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Tim Van Anderlecht : "Istanbul s'est révélée être une véritable merveille"

Tim Van Anderlecht est arrivé en Turquie en août 2022 pour exercer la fonction de Consul général de Belgique à Istanbul. Le petitjournal.com d’Istanbul l’a rencontré, afin d’échanger autour des priorités et actions du consulat, de la communauté belgo-turque, des échanges commerciaux, de l’exportation de la culture belge, ou encore de la coopération franco-belge dans la cadre des évènements de la francophonie.

T.V.AT.V.A
Tim Van Anderlecht au consulat général de Belgique à Istanbul
Écrit par Pauline Sorain
Publié le 26 mars 2023, mis à jour le 20 novembre 2023

Lepetitjournal.com d’Istanbul : Tim Van Anderlecht, vous êtes Consul général de Belgique à Istanbul ; vous avez eu un parcours bien rempli auparavant, pouvez-vous nous le retracer ?

Tim Van Anderlecht : Après des études d'histoire, j'ai choisi la voie diplomatique et travaillé pour le ministère des affaires étrangères belge. J'ai occupé différents postes à l'étranger : Pékin à la section politique de l'ambassade, Pretoria en tant que conseiller et à Moscou comme conseiller économique. Je suis arrivé en août 2022 pour occuper les fonctions de Consul général à Istanbul.

Quelles sont les principales activités du consulat général de Belgique à Istanbul ?

Pour la Belgique, Istanbul est un poste économique et consulaire dont la circonscription couvre les provinces de la mer de Marmara : Balıkesir, Bursa, Çanakkale, Edirne, İstanbul, Kırklareli, Kocaeli, Tekirdağ et Yalova. Le Consulat s’occupe de la promotion du commerce, de l’exportation et de l’attraction des investissements. Il convient de noter que dans le cadre des institutions belges, la compétence économique a été régionalisée ce qui explique que Bruxelles, la Flandre et la Wallonie ont chacune un attaché commercial à Istanbul.

Le consulat travaille également avec la chambre de commerce belgo-luxembourgeoise dont la mission est d'aider les entreprises belges et luxembourgeoises à investir en Turquie pour développer les partenariats commerciaux turco-belgo-luxembourgeois et dynamiser l’entreprenariat régional, national et international.

Ce partenariat est intéressant pour toutes les parties, de nombreux Turcs travaillant maintenant pour les entreprises belges.

Par ailleurs, le consulat fournit une assistance à la communauté belge ainsi qu'aux ressortissants belges qui séjournent temporairement en Turquie. A Istanbul, cette communauté représente presque 2500 personnes. A Ankara, elle représente près de 4000 personnes (donc 6500 dans toute la Turquie). C’est assez conséquent. En Russie, à titre de comparaison, la communauté belge représentait seulement 800 personnes. Cette communauté belgo-turque serait composée de 80% de binationaux. Ces chiffres sont en constante augmentation, notamment depuis la crise financière de 2008.

Concernant les visas, le Consulat général est compétent pour toute la Turquie. Nous travaillons avec VFS, le partenaire officiel de sous-traitance des services consulaires, qui a des bureaux à Istanbul, Ankara, Antalya et Diyarbakır.

En 2022, nous avons traité 12 700 demandes de visas, ce fut une année record. Istanbul est le 5ème poste dans le réseau belge en termes de volume, ce qui est considérable pour nous.

Depuis le tremblement de terre, le poste a été renforcé. Nous gérons 50 % de demandes de plus par jour. Notre gouvernement a pris l’engagement de donner la priorité notamment aux victimes qui ont de la famille en Belgique.

Pouvez-vous nous indiquer quelle est l'importance de la communauté turque en Belgique et la nature des accords entre la Turquie et la Belgique pour encadrer ces flux de populations ?

Après le Maroc, la communauté turque est la deuxième plus importante en Belgique. Près de 300 000 Turcs vivent en Belgique, sur plus de 11 millions d’habitants. Cela rend l’expérience enrichissante, le dialogue est facilement engagé dans de nombreux domaines.

L’année prochaine, nous allons fêter les 60 ans du traité de l’immigration conclu en 1964 relatif à l'occupation des travailleurs turcs en Belgique. En effet, dans les années 60, il y avait un réel besoin de main d’œuvre qui a attiré de nombreux travailleurs turcs. Dans les années 50, l’immigration venait avant tout du Portugal et de l’Italie, puis elle a concerné le Maroc et la Turquie. Ces communautés ont gardé des liens très fort avec la Turquie, et la communauté turque est très bien intégrée en Belgique.

Quel est le système éducatif privilégié par les ressortissants belges en Turquie ?

Bien évidemment les Belgo-Turcs présents en Turquie privilégient le système éducatif turc. Cependant la Belgique est un pays bilingue, les expatriés sont pour la majorité flamands et non francophones. Donc le choix des écoles est varié ! Mes enfants sont à l’école allemande par exemple.

Le Consulat général hollandais, avec le ministère de l’éducation des Pays-Bas, organise des cours de néerlandais. C’est important pour mes enfants qui vont retrouver le système belge dans quelques années.

Qu’évoque la Belgique pour les Turcs ? Savez-vous si la culture belge a traversé les frontières jusqu’en Turquie, notamment avec les bandes dessinées ?

La Belgique est un petit pays, avec une marque culturelle forte, mais peu connue. Les Turcs semblent peu connaître la Belgique comparé à l’Allemagne ou la France par exemple. Bien, sûr, on connaît Bruxelles, les bières, le chocolat, les gaufres. Les bandes dessinées sont également connues, mais peu associées à la culture belge. C’est là tout l’objectif des diverses expositions organisées en partenariat avec l’Institut français, mettre en valeur ce patrimoine. Et bien évidemment, quand on parle de culture belge, on parle aussi de culture flamande, wallonne. C’est un ensemble très riche.

Le consulat s’est montré très actif pour le mois de la Francophonie. En coopération avec l’Institut français de Turquie nous avons organisé une exposition autour du nouveau passeport belge, qui s’inspire de l’univers de la bande dessinée. On y retrouve les Schtroumpfs, Tintin et beaucoup d’autres encore ! Cela détonne un peu avec le caractère officiel du document, mais cela donne une image sympathique du pays tout en s'accompagnant d'un haut niveau de protection documentaire puisque la grande nouveauté est que ce passeport comporte 48 éléments de sécurité, contre 24 auparavant. Nous vous invitons à découvrir les illustrations de ce passeport à l’Institut français d’Istanbul jusqu’au 14 avril.  

 

passeport belge

Pages du nouveau passeport belge à la lumière d'une lampe UV

 

Pourriez-vous nous parler de la coopération franco-belge et des événements mis en œuvre dans le cadre du printemps de la francophonie ? Cette coopération s’étend-elle à d’autres domaines ? 

Il y a également eu le concert "Cassandre ou le Chant des ruines", accueilli par le lycée Notre Dame de Sion. Cette coopération avec les établissements francophones est un beau moyen de promouvoir les évènements culturels. Pascale Seys, auteur, récitante du concert, a par ailleurs profité de son séjour à Istanbul pour intervenir dans un cours de philosophie au lycée Galatasaray.

Cette coopération s’est étendue avec la projection de films à l’Institut français (Tori et Lokita et Le chemin du bonheur) et nous travaillons sur une future exposition, sur l’univers de la bande dessinée et les paysages belges.

Pouvez-vous nous dire s'il existe des traces de bâtiments créés par des Belges en Turquie ?

Il en existe effectivement quelques-unes. On retrouve plusieurs landmark d’architecture comme la Feshane, ancienne usine de fabrication de fes au bord de la Corne d'Or, ou le Pera Palace, projet de l’industriel belge, Georges Nagelmackers, également créateur du premier Orient-Express.  

Autre exemple, l’immeuble Doğan construit à la fin du XIXème siècle pour un banquier belge, Helbig, dans la rue Serdar-ı Ekrem, à proximité de Tünel et de la tour de Galata.

La Belgique s’est très tôt industrialisée et s’est exportée partout dans le monde ; nombre d'industriels belges étaient ainsi actionnaires de la société qui a créé Tünel (funiculaire souterrain avec deux stations, reliant les quartiers de Karaköy et Beyoğlu, ouvert en 1875).

Quel est l'état des relations belgo-turques en matière commerciale ?

En 2021, la Belgique a connu une hausse de ses exportations à destination de la Turquie plus rapide que celle de la moyenne européenne. Elle est donc devenue l’un des fournisseurs européens les plus importants de la Turquie. La Belgique exporte majoritairement des produits chimiques, des matières plastiques, des métaux communs, des machines et appareils, etc. En 2022, la Belgique a majoritairement importé de Turquie du matériel de transport (23,8% des échanges).

En 2022, la Turquie était le 14ème client de la Belgique et son 18ème fournisseur. La Belgique a exporté à hauteur de 7,2 milliards d’euros, et importé à hauteur de 6,1 milliards d’euros. Cela représente respectivement des hausses de 17,9% et 11,9% par rapport à l’année 2021.

Pour terminer, pourriez-vous nous parler de vos impressions personnelles sur la Turquie ? La réalité correspond-elle à ce que vous imaginiez ? Avez-vous une découverte à nous faire partager ?

La Turquie est un pays formidable, cosmopolite. Toutes mes connaissances s'étaient accordées pour dire qu’Istanbul est une ville splendide. Mes attentes étaient donc grandes. De la Turquie, je ne connaissais qu'Antalya que j'avais visitée en 2021.

Ma première destination en Turquie fut Ayvalık. Nous sommes passés par Assos, Pergame et Troie. J’ai été fasciné par cette culture, cet héritage. Traverser ces petits villages et ces champs d’oliviers. L’une des destinations préférées des Belges est l’Italie notamment pour l’héritage gréco-romain et l’huile d’olive. Mais la Turquie a tout ça elle aussi !

Istanbul s'est révélée pour moi être une véritable merveille. A Istanbul, j’ai cette opportunité de tout pouvoir faire à pied. Dans une ville aussi grande c’est un luxe ! J'ai le plaisir de découvrir la vie quotidienne des stambouliotes et leur riche culture. Une de mes belles découvertes stambouliotes est le restaurant Smelt, à Balat. Le caractère originel de la maison a été conservé et la nourriture est délicieuse !

Être entouré par la mer et la montagne est fantastique. On peut facilement s’extraire de l’activité, en allant sur les îles par exemple. On n’a jamais le sentiment de suffoquer.

 

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Suivre Tim Van Anderlecht sur Twitter : @belgiumistanbul

 

Propos recueillis par Albane Akyüz et Pauline Sorain

 

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Publié le 26 mars 2023, mis à jour le 20 novembre 2023

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