bureaux de vote ouvriront à 8h du matin. Les personnes en charge d’un bureau doivent, elles, arriver dès 7h, afin de prêter serment et cacheter chaque enveloppe d’un tampon assigné.
La journée de vote
Deux administrateurs dirigent la salle de vote (le plus souvent dans une école). Un président, qui est élu par le Haut conseil électoral (YSK) et qui doit être fonctionnaire ; le second, lui, n’est pas forcément de la fonction publique. Pour cette mission, tous deux sont rémunérés par l’État. Ils sont accompagnés de cinq représentants des partis (assesseurs) qui ont eu le plus grand nombre de voix aux dernières élections d’arrondissement. Excluant, de ce fait, les partis qui existent depuis moins de cinq ans. Par ailleurs, des observateurs (jusqu'à cinq) sont présents dans chaque salle de vote.
Le bureau de vote est ouvert de 8h à 17h sans interruption. Pour voter, il faut impérativement se munir d’un document d’identité (nouveau ou ancien).
Pour cette élection, les assesseurs remettent aux électeurs un seul bulletin de vote (contre deux pour l'élection du 14 mai) et une enveloppe dans laquelle glisser le bulletin de l’élection présidentielle.
Les électeurs doivent entrer seuls et sans appareil électronique dans l’isoloir. Cependant, pour les personnes en incapacité physique de tamponner un bulletin, un accompagnement est autorisé (à l’exception des représentants de partis).
Pour les élections turques, il n’y a pas de bulletin par candidat, mais un seul bulletin sur lequel on retrouve les noms des candidats.
L’électeur doit alors tamponner avec un tampon "evet" (oui) ou "tercih" (choix) le candidat (présidentielle) de son choix.
Le cachet doit cependant bien correspondre aux candidats, sinon le bulletin sera invalidé. Il est cependant possible (si la motivation est forte !) de tamponner plusieurs fois son candidat favori, à condition de ne pas dépasser les bordures.
En sortant de l’isoloir, l’électeur introduit l’enveloppe dans l’urne, puis il émarge.
Fermeture des bureaux de vote, vérifications de la validité des enveloppes
À 17h, les bureaux de vote ferment leurs portes. L’urne est ouverte et vidée, le décompte commence alors. La première étape est de compter le nombre d’enveloppes, deux fois. Le président du bureau de vote doit les compter, à voix haute. Ensuite, il faut séparer les enveloppes dites "valides", des enveloppes dites "non-valides".
Une enveloppe est considérée comme "non valide" si elle n’est pas de la couleur ou de la taille déterminée par le YSK. De plus, l’enveloppe doit comporter le filigrane, le logo du YSK, ainsi que les tampons du conseil électoral d’arrondissement, et celui du bureau de vote (placés le matin même avant l’ouverture des bureaux). Une enveloppe déchirée ou qui comporte n’importe quel autre type de marque est comptée comme nulle. Les enveloppes "non valides" sont mises de côté, attachées et scellées à la cire.
Ensuite, il faut vérifier que le nombre d’enveloppes est équivalent au nombre de personnes qui ont émargé.
Que se passe-t-il si le nombre de votes ne correspond pas ?
Imaginons que 300 personnes aient voté, mais qu’il y ait 320 enveloppes dans l’urne. Si 10 enveloppes sont comptées comme nulles, il y a un excédent de 10 enveloppes. Alors le président choisit au hasard 10 enveloppes valides et les brûle.
La phase de dépouillement
Seul le président du bureau de vote est compétent pour la phase de dépouillement. Il reçoit les bulletins, les lit à voix haute et les montre aux assesseurs. La porte de la salle doit rester ouverte durant toute la durée du dépouillement, toute personne ayant voté dans le bureau de vote a le droit d’y assister (sans interférer bien-sûr !)
Les observateurs doivent aussi tenir une feuille de résultats, afin d'étayer la base de données. Ils en gardent une copie qu'ils envoient à la plateforme Türkiye Gönüllüleri et/ou Oy ve ötesi.
Une fois le dépouillement terminé, les assesseurs et personne missionnés doivent alors signer le tableau des résultats. De plus, tous les tableaux doivent être signés par tous les représentants sur place.
Enfin, les bulletins, les enveloppes, et tous les autres documents ayant été utilisés pendant la journée sont placés séparément dans un seul et même sac, scellé à la cire lui aussi.
Le président et au moins deux assesseurs (choisis au hasard) de chaque bureau de vote apportent alors leur sac au conseil électoral d’arrondissement. Tout arrêt sur la route est interdit.
Lors de cette dernière étape, le sac est ouvert avec les personnes présentes, et un rapport est établi permettant de vérifier que tout est en ordre. Les résultats sont ensuite transmis au Haut conseil électoral, qui les valide.
(*) Le prénom a été modifié
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