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Donner une éducation bilingue à ses enfants est moins compliqué que vous ne le pensez

Le bilinguisme est un concept familier pour la plupart des expatriés. Pour beaucoup, le véritable challenge survient lorsqu’il faut faire le choix d’éduquer ses enfants dans un contexte anglophone - ou d’une langue tierce - tout en gardant la culture et la langue française. Conseil de la rédaction: n’hésitez surtout pas à  donner une éducation bilingue à vos enfants, ils vous remercieront plus tard.

Trois enfants bilinguesTrois enfants bilingues
Écrit par Sophie Sager
Publié le 5 avril 2023, mis à jour le 31 mai 2023

Vous ne parlez pas la même langue que votre conjoint et souhaitez tous les deux lui transmettre ce qui constitue l’essence même de votre culture? Vous êtes expatrié dans un pays non francophone et souhaitez que votre enfant parle français? L’anglais prend énormément de place dans votre quotidien? Il n’existe pas réellement de marche à suivre pour donner une éducation bilingue à ses enfants mais les conseillers et professionnels du milieu vous aident aujourd’hui à mieux appréhender ce challenge.

 

Déconstruisons les mythes du bilinguisme ensemble grâce au Guide pratique du bilinguisme de Nicky Gentil

Votre enfant risque de parler plus tard. De même qu’il risque de marcher plus tard. Tous les enfants se développent à leur propre rythme et acquièrent les facultés principales en fonction de celui-ci. Dans son livre Guide pratique du bilinguisme, Nicky Gentil cite un pédiatre: “Il ne va absolument pas de soi qu’un enfant bilingue parlera tardivement, mais lorsque cela arrive, il n’y a aucune raison de s’en inquiéter”.

 

“Deux langues c’est trop pour un enfant”. Que nenni, un enfant est très bien capable d’assimiler plus qu’une langue et ce, dès son plus jeune âge. En effet, cela s’explique par le fait qu’un enfant - ou plutôt un bébé - n’ait aucun filtre auditif entre 0 et 7 mois. S’il est confronté à plusieurs langues, il les repérera toutes et n’en fera aucune distinction. A partir de 7 mois, il ne se concentrera que sur les sons de sa propre langue. Plus l’enfant est plongé dans une multitude de langues tôt, plus les contrastes phonétiques se distingueront facilement. Aussi, le spectre discriminatoire est bien plus plus étendu si les langues sont différentes phonétiquement. 

 

Les familles en expatriation

Camille Trou, formatrice et spécialiste du développement du langage oral et écrit, est spécialisée dans le bilinguisme. Nous l’avons rencontré afin qu’elle nous partage ses conseils de professionnelle expatriée et mère d’enfants bilingues.

 

Premièrement, la constance et l’exposition sont les clés d’un bon bilinguisme. Plus votre enfant est exposé à la langue, plus il a de chance que son bilinguisme soit durable. On parle ici de 30 à 40% d’exposition par jour dans les deux langues. Néanmoins, constance ne rime pas avec apprentissage militaire. Il faut s'adapter à vos modes de vie et toujours veiller à ce que votre éducation bilingue soit naturelle.

 

Il est préférable de toujours parler à son enfant dans votre langue maternelle. Ce conseil vient déconstruire un mythe sérieux: “Votre enfant confondra les deux langues”. Pour les familles expatriées, il est conseillé que les parents continuent de parler uniquement dans leur langue d’origine. Les enfants s’habitueront et apprendront la langue d’expatriation sur place autrement: école, activités extra-scolaires, activités quotidiennes. 

 

Si vous optez pour cette première option (parler français à la maison et les laisser apprendre la langue d’expatriation à l’école), Camille explique que les films et livres en français sont un bon back-up mais ne sont pas suffisants. Il faut que la langue soit pratiquée lors de communications. Elle conseille de dédier des moments dans la semaine spécialement au français. Par exemple, l’histoire du soir, la cuisine, les coups de fil à la famille en France, une nounou ou une fille au pair qui parle français… Sur le long terme, il est important d’avoir des habitudes à respecter.

 

Eduquer des enfants bilingues

 

Les couples bilingues

Pour les couples bilingues, le modèle OPOL (One Person, One Language) est celui à adopter. Chaque parent parle sa langue maternelle à l’enfant qui, lui, associera une langue à un parent. Être bilingue ne veut pas dire maîtriser les deux langues à mesure identique. Si un enfant parle deux langues, il en maîtrisera toujours une mieux que l’autre. Le parent concerné devra accepter que son enfant maîtrise moins bien sa langue que celle de son conjoint. Encore une fois ce n’est pas alarmant et cela ne l’empêchera pas de très bien se débrouiller dans cette langue. Plus l’enfant vieillit, plus les nouveaux apprentissages dans une langue seront lents, mais comme un monolingue, un bilingue n’arrête jamais d’apprendre. La seule chose pouvant lui faire perdre la maîtrise complète d’une langue est l’arrêt de sa pratique.

 

Bien sûr, l'éducation bilingue est une construction et non une décision à prendre à la légère. Cependant, le point principal à respecter est la constance dans vos choix. Si cette méthode fonctionne pour votre famille, il faut s’y tenir. Sinon, vous risquerez de déboussoler vos enfants. 

 

Les différents types de bilinguisme: pourquoi donner une éducation bilingue à son enfant dès le plus jeune âge est une très bonne idée

Il existe deux types de bilinguisme: tardif et précoce. Vous trouverez toutes les informations nécessaires quant à ceux-ci dans le guide de Nicky Gentil. Mais nous évoquerons ici, la principale chose qui les différencie: l’accent. 

 

Un enfant est capable d’apprendre plusieurs langues dès son plus jeune âge, sans aucun accent dans une des deux langues. Alors que l’accent constitue la première difficulté dans l’apprentissage d’une nouvelle langue pour un adulte, soit un bilingue tardif. Chez le jeune enfant, les modes articulatoires de la langue maternelle ne sont pas encore figés sur son appareil articulatoire, qui s'adapte facilement à la prononciation des sons étrangers. A l’âge adulte, le palais n’est plus autant malléable. 

 

Rappelons que l’on peut devenir bilingue à n’importe quel âge et qu’à partir du moment où notre interlocuteur nous comprend, avoir un accent n’est pas bien grave. Prêt de la moitié de la population mondiale étant bilingue, pourquoi votre enfant n’y arriverait-il pas?