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Juliette De Causans : "Plus de justice sociale, plus d’écologie pragmatique "

Élections législatives. Juliette De Causans, candidate du parti Egalité Europe Ecologie ! pour la 8e circonscription, a répondu à nos questionsÉlections législatives. Juliette De Causans, candidate du parti Egalité Europe Ecologie ! pour la 8e circonscription, a répondu à nos questions
Écrit par Lepetitjournal Tel Aviv
Publié le 21 mars 2023, mis à jour le 24 mars 2023

Dans la perspective des prochaines élections législatives, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Juliette De Causans, candidate du parti Egalité Europe Ecologie ! pour la 8e circonscription, a répondu à nos questions.

 

Les Français résidant en Israël, Italie, Grèce, Turquie ou Malte voteront sur place au premier tour le dimanche 2 avril et le deuxième le dimanche 16 avril. En ligne, les votes se dérouleront plus tôt, du 24 au 29 mars pour le 1er tour et du 7 au 12 avril pour le 2e. 

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Fille et petite-fille de diplomates, je suis actuellement professeure de français dans un collège public après des études en Lettres et en droit et une scolarité complète dans différents lycées français à travers le monde. Je suis aussi engagée depuis de nombreuses années dans différentes associations de défense de l’égalité, de l’Europe et de l’écologie. Ainsi, je suis secrétaire de l’association Nous Sommes Leurs Voix qui dénonce, notamment les problématiques de l’État iranien actuel, grand déstabilisateur mondial, depuis de nombreuses années, ceci en lien avec Masih Alinejad.

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?

Tout comme en 2022, j’ai décidé de me présenter aux élections législatives car j’ai des causes à porter, que je souhaite être au service des citoyens et pouvoir défendre leurs droits, leurs aspirations et infléchir certaines politiques publiques en faveur de plus de dialogue social. Il me semble important de mettre en place d’une véritable solidarité avec les Français établis hors de France et entamer une réflexion autour de différentes politiques publiques, en particulier, concernant l’éducation française à l’étranger étant moi-même enseignante. Depuis de trop nombreuses années, seules les personnes très aisées ou celles bénéficiant de bourses aux critères assez stricts peuvent se permettre d’inscrire leurs enfants au sein de Lycées français sans voir une baisse drastique de leur pouvoir d’achat. Or, l’Éducation est un droit et la question du tarif de base (et non uniquement du nombre de bourses) devrait être posée. Je propose notamment la diminution du tarif de base par une participation financière de l’Éducation nationale au bénéfice de tous les Français expatriés.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Mon vécu d’expatriation, une partie de ma famille en Italie et différents séjours d’échanges universitaires en Turquie et en Grèce. Mon suppléant, Pierre Attaman, possède notamment une maison à Syracuse, des liens familiaux et culturels avec Israël. Nous fonctionnerons comme un véritable binôme en cas d’élection à l’Assemblée nationale.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l’étranger ?

J’ai suivi toute ma scolarité dans différents lycées français. J’ai d’ailleurs passé mon baccalauréat au Lycée français de Belgique Jean Monnet. J’ai vécu les déménagements réguliers, la perte des amis, la découverte d’un nouveau pays. Je sais aussi l’impact de la vie à l’étranger au retour en France. Pour ma part, lorsque j’ai fait mes études à Paris après toutes ces années d’expatriation, j’ai ressenti le mal du pays pour un pays qui pourtant n’était pas celui de ma nationalité. Au moment de mes études, j’ai d’ailleurs pensé à y repartir mais il y a eu la question de la reconnaissance des diplômes et puis, j’ai fini par rencontrer celui qui deviendrait mon époux et que j’ai suivi dans sa région. Aujourd’hui encore, je me sens une Française du monde, européenne dans l’âme. Durant toutes ces années, la francophonie me liait au reste de la communauté française. Elle était mon refuge. C’est probablement pour cela que je me suis orientée vers l’enseignement du français.

 

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Ces dernières semaines ont démontré que l’Assemblée nationale pouvait être le lieu d’une profonde agressivité voire d’une brutalité procédurale dans l’adoption des mesures ou durant la tenue des débats. Il existe un mécontentement social que l’on ne peut ignorer face à l’inflation, au désengagement de l’État dans les services publics de base ou au non-respect de certaines promesses à l’égard notamment des enseignants. Pour ma part, je souhaite agir en tant que députée de la majorité présidentielle apparentée afin de conserver une certaine indépendance d’esprit et de pouvoir œuvrer à plus de discussion inter-groupes.

 

Je tâcherai d’être à l’écoute des personnes de ma circonscription, de faire de mon mieux pour répondre à leurs besoins spécifiques. C’est pour cela que mes propositions sont axées avant tout sur la question de l’expatriation. Je compte interroger systématiquement, pour chaque mesure adoptée à l’Assemblée nationale, l’impact de la mesure en question sur le sort de nos concitoyens de l’étranger. J’agirai au travers d’amendements.

 

Mon mandat de députée sera mis au service de plus de justice sociale, plus de dialogue, plus d’écologie pragmatique afin d’assurer notre souveraineté énergétique à coût modéré, une certaine place de la France dans le monde avec la revalorisation de notre réseau consulaire, diplomatique et d’enseignement à l’étranger.

 

Quels sont selon vous les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?

Les défis des Français de la 8e circonscription sont divers comme le sont les pays qui la composent. Il y a les questions qui touchent les Français expatriés en général comme ceux de la fiscalité, du coût de l’éducation, de la couverture sociale ou de la retraite. Des points plus spécifiques comme les liaisons ferroviaires et autoroutières entre l’Italie, la France et les autres pays limitrophes. La situation géographique et politiques des pays est un défi en soi. La question de la déstabilisation géopolitique de l’Europe par la guerre russo-ukrainienne, la crise migratoire, nos institutions européennes face aux divergences politiques et la situation de nos industries au sein de la mondialisation. L’émergence de l’axe sino-irano-chinois aura probablement un impact sur notre sécurité à tous. Les prémices étaient déjà visibles depuis de nombreuses années et l’Europe devra se montrer unie face à l’émergence de nouveaux modes de contrôle des citoyens liés au développement du numérique.

 

En tant que députée, je chercherai à faire part de mon expérience ayant vécu un certain nombre d’années au sein de régimes totalitaires tout comme de démocraties. Ce que je défendrai le plus, c’est bien sûr la paix car une guerre généralisée sur le sol européen conduirait à la mort de nos enfants, de nombreux proches et à un nouveau suicide de notre continent. L’Union européenne avait pour mission première à sa création d’empêcher la guerre, de favoriser la démocratie et une certaine qualité de vie. Il est primordial de ne pas l’oublier. Il y a aussi le défi climatique et les réfugiés climatiques potentiels qui iront avec en sus des autres motifs migratoires. Tous ces éléments doivent être anticipés afin que nous ne soyons pas submergés. Il nous faudra être solidaires à l’échelle européenne avec les pays touchés par les cataclysmes et les vagues migratoires. J’ai une pensée particulière pour la Turquie et ses habitants qui surmontent actuellement l’épreuve du tremblement de terre et des inondations.

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

Je me suis présentée dans cette circonscription à la suite de Milad Nathanaël Ezabadi qui s’était présenté en 2022 et qui est actuellement mon directeur de campagne et me soutient. Je pars donc avec l’étiquette « Les écologistes avec la majorité présidentielle » investie par le parti Egalité Europe Ecologie !. Nous avons beaucoup d’appuis qui vont du centre gauche à la droite dont une bonne part de la majorité présidentielle qui souhaitent un meilleur fonctionnement démocratique, plus de dialogue autour de la question des retraites en proposant de limiter la réforme à la possession de 43 annuités plutôt qu’une question d’âge.

 

Ma campagne est donc celle d’une personnalité de la majorité présidentielle plus souple et plus attachée à la recherche d’un consensus. Mon suppléant, Pierre Attaman, est une personnalité de la vie civile qui me soutient parce qu’il me connaît professionnellement depuis de nombreuses années. La plupart des personnes qui me suivent et me soutiennent ont été rencontrées au sein de mes réseaux associatifs, de ma vie professionnelle ou politique. La question de l’étiquette politique que j’ai pu porter (étant une marcheuse historique dans l’esprit 2017) est donc secondaire à leurs yeux. Ce qui compte étant bien des valeurs humaines et les engagements que j’ai pu porter au fil des années avec conviction et détermination.

 

De nombreuses personnes ont ainsi pris contact avec moi en découvrant ma candidature, heureux de pouvoir bénéficier d’une alternative.  Elles se sont naturellement proposées de la faire connaître ainsi que le projet que je défends auprès de nos compatriotes à mes côtés.

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?

La question de l’éducation serait ma plus grande priorité afin de la rendre véritablement accessible à tous les Français de l’étranger en m’attaquant, en premier lieu, à la question de son coût mais aussi de celle de sa continuation dans le supérieur. Ceci passe, notamment, par la création de davantage de coopérations entre les universités européennes, la création de e-campus, de cursus bilingue ou d’un parcours FLAM alternatif en l’absence de lycée français ou en fonction du choix des parents.

 

Je souhaite plus généralement aussi une revalorisation des métiers dits du care sous évalués en termes de rémunération (santé, éducation), préparer aussi la France au défi démographique de demain, en particulier, la question des personnes âgées et dépendantes qui sont parfois dans des situations compliquées à la fin de leur vie faute de moyens humains suffisants dans les établissements les accueillant ou d’aide à la personne à domicile.

 

Mon objectif serait d’accompagner les personnes tout au long de leur vie : de l’enfance, à l’âge adulte, prendre en compte la parentalité et aussi le très grand-âge. La vie humaine doit être au cœur de nos préoccupations, et notamment, le respect de sa dignité tout au long de son existence, la possibilité de mener une vie heureuse et paisible. Ainsi, je renforcerai la prise en charge des victimes de violences conjugales y compris à l’étranger.

 

Je serai une députée française avec une approche équilibrée de la circonscription afin que les expatriés de chacun des pays se sentent pris en charge. Je tâcherai de faire prendre conscience aux Français expatriés de la nécessité de se faire enregistrer au Consulat pour pouvoir pleinement bénéficier de l’aide qu’offre la France en cas de besoin à ses expatriés. Je pense aussi qu’il serait important de revoir le régime d’indemnisation des conseillers des Français de l’étranger qui ne leur permettent pas toujours actuellement de pouvoir aller à la rencontre des Français expatriés dans de bonnes conditions. Je travaillerai en lien avec eux ainsi qu’avec les différentes associations et structures accueillant les Français expatriés tout au long de mon mandat. Je ferai en sorte de régulièrement consulter les Français de la circonscription afin de pouvoir faire remonter à l’Assemblée nationale leurs problématiques spécifiques. La démocratie, en effet, ne se résume pas à un vote mais à un processus de dialogue tout au long du mandat. Dans les faits, je vous solliciterai régulièrement en tant qu’expatriés afin que vous me disiez ce dont vous avez besoin.

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